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Restitution de résidence de Cachou-Cachou

Cachou-Cachou, le groupe phare de l'Évasion !

Cachou-Cachou est un projet porté par l'Esat Evasion à Sélestat. Ce groupe composé d'artistes en situation de handicap développe depuis quelques années une pop épicée, pleine de sensibilité, avec la volonté de partager leur musique sur scène comme n’importe quel autre groupe. Leurs reprises et compositions pop-rock sont pleines d'énergie et leur bonne humeur est contagieuse !

Cachou-Cachou était en résidence du 27 au 30 janvier pour travailler leur prochain spectacle, en particulier la gestion du plateau et la mise en scène. Pour conclure ces 4 jours à Django, nous avons pu profiter d’une belle restitution dont voici un extrait.

 

Pour en savoir plus sur ces musiciens hors norme, cliquez ici !

Prokop de retour dans les maternelles !

Une semaine par trimestre, nous organisons une « tournée des récrés surprise » dans les écoles maternelles du quartier du Neuhof et des établissements dédiés au handicap. Le principe est simple, intervenir sur les temps de pause à l’école pour surprendre les enfants avec des impromptus artistiques.
La dernière tournée des récrés a eu lieu du 25 novembre au 3 décembre 2019 avec le musicien folk Prokop.

Tout au long du trimestre, Prokop retourne dans les écoles pour prolonger son échange avec les enfants. Accompagné de la musicienne Hélène (artiste intervenant tout au long de la saison dans les écoles dans le cadre de notre partenariat avec le Centre de Formation des Musiciens Intervenants), les deux artistes proposent un atelier qui mêle danse et musique.

Une semaine à l'Espace Django

On vous a déjà dit que l'Espace Django, c'est une salle de concerts mais pas que...!

Pour illustrer nos propos, on vous décrit la semaine qu'on vient de passer, qui selon nous, reflète bien l'ensemble du projet.

Pendant 4 jours, nous avons accueilli La Bergerie (l'un des groupes de notre pépinière musicale) en résidence pour qu'ils préparent le set qu'ils joueront au Grillen à Colmar le 31 janvier pour les Inouïs du Printemps de Bourges.
Lundi soir, l'heure était à la restitution et on a pu découvrir en avant-première ce que les bergers ont concocté. Des élèves de l'ERPD ont également pu voir ce quatuor de folie se préparer, et on peut vous dire qu'ils étaient chauds pour les pogos !

Cette semaine, on était aussi  dans le jury de sélection du FIMU à Belfort pour les « Musiques actuelles Pop, Rock et Chanson » aux côtés des festivals les Eurockéennes de Belfort, Les Estivales de Saône, le festival Génétiq et La Messe de Minuit, des salles de concert de La Rodia , La Poudrière, Le Moloco, La Vapeur, Echo system et du Café Charbon, des agences de production/ booking Cold Fame et Junior 360, du Crous Bourgogne Franche-Comté (Dijon), d'étudiants de l’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard), et de membres de l'équipe du FIMU.

Mercredi, nous avons participé au Forum des métiers à la fac de Strasbourg, manifestation organisée par et pour les étudiants de la filière musicologie et musiques actuelles.

Jeudi soir, rendez-vous à Nancy pour la finale du tremplin Nancy Jazz Up 2020 du Nancy Jazz Pulsations car nous faisons aussi partie du jury de sélection. Bravo à NCY Milky Band, lauréat de l'édition 2020.

Cette semaine, il y avait aussi Les Biennales Internationales du Spectacle, « le » rendez- vous des professionnels de la culture et du spectacle vivant, les 22 et 23 janvier à la Cité des Congrès de Nantes, on y était aussi !

Vendredi 24, Mohamed Lamouri et le groupe Mostla ont fait danser Django sur du raï sentimental underground et la douce voix de Noufissa Kabbou a envoûté le public. Une belle manière d'entamer cette nouvelle décennie.


Des concerts, des actions culturelles dans et hors les murs de l'Espace Django, des rencontres, de l'accompagnement,... et toujours : la musique. Voilà à quoi ressemble le quotidien de l'Espace Django ! 

Restitution de résidence de La Bergerie

La Bergerie, l'un des groupes que nous accompagnons à travers notre pépinière musicale, était en résidence à l'Espace Django du 17 au 20 janvier pour préparer le set qu'ils joueront pour les Inouïs du Printemps de Bourges le 31 janvier au Grillen à Colmar.

On vous laisse découvrir un extrait de leur restitution, à laquelle un groupe de l'ERPD a également pu participé.

 

Pour voir ce quatuor enflammé sur scène, ça se passe le 31 janvier au Grillen à Colmar, vous pouvez prendre vos places par ici.

Edito de Jacques Schweitzer, Principal du collège SOLIGNAC

Quand on a pour responsabilité de favoriser la formation des jeunes esprits, de prendre une part très importante à l'éducation des enfants, il faut savoir ce qui est essentiel. Apprendre à lire, écrire, compter bien sûr, dans ses différentes formes et toutes ses complexités, mais aussi apprendre à s'inscrire dans l'humanité et dans sa dimension universelle. Et pour cela il faut résoudre la double question, celle des racines et celle des perspectives.

Affirmer ses racines, en être conscient, les entretenir, connaître son terreau d'origine, sa langue, sa culture est d'une importance première. Je le mesure parfois au désœuvrement d'un enfant à qui on n'a pas raconté son histoire, ni celle de sa famille, ni celle de son peuple. Et parallèlement, sans que les deux dimensions ne soient concurrentes, il est important d'inscrire l'enfant dans sa culture d'adoption, qu'il puisse y trouver sa place sans nier ce qu'il est et y trouver ce qui va lui permettre de se construire.
C’est dans ce mouvement et les interactions entre la culture d’origine et la culture d’adoption que se développe l’intelligence humaine. Voilà pourquoi il est si important qu’une bonne éducation puisse s’appuyer sur une construction culturelle.

Lorsqu'Edgar Morin écrit « la culture c'est ce qui relie les savoirs et les féconde », il nous dit l'importance de ces interactions et le fait qu'elles portent en germe le développement et l'enrichissement des savoirs humains. Il n'est d'intelligence cloisonnée, fermée ou hermétique.

Il en va ainsi entre le collège et Django, dans ses fortes relations que nous avons su tisser afin de permettre aux élèves de SOLIGNAC certes, mais aussi à leurs parents et aux personnels de l'établissement de bénéficier de cette fenêtre ouverte sur les cultures. Je veux saluer l'effervescence optimiste, faite d'une belle énergie et d'un engagement déterminé à offrir à tous des opportunités et des découvertes.

Et puis je veux surtout souligner la qualité de l'équipe de Django, faite de personnalités riches et attachantes, avec lesquelles des relations amicales et de riches échanges permettent la construction de tant de projets communs.

Merci à vous, à toute cette équipe, pour votre écoute et votre attention, pour ce que vous nous offrez et ce que vous nous permettez de construire ensemble.

Jacques Schweitzer,
Principal du collège SOLIGNAC

Retour sur l'installation "Scintillements" avec des visites LSF

Du 12 au 15 décembre, l'installation « Scintillements » de l'artiste sonore Gaëtan Gromer (Compagnie 2.2) a fait trembler les murs de l'Espace Django. Dispositif immersif pensé spécialement pour l'Espace Django, cette création en écho à l'urgence climatique offrait aux visiteurs une promenade sonore et visuelle créée à partir d'enregistrements de glaciers dans les Alpes et d'icebergs à Jökulsarlon en Islande.

L'inclusion sociale sous toutes ses formes a toujours été l'un des enjeux majeurs du projet Django. Aussi, lors du vernissage de l'exposition, l'artiste a pu expliquer son œuvre à plusieurs personnes sourdes et malentendantes accompagnées par Stras Signes, grâce à la présence de Sacha, un interprète LSF à ses côtés. Une autre manière de ressentir et d'expérimenter cette pièce.

Dans cet esprit, nous sommes en train de nous équiper de trois vestes SubPac qui permettent au moyen de vibrations de ressentir pleinement la musique en salle, quel que soit le niveau de surdité du spectateur. Pour en savoir plus sur l'accessibilité à l'Espace Django, retrouvez notre article ici !

Gazette #3 - Décembre 19

2019, fin d'année en fanfare !

A l'approche des fêtes de Noël, les actions se multiplient sur le territoire, émanant des différentes forces vives du quartier. De son côté, Django investira une fois encore toutes sortes d'espaces partout au Neuhof.
On vous laisse découvrir tout cela avec le troisième numéro de notre gazette !

NOVEMBRE - SCHNACK VS CHEAP HOUSE + CONTREFAÇON - 14.11.19

Début de l’hiver, le givre cristallise doucement sur les fenêtres, l’odeur des épices titille nos sens engourdis par le froid et rien ne nous enchante plus que le craquement des flammes dans l’âtre et une tasse de thé brûlant. Douce atmosphère que nous retrouvons avec joie et nostalgie, la pensée du repas du réveillon, le bruit du papier cadeau qui se froisse… ET DU GROS BOOM BOOM DANS TES OREILLES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ah oui.

C’est le récap de Contrefaçon.

 

C’était donc ce jeudi 14 novembre.

On avait hésité à la faire, cette date techno. Pas nos publics habituels, pas nos horaires habituels, on sentait le four approcher comme une tarte flambée à l’heure de l’apéro... mais qu’à cela ne tienne. On a sauté tête la première et pieds joints (ouais, ça en fait de la gym) et nous voilà en ce beau jeudi frigorifique à ouvrir la porte à des flots de jeunes sauvages : mesh noir, chaînes de vélo en guise de ras-du-cou, bobs de toutes les couleurs comme une flopée de petits champignons fluorescents, baggys ou doc martens, c’était un festival de technogirls et de warehouseboiz.

Et au milieu de tout ça, un adorable petit couple de soixantenaires qui ne pouvaient être autre chose que les parents d’un des musiciens de Schnack ou de Cheap House.

... Quoi ? Contrefaçon ET Schnack ET Cheap House... ?! Mais … mais oui, mesdames et messieurs ! Nous n’avions pas un ni deux ni même trois mais bien QUATRE groupes sur scène ce soir-là ! Le quatrième groupe étant FellaXion, quatuor d’hommesfemmes poulpes en tricot et jupettes d’écolières. Et entre ce contenu d’aquarium marin marrant, deux groupes en « versus » multipliant donc leurs instruments par deux (+ une balle de foot pour zéro raison valable) sur scène, ET des DJ avec platines et écran géant en fond... autant vous dire que c’était tout autant le fouillis sur scène que dans le public.

Alors oui, reparlons-en, du public.

Non, parce qu'on pourrait croire que les habitudes varient énormément d'un concert de piano ou de jazz manouche à de la techno terter. Eh bien je vous rassure tout de suite, à part le gouffre de différence d'âge, on y retrouve les mêmes personnages. Le pilier de bar, la personne qui veut se la jouer grand prince.sse et régale toutes les consos à sa moitié, ceux qui ont rien compris au fonctionnement des jetons, l'affamé.e qui dévalise la réserve de snacks, et... Ceux d'un autre monde.

 

Comme ce jeune homme lambda qui nous a demandé, en toute innocence, si il pouvait avoir une bière sans Picon (ah le Picon... ça aussi ça fédère des générations) et notre bénévole bar, un peu moqueuse lui répond que :

« Bah c’est chaud tu vois, pour te servir ça, il faudrait que je filtre la bière plusieurs fois pour en retirer tout le Picon et tu vois bien c’est un peu compliqué quoi…

L’autre, tout déçu : -  Ah oui… Bah c’est pas grave, je vais prendre un Picon alors… »

Je vous rassure, il est reparti avec une blonde. Même pas filtrée.

Dieu merci, cette soirée ne se résumera pas à quelques litres de Picon et de… matières corporelles diverses. Ça a été un plaisir fou de retrouver le versus Schnack/CheapHouse né du dernier Pelpass Festival. Plaisir fou poursuivi par un show de Contrefaçon d’une efficacité millimétrée complètement malade (j’ai envie de le dire avec l’accent québécois, dis). Ils ont retourné la salle (et quelques pintes vu l’état du sol). Le niveau de kiffe était maximal. Un véritable sabbat du 22ème siècle.

 

Bon, je pourrai encore vous en dire bien plus sur cette soirée folle et sans précédent qu’a été ce jeudi 14 novembre mais j’ai bien envie de vous laisser sur votre faim pour vous punir de pas être venus, bande d’idiots. Alors voilà. Vous viendrez la prochaine fois. Bye, tous !

 

DES CHAPEAUX DANS LE VENT

Le trimestre dernier, nous avons accueilli à nouveau avec grand plaisir Les Chapeaux Noirs en résidence. Depuis la sortie en mars dernier de leur troisième album – ALMA, les 4 garçons font vibrer leur musique originale sur scène. Un répertoire varié, qui convoque des sonorités jazz couplées à l’énergie du rock et à la transe des musiques électroniques. De quoi ravir leur public, sans cesse ballotté d’une expérimentation à l’autre. Victor Gachet, batteur et leader du groupe, nous en dit un peu plus sur cette résidence et l’histoire qu’ils écrivent ensemble depuis près de dix ans.

Peux-tu nous parler de votre groupe ? Quand et comment s’est-il formé ?
A l’origine, nous animions des jam sessions dans Strasbourg, avec la volonté de développer un langage bop hérité des jazzmen des années 50 et 60. Très vite, nous avons commencé à composer ensemble et à arranger notre propre répertoire, donnant naturellement à notre musique un caractère très contemporain, notamment de par nos influences très diverses. Après deux albums et un EP, 2016 a été une année décisive pour nous : suite à la sortie de « Lost Opus », nous avons intégré la plateforme Artefact de la Laiterie en tant que résidents. J’ai alors un peu remodelé le line up du groupe, nous avons fait notre première tournée en Europe et surtout nous nous sommes professionnalisés cette année-là. Ça a donné un énorme nouvel élan au groupe puisque depuis lors, nous vivons de la musique et pouvons nous y adonner à 100% (voire plus).

Comment définirais-tu votre musique ? A-t-elle évolué au fil des années ?
C’est dur de définir une musique sans essayer de la faire rentrer dans des cases qui, par définition, en donnent une idée incomplète et parcellaire. Notre musique a effectivement beaucoup évolué depuis le début du projet, mais il reste une dimension qui fonde notre ADN : c’est l’improvisation. C’est certainement ce qui en fait du jazz. Par ailleurs, nous sommes très influencés par les musiques contemporaines comme le hip-hop et les musiques électroniques, ou par certaines musiques afro-caribéennes, ce qui se retrouve bien-sûr dans nos albums et nos lives. Aujourd’hui, l’électronique s’insère de plus en plus dans notre travail, tant par l’utilisation de samples, de pads et d’effets électroniques sur nos instruments acoustiques, que sur le travail d’une matière sonore échappant aux formes classiques du jazz. Et c’est justement cette liberté que permet le jazz...

Quel regard portes-tu sur le jazz, ses artistes, ses réseaux, son empreinte sur l’époque actuelle ?
On vit une époque passionnante dans laquelle foisonnent un nombre incroyable de musiciens excellents, il y a une proposition toujours grandissante de musiques variées et de très grande qualité au sein de la grande famille du jazz. Cette musique a des racines très fortes, ancrées dans la culture afro-américaine de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, mais aussi une actualité extrêmement riche et un avenir que je trouve très excitant. C’est justement cette liberté que j’évoquais avant, qui a permis au jazz d’influencer à peu près tous les courants de musiques occidentales, africaines, caribéennes, latines (...) depuis le XXe siècle, et en retour de s’influencer de toutes les formes de musique pour s’en nourrir et s’en inspirer. Il n’est plus rare aujourd’hui de voir des featuring entre des rappeurs, des producteurs de hip-hop ou de musique électronique, et des jazzmen. Dans la musique électronique, le hip-hop ou la salsa, il est très courant d’entendre des samples voire carrément des thèmes de jazz. Cette inter-connectivité et ce métissage sont richissimes. Cependant, malgré cette empreinte forte sur notre époque, il est parfois difficile d’amener de nouveaux publics à écouter du jazz. J’entends encore trop souvent « oh moi le jazz je n’y comprends rien », comme s’il s’agissait d’une musique intellectuelle, élitiste et rébarbative, alors que c’est à l’opposé-même de ce qui fait que le jazz est le jazz : une musique, quoique savante, populaire par excellence. Mais il y a plusieurs acteurs, en France et ailleurs, qui s’attachent à faire découvrir de nouvelles choses. Je constate cependant que les réseaux jazz et les réseaux de musiques dite « actuelles » (comme si le jazz n’en était pas une) sont encore assez clivés. Il y a là l’un des paris des Chapeaux Noirs : amener du jazz dans des lieux où il y en a peu, toucher un public néophyte comme confirmé, être dans la lignée de ces grands musiciens qui ont su construire des ponts entre les styles, sans jamais sacrifier l’exigence de notre travail.

La résidence s’est déroulée sur plusieurs jours. Qu’avez-vous travaillé en particulier ?
Nous avons commencé à travailler sur les nouvelles compos du prochain album, qu’on intègre petit à petit à notre live. ALMA est sorti en mars 2019 et c’est ce show qui tourne pour la saison en cours, avant de retourner en studio fin 2020 pour enregistrer le prochain album. Mais ne sachant pas tenir en place plus de quelques mois, nous avons besoin de nous renouveler et d’évoluer sans cesse. Nous avons donc deux nouvelles créations en cours, dont certains nouveaux morceaux sont joués sur scène.

Ces moments de création, d’introspection sur scène, qui précèdent souvent la rencontre avec le public, sont-ils importants pour vous ? Plus importants que le live ?
Ils sont capitaux ! Enormément de choses se jouent dans ces moments, en particulier la dimension imaginaire, parfois cinématographique que nous donnons à nos morceaux. En plus du temps passé à composer, arranger et travailler notre répertoire, il y a un temps spécifique à la résidence pendant lequel nous élaborons à partir de nos sensations, nos rêves, nos envies (...) une trame imaginaire qui sous-tend l’ambiance de chaque morceau. Ce travail nous permet de donner une dimension plus profonde à notre musique, plus habitée, et en même temps une grande liberté d’interprétation d’un concert à l’autre. Et pour ça, le confort et la générosité avec lesquels nous accueille l’Espace Django sont très importants pour nous et nous donnent un cadre de travail optimal.
Mais on ne peut pas dire qu’ils soient plus importants que la scène. Tout ce travail a pour but le live ! La scène a un caractère orgasmique, jouissif qui ne se retrouve nulle part ailleurs. Ce qui est magique, c’est quand le public ressent ce plaisir que tu prends à jouer, ça lui permet de percevoir justement la dimension imaginaire de la musique, mais en plus il se passe parfois une symbiose entre le public et les musiciens sur scène qui est inexplicable... C’est toute la finalité de ce travail en amont !

Que de chemin parcouru en dix ans... De quoi es-tu le plus fier aujourd’hui ?
Mmm question difficile... Mais je dirais sans hésiter être fier aujourd’hui de constater que nous sommes au début de l’histoire que nous avons commencé à écrire : plus nous avançons, plus nous avons envie de continuer, et chaque porte ouverte en ouvre de nouvelles. Les perspectives d’avenir pour ce projet sont très excitantes et je suis heureux de voir qu’aujourd’hui, après bientôt dix ans de travail, nous sommes bien loin d’être blasés. Au contraire, nous nous émerveillons de plus en plus de la richesse de ce qui nous reste encore à parcourir.

COOPERER, SOUTENIR, FABRIQUER

Depuis plusieurs saisons, nous travaillons de façon très étroite avec Le Noumatrouff, cette Scène de Musiques Actuelles (SMAC) emblématique de la région, située à Mulhouse, qui œuvre depuis plus de 25 ans aux côtés des artistes et des professionnels du secteur. Partageant la même envie de croiser nos regards, nos pratiques et nos réseaux pour renforcer nos actions au service des artistes et de leur développement, nous avons mis en place ensemble un cadre d’échanges innovant. Olivier Dierterlen, directeur du Noumatrouff, revient avec nous sur cette initiative.

Tout est parti d’un constat simple : nous sommes engagés au même endroit, le soutien à l’émergence et à la diversité musicale, des enjeux que nous traversons le plus souvent de façon complémentaire, de façon isolée aussi alors qu’en collaborant, il devient possible d’expérimenter, de consolider, de mutualiser. C’est bien ainsi que tout a démarré ?
Les musiques amplifiées sont source d’une grande vitalité et cela, nous le constatons au quotidien au vu des nombreuses sollicitations. Ainsi, accompagner les artistes fait partie de l’ADN du Noumatrouff depuis sa création et les équipes qui se sont succédées ont toujours tenté d’y répondre au mieux, que ce soit pour des conseils administratifs, de la répétition, du travail sur scène, de la recherche de concerts... Au fil du temps, les actions se sont structurées et aujourd’hui, il existe de nouveaux métiers comme régisseur de répétition ou encore chargé d’accompagnement afin de proposer les réponses les plus adaptées. La notion d’accompagnement est intéressante dans le sens où l’on ne considère pas qu’il y a une logique verticale avec d’un côté quelqu’un qui détiendrait la vérité ou le savoir, et en face une personne sans expérience ni connaissance. Au contraire, il s’agit d’être à côté et à l’écoute afin de favoriser les échanges parce qu’il y a toujours beaucoup d’expériences, de savoir-faire à partager, et c’est là que celui qui accompagne doit pouvoir faire des propositions pour lever des doutes ou des blocages. Il agit comme un catalyseur. Ce n’est pas pour autant qu’il existe de solutions miracles et c’est pourquoi je dis souvent aux musiciens de ne jamais arrêter de jouer et d’entretenir ou de chercher sa singularité, c’est me semble-t-il l’une des clés de la réussite d’un projet. Mais pour répondre plus directement à ta question, c’est vrai que nous avons cheminé et expérimenté chacun de notre côté, avec nos singularités de territoire, de public, de questionnement, et aujourd’hui nous collaborons plus étroitement et cela ne peut être que bénéfique pour les artistes. En effet, en développant cette coopération, nous avons obtenu des financements spécifiques de l’Etat et de la Région et cela nous a permis de renforcer des actions vers la professionnalisation des artistes de la région, en proposant des résidences de création dans des conditions professionnelles, avec une rémunération de l’ensemble des équipes techniques et artistiques. Je le souligne car cela est assez rare dans notre secteur alors que pour d’autres pratiques artistiques, il est assez courant que les gens soient payés pour fabriquer un spectacle. Mais au-delà de l’aspect financier, nous avons également collaboré avec le studio de la Ferme de Rodolphe Burger et la Fédération Hiéro Colmar. C’est là que l’action prend tout son sens et met en lumière les logiques de coopération, de mutualisation, d’économie d’échelle, qui sont des mots que nous entendons régulièrement de la part des collectivités et de l’Etat. Au final, depuis 2017 nous avons pu organiser 34 jours de résidence pour 6 groupes entre le Noumatrouff, le studio de la Ferme et l’Espace Django, mais également financer des formations et quelques concerts stratégiques notamment à Bourges.

Depuis cette intention de départ, beaucoup a été fait, directement auprès des artistes accompagnés mais aussi de leurs «développeurs » et plus largement de la filière au niveau local. Y a-t-il des initiatives en particulier qui t’ont marqué ?
A l’heure où nous construisons un réseau d’acteurs du Grand Est, il nous semblait important de renforcer des liens au niveau local par des actions concrètes, sachant que jusqu’à présent nous n’avions pas de structure régionale entre le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Je précise tout de même que cela ne nous a pas empêché de travailler en réseau, notamment via les Centres de Ressources issus d’une politique départementale. Aujourd’hui, il faudra bien faire une évaluation de cette action au regard des interactions futures entre les acteurs du Grand Est mais ce que je retiens, ce sont les échanges et les rencontres que nous avons pu provoquer entre des artistes et le milieu professionnel. Je pense par exemple à la résidence de Siboy qui a abouti à la signature auprès d’un tourneur reconnu ou encore le concert des Knuckle Head à Bourges qui a provoqué la rencontre avec une manageuse pour ensuite une signature avec un gros tourneur.

D’autres sont-elles encore à inventer d’après toi ?
Nous sommes dans une logique d’expérimentation permanente et même si aujourd’hui il y a un meilleur savoir-faire et quelques techniques plus objectives, il faut continuer à chercher et à se remettre en question. La réussite d’un projet artistique ne se décrète pas, c’est le fruit d’un travail au long court même s’il y a quelques exceptions de fulgurance. Je crois qu’il faut continuer à provoquer les rencontres, à montrer la richesse de toute cette création, lors des festivals, des salons, des rencontres pros en France et dans le reste du monde... Et, de temps en temps, il se produit non pas un miracle mais l’aboutissement d’une stratégie qui va favoriser la sortie d’un album, permettre une signature dans un label ou encore une première partie au stade de France !

Dans le même mouvement, Django a rejoint à vos côtés l’opération Iceberg, renforçant la part des alsaciens dans ce dispositif, mais aussi le SMA (Syndicat des Musiques Actuelles) et la Fédélima (Fédération des Lieux de Musiques Actuelles). Content d’être enfin secondé par un « petit frère » à proximité ?
Je trouve qu’il est important de regarder ailleurs pour voir comment font d’autres gens qui sont animés par la même passion, et j’ai toujours eu cette envie et cette curiosité. Cela m’a conduit à participer à la création de la Fédurock en 1994 et de suivre ses travaux pour aboutir à la Fédélima et au SMA, pour lequel j’ai siégé au bureau pendant 3 ans et 6 ans au Conseil National. C’est vrai que pendant de longues années, je me suis senti un peu seul en étant quasiment l’unique alsacien de l’assemblée. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas, et je m’en réjouis. Il y a également le réseau Rhin-Rhône, constitué des acteurs de Bourgogne-Franche- Comté avec lesquelles nous co-organisons le festival GénériQ, et l’opération Iceberg, pilotée par les Eurockéennes et la FCMA pour le versant suisse, que vous avez rejoint l’année dernière. Tu parles de « seconder » mais ce n’est pas le bon terme, je dirais que nous sommes ensemble pour continuer à inventer de nouveaux modes de co-construction.

Le Nouma a fêté il y a peu ses 25 ans. Une belle saison anniversaire, pour cette salle historique en France, qui fait partie des bâtisseurs dans notre secteur. Que peut-on vous souhaiter pour les 25 années à venir ?
Oui mais les 25 ans c’était hier, et aujourd’hui nous sommes plus proches des 30 ans de la salle qui arriveront en 2022...
Il est vrai que pendant longtemps, nous étions en avance mais aujourd’hui nous sommes à une étape importante, celle d’engager une réhabilitation importante voire une nouvelle construction. En effet, les équipements d’aujourd’hui se sont spécialisés pour faire face aux évolutions techniques, économiques, artistiques et même si le Noumatrouff reste toujours une étape importante dans les tournées de groupes, pour le plus grand bonheur des publics, il est plus que nécessaire d’imaginer un nouveau Noumatrouff pour les prochaines 25 années et les nouvelles générations. Une étude vient de démarrer avec les services de la ville.

L’Espace Django est plus jeune... Avec une autre histoire, d’autres parcours, d’autres défis aussi. Quel regard portes-tu sur notre projet ?
La culture m’a toujours semblé être une bonne entrée pour favoriser le mieux vivre ensemble, que ce soit par la diffusion mais également et surtout par le travail de médiation. Et là, je dois dire que vous avez une belle approche à Django, que vous être très volontaires et inventifs dans votre rapport au quartier qui vous entoure. En effet, entre les concerts cachés, les concerts aux fenêtres, les récréations artistiques entres autres, vous offrez avec générosité aux habitants une ouverture à l’art et à tout ce qui nous questionne et nous interpelle.

UN CERTAIN REGARD

Alors que s’achève en douceur la 4e édition de l’opération Iceberg, nous vous proposons d’entendre un autre point de vue, non pas celui des salles, non pas celui des artistes accompagnés mais le regard d’une personne qui occupe une place à part dans ce dispositif, celui de Côme Aguiar. Côme est un musicien d’expérience et de talent, qui collabore depuis plusieurs années avec de nombreux artistes (Oxmo Puccino, Aaron, Alain Chamfort, Silmarils ou encore Faraj Suleiman, à retrouver en concert à Django le 05/02, page 10 de la Prog). Au sein d’Iceberg, il est à la fois coordinateur artistique pour la partie suisse de l’opération et conseiller/intervenant auprès de certains groupes retenus. Nous l’avons ainsi accueilli à Django avec le groupe suisse Chien Bleu, et il est parti à la Case à Chocs de Neuchâtel avec l’artiste strasbourgeois que nous parrainons, T/O. Retour avec lui sur cette aventure tout sauf givrée...

Alors cette 4e édition Côme, une vraie réussite ? Le talent est-il toujours au rendez-vous ?
Oui, définitivement ! Je suis très impressionné par la grande qualité des projets proposés d’année en année. Chien Bleu et T/O en sont de véritables exemples.

Tu tiens plusieurs rôles au sein d’Iceberg. Peux-tu nous les décrire ?
J’ai commencé (dès le début) de l’opération comme intervenant, en accompagnant les artistes sélectionnés pendant leur résidence. Puis, après avoir officié ainsi à plusieurs reprises, parce que cela se passait extrêmement bien, les Eurocks et la FCMA m’ont proposé de devenir coordinateur artistique.
Il s’agit d’intervenir sur le choix des artistes, de me mettre en relation avec eux afin de déterminer leurs besoins et de choisir au mieux les intervenants pour les résidences et les formations au sein d’Iceberg. Cette évolution faisait aussi suite à la disparition de feu notre ami Eric Bichon qui avait ce rôle dans l’opération.

Toi qui côtoies de près les pratiques suisses et françaises en matière d’accompagnement, quelles sont les différences ? Ont-elles une influence sur le développement des groupes ?
La vraie différence ? Il n’y a pas d’accompagnement dans les salles en Suisse ! En tout cas, pas comme cela est pratiqué en France. Les salles suisses commencent à prendre exemple, à développer ce type de pratiques, je pense aux Docks à Lausanne.
Et puis, il y a chez eux la FCMA, qui a un rôle très important dans la structuration et l’export des groupes en Suisse.
Les artistes peuvent enregistrer, faire des résidences, des concerts... Ce qui leur est très utile.

Comment te positionnes-tu par rapport aux groupes lorsque tu travailles à leurs côtés ? Comme un artiste, comme un coach, comme un grand frère ?
Comme un artiste, d’une part parce que c’est vrai et d’autre part parce que je suis (ou j’ai été, vu mon grand âge !) au même niveau qu’eux. Avec les mêmes interrogations sur le plan musical, de l’intention, de la performance live, voire sur le plan organisationnel...

Les groupes et toi, vous en sortez tous grandis ?
Oui, un GRAND OUI ! Tout le temps, quel que soit le style, l’âge, l’histoire du projet... Chaque groupe a son identité et les psychologies sont différentes d’une formation à l’autre. Il y a évidemment des troncs communs, mais ce que tu appliques pour l’un ne va pas forcément marcher pour l’autre. Donc, moi aussi j’apprends, à chaque fois.

Au final, c’est quoi pour toi Iceberg ? Un terrain d’expérimentation, un partage d’expériences, un accélérateur de développement ?
Les trois !!

Tu aurais aimé pouvoir en bénéficier plus jeune ?
C’est difficile à dire. Avec mon groupe (Silmarils), nous étions avec les bonnes personnes au bon moment, avec le talent et l’implication qu’il fallait. Je ne sais pas si une opération comme Iceberg aurait changé la donne. En revanche, je sais qu’à l’heure actuelle, c’est un dispositif important et ultra bénéfique pour celles et ceux qui en bénéficient.
Il y a un avant et un après Iceberg, je pense que la plupart des artistes le confirmeront.

VOUS AVEZ DIT DEVELOPPEMENT ?

Que seraient les artistes sans leurs « développeurs » ? Ces structures de production aux formes et aux métiers multiples (management, tour, disque, édition, promotion, administration...), qui travaillent souvent dans l’ombre à la structuration des projets qu’ils accompagnent.
La ville de Strasbourg en est dotée d’un bon petit nombre, tous plus dynamiques les uns que les autres. A Django, depuis plusieurs saisons, nous collaborons régulièrement avec Tipping Point, qui s’occupe entre autres de FreeZ, Difracto et depuis peu de La Bergerie, tous 3 pépiniéristes. Rencontre avec Charlotte qui nous parle de son activité, de son quotidien aux côtés des groupes.

Comment est né Tipping Point ? Pourquoi ce nom d’ailleurs ?
La genèse de Tipping Point nous ramène dix ans en arrière, période à laquelle j’ai commencé à collaborer avec Eli Finberg autour d’Art District, Caterva...
A ce moment-là, je ne voyais pas comment faire de l’accompagnement mon activité principale. Du coup j’ai travaillé dans des institutions (Musica, Pôle Sud, les Percussions de Strasbourg), ce qui m’a permis d’apprendre pas mal de choses que je peux transposer aujourd’hui. Puis en 2016, Eli me parle de FreeZ. Là, j’ai eu envie d’accompagner le groupe et d’aller plus loin. Mais bon, jusqu’en 2019, tout ça ne s’appelait pas Tipping Point. Tipping Point est officiellement né en 2019, ça signifie « Point de bascule ». C’est un nom qui fait écho à la motivation de la structure : amener des artistes, un projet à franchir une étape, basculer dans la professionnalisation, le développement de carrière (et c’est aussi le titre d’un album de The Roots, un jeune groupe de hip-hop provenant de Philadelphie).

Quelles sont tes principales missions ? Evoluent-elles en fonction des besoins des groupes ?
Je m’occupe de la partie administrative, de la coordination du projet et de son suivi, ainsi que de la recherche de partenaires et de financements. On prend aussi le rôle de manager dans certains cas. Oui, les missions évoluent en fonction des besoins des groupes, de leur niveau de développement et des opportunités qui se présentent.

Comment choisissez-vous les artistes avec lesquels vous décidez de faire un bout de chemin ?
C’est plutôt Eli qui repère les nouveaux talents !
Et ensuite, on en parle entre nous. On rencontre les groupes, les artistes pour faire un point et poser les conditions d’une collaboration. On essaye aussi d’avoir des projets qui n’ont pas tous le même niveau de développement. Nous ne nous posons pas de contrainte esthétique dans la ligne artistique, même si les projets actuels ont une orientation plutôt hip-hop et musique électronique.

C’est facile de parler la même langue, toi d’un côté, les musiciens de l’autre ? Vous arrivez toujours à vous comprendre et à définir un horizon commun ?
Avec un peu d’expérience maintenant, c’est la première chose à mettre en place : trouver le terrain d’entente. Mon travail n’existe pas sans les artistes et les artistes ont besoin d’un entourage pour valoriser leur création, leurs montrer les possibilités d’évolution qui existent. Pour que ça fonctionne, artistes et développeur/ administrateur doivent bosser en binôme, c’est la seule formule qui donne des résultats. Un développeur n’est pas un magicien. Un artiste accompagné ne se développe que s’il reste investi dans son projet.
Par contre, on se charge de créer les conditions pour qu’ils puissent se concentrer sur l’artistique.

La fonction de « développeur » est souvent méconnue du grand public et pas toujours soutenue pas les pouvoirs publics. Ce n’est pas trop ingrat ? N’est-il pas temps de vous reconnaître comme il se doit ?
Difficile de dire que ça n’est pas ingrat. Par contre, je ne ressens pas du tout le besoin de quitter l’ombre dans laquelle j’officie. Ce qui manque à cette fonction, c’est une reconnaissance, des aides financières pour permettre aux développeurs d’avoir le temps de se structurer. Lorsqu’on décide d’accompagner un artiste, c’est un pari qui dans un premier temps ne peut être remporté que si les pouvoirs publics nous soutiennent. J’ai l’impression que le métier de développeur commence à rentrer dans le vocabulaire des pouvoirs publics, notamment parce que la défiance qui existait auparavant vis-à-vis de ce qu’on appelle l’industrie musicale se tarit, et tout simplement parce qu’une nouvelle sorte d’artistes émerge et qu’ils sont plus entrepreneurs. Cette position les amène à se construire eux et leur carrière différemment. De mon point de vue, c’est là qu’un développeur d’artiste est un véritable allié.

C’est quoi la suite pour Tipping Point ? Que peut- on vous souhaitez ?
Depuis peu, il y a quatre groupes chez Tipping Point : FreeZ, Difracto, Mojo Sapiens et La Bergerie (à retrouver sur tippingpointproduction. com). Il est possible qu’on en accueille d’autres prochainement mais on n’a pas vocation à devenir une usine à groupes. On préfère la qualité à la quantité, accompagner le plus loin possible. On ne peut donc nous souhaiter que le meilleur, que les groupes se développent, se sentent bien chez nous et que ça dure !

DE LA CURIOSITÉ À TOUS LES ÉTAGES

L’idée du rebond nous est chère. Entre nos différents formats de programmation, au sein de nos actions culturelles, d’un espace à l’autre, d’un public à l’autre... Comme un cheminement continu. L’EHPAD Laury Munch et sa superbe équipe d’animation a toujours su saisir ces balles au bond. Qu’il s’agisse de leur venue à nos concerts « à la bonne heure », de nos échanges avec les personnes âgées sur nos métiers, de nos impromptus artistiques mensuels dans le hall d’accueil. Qu’il s’agisse aussi de notre participation à leurs temps forts, de nos ateliers sur temps long autour des chansons d’amour au dernier trimestre. Il en est toujours resté de beaux instants de magie. Et tant de rencontres poussant chacun au pas de côté et à la compréhension mutuelle. La curiosité n’a définitivement pas d’âge. Hayette Blanc et Stacy Werny nous racontent ce bout de chemin en commun.

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est exactement l’EHPAD Laury Munch, qui a la particularité d’être mixé avec un FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé) ?
La résidence a été baptisée Laury Munch en mémoire de Laure Munch, surnommée Tante Laury, qui a œuvré en faveur des plus démunis dans la localité de Strasbourg au côté de l’Armée duSalut. La structure a pour vocation d’accueillir des parents âgés dépendants et leur(s) enfant(s) handicapés vieillissants vivant ensemble au domicile parental, et ainsi de préserver le lien familial. Pour chacun, vivre à Laury Munch est synonyme d’un nouveau départ. L’enjeu est d’apprendre à vivre autrement, à vivre ensemble.

Quelle est la place de l’Espace Django dans la vie de l’EHPAD ?
L’Espace Django est considéré comme un partenaire de proximité. Il se distingue par une volonté de créer du lien avec les acteurs du quartier et de s’investir dans la vie des établissements tels que le nôtre. Il a ainsi impulsé une dynamique positive au sein de notre structure autour d’activités culturelles, ce qui est très apprécié par les résidents et les salariés.

Cette collaboration vous-a-t-elle tout de suite paru évidente ?
Oui ! Dès le départ, nous avons eu un très bon feeling avec l’équipe de Django. La collaboration a été simple et naturelle. L’Espace Django nous soumet des projets innovants, fédérateurs qui sont reçus comme une opportunité de nous ouvrir sur l’extérieur et de vivre de nouvelles expériences.

Quel est, à titre personnel, votre format favori ?
A l’unanimité les concerts et spectacles « à la bonne heure », dont les horaires s’accordent bien avec le rythme de vie des résidents. Le coût faible (voire la gratuité) et la proximité géographique rendent ce format encore plus attractif. Ces temps sont très attendus par les résidents, ils sont l’occasion pour eux de sortir en profitant de représentations de qualité.

Un souvenir en particulier ?
Deux souvenirs nous viennent à l’esprit, dont le dénominateur commun est l’émotion. Dans le cadre des impromptus artistiques, une violoniste a joué au cœur du lieu de vie des résidents, ce qui en soi était exceptionnel et inattendu pour eux. Sa prestation et la générosité qui en émanait les a profondément émus, ainsi que les salariés. Nous avons également passé un très beau moment en compagnie de Paul d’Amour, pour un concert qui a clôturé l’une de nos journées festives. A cet instant, l’émotion était palpable. Cet artiste a su créer un temps suspendu où le sentiment du vivre ensemble était perceptible.

Vous avez déjà un riche programme d’activités, notamment avec des semaines à thème. Comment capitalisez-vous sur ces interventions artistiques supplémentaires auprès des résidents ?
Ces interventions artistiques enrichissent parfaitement notre programme d’activités par leur diversité et leur qualité. L’Espace Django est à l’écoute de nos besoins et se mobilise pour une mise en lien avec d’autres acteurs du quartier ou des artistes. Il est un partenaire incontournable et précieux.

TOUS ENSEMBLE DEHORS

Au printemps 2018 est né au Neuhof un nouveau collectif baptisé « Espaces Tiers ». Il réunit quelques partenaires du quartier, qui partagent tous une même volonté : occuper et faire vivre un grand nombre d’espaces extérieurs, peu animés jusque-là malgré les nombreux programmes de rénovation urbaine. Il est question de favoriser l’échange, la rencontre entre voisins et associations, au travers d’actions répétées tout au long de l’année. Certaines d’entre elles ont déjà démarré, d’autres sont à venir. Catherine Carteni, responsable de la JEEP Neuhof, nous explique les origines de cette démarche collective et les perspectives qui se dessinent.

Comment est née cette envie commune ? Quel a été le constat de départ ?
Cette envie commune de mener des actions dans différents lieux extérieurs du quartier (places, squares, espaces verts, pieds d’immeubles...) est née d’une volonté de nombreux partenaires de proposer et/ou d’associer les habitants à des temps festifs qui se font rares et qui sortent de l’ordinaire, pour pouvoir vivre d’autres moments privilégiés entre habitants et entre habitants et partenaires à différents moments de l’année (les 4 saisons). Le projet s’inscrit dans une lutte contre l’exclusion, la précarité et l‘isolement. Cette orientation du projet a permis d’établir que les actions à mener devaient s’effectuer « hors les murs ». C’est aux professionnels « d’aller vers » les espaces retenus pour conduire des actions communes.

Différents acteurs du quartier font partie de l’aventure. Comment s’organise le travail à plusieurs ?
Le collectif « Espaces Tiers » se rencontre mensuellement pour mener une réflexion quant à la pertinence de ce projet. Il réalise des bilans d’actions et envisage d’autres initiatives à court, moyen et long termes. Il a été question dans un premier temps de constituer une liste d’actions et de démarches déjà établies par les différents partenaires au niveau de l’ensemble du territoire du Neuhof. Nous avons également réalisé une cartographie qui a pu mettre en exergue les nombreux lieux où peu d’actions étaient développées. Toute cette phase de diagnostic nous a conforté dans l’envie de tenter de favoriser la rencontre entre les différentes tranches d’âge de la population et les partenaires sur les espaces qui ont été identifiés.

La dynamique partenariale est forte au Neuhof. Il y a les P’tits Dej’ des partenaires, il y a de nombreuses coopérations. Quelle est la particularité de cette opération « Espaces Tiers » ?
C’est un projet qui permet de fédérer différents acteurs de la vie associative et sociale autour d’une action conjointement menée. Son objectif principal est d’investir plusieurs lieux publics du Neuhof quelque peu délaissés, même s’ils sont chargés de mémoire et qu’il s’y passe d’autres moments forts. L’enjeu est de répondre de manière coopérative aux besoins identifiés. Plus forts, à plusieurs, pour aller plus loin dans la dynamique créée par les différents acteurs du terrain ! Il est aussi important d’insister sur le fait que les actions du projet « Espaces Tiers » sont des actions à part, qui ne relèvent pas du quotidien de chaque structure.

Sur cette base a eu lieu récemment le 1er Forum des partenaires du Neuhof, ainsi que le 1er Tournoi de foot en musique au square Nontron. Quel bilan en avez-vous tiré ?
L’organisation et la mise en œuvre du 1er Forum des partenaires ont pu démontrer l’engagement des nombreuses structures à s’inscrire dans une démarche collective pour sortir de leurs « sentiers battus » et continuer à aller à la rencontre des habitants. Ce Forum a également permis de mieux identifier les missions de chacun. Le 1er Tournoi de foot musical au square Nontron a été aussi une vraie réussite parce qu’il a permis à ce lieu de vivre un temps festif et chaleureux dans une ambiance détendue. Nous avons pu constater que les habitants présents étaient heureux d’accueillir cet évènement et nous ont facilité l’organisation du tournoi. D’ailleurs, les jeunes participants souhaitent vivement que d’autres tournois puissent se dérouler sur cet espace.

Peux-tu nous présenter les initiatives à venir. Quelles seront les activités mises à l’honneur ? Où et quand auront-elles lieu ?
La Zumba et le Street Workout viennent de démarrer et se poursuivront jusqu’à la fin du mois de juin 2020. Il est prévu que ces 2 activités se déroulent dans différents lieux du quartier, un lieu par trimestre. Pour le Street Workout, nous allons investir le square Clairvivre/ St-Christophe le samedi après-midi, 2 fois par mois, en direction d’un public jeune. La Zumba a lieu pour sa part au square Nontron, d’octobre à décembre 2019, le 1er et le dernier mercredi du mois en soirée, à l’attention d’un public familial. En 2020, plusieurs actions sont envisagées et vont être définies par le collectif « Espaces Tiers » très prochainement.

Quelle est la place des habitants à ce stade ? Est-elle amenée à évoluer ?
Les habitants ne sont pour l’instant pas intégrés à l’organisation des actions. Même si le Tournoi de foot, la Zumba et le Street Workout permettent qu’ils soient à la fois « acteurs » et « spectateurs », nous nous devons de mettre en place les moyens de les associer de façon plus importante, voire même de les soutenir dans leurs initiatives.

Un dernier mot pour conclure ?
Le collectif « Espaces Tiers » n’a pas pour objectif d’occuper les espaces extérieurs comme s’il s’agissait de « meubler » ces espaces. Il est bien question d’y développer des actions collectives festives, éphémères mais récurrentes, dans différents lieux « habités » pour favoriser d’autres formes de rencontres. Tout l’enjeu est là : que les habitants se réjouissent d’être à la fois acteurs et spectateurs des évènements se déroulant dans leur quartier.

UNE PLACE POUR TOUS

L’inclusion sociale, sous toutes ses formes, a toujours été l’un des enjeux majeurs défendus par l’Espace Django. Faire se rencontrer tout type d’esthétique musicale, dépasser les frontières théoriques entre générations, mêler pratique et écoute... La liste n’a pas plus de fin que la tâche en elle-même. Nous le réalisons chaque jour, au contact de publics toujours plus différents. De nouvelles problématiques et de nouvelles remises en question. Et des réponses qu’il nous faut adapter, afin de compléter notre offre de programmation et la rendre accessible au plus grand nombre.

Il y a peu, nous avons obtenu une aide de l’Etat portant sur « l’accessibilité des œuvres du spectacle vivant ». L’occasion pour nous de repenser nos pratiques et de reprendre certains de nos formats, en veillant à s’adresser directement au public malentendant et malvoyant. De plusieurs façons. Etendre le chant-signe à nos concerts jeune public, à nos Face A Face B et à nos expositions pour le public malentendant. Programmer une séance de CinéDjango en audiodescription et des visites « sensorielles » de ces mêmes formats pour le public malvoyant. Aller plus loin, également, en faisant l’acquisition de 3 vestes SubPac, qui permettent au moyen de vibrations de ressentir pleinement la musique en salle, quel que soit le niveau de surdité du spectateur.

Enfin, s’il est important d’améliorer l’expérience vécue au sein de la salle, il nous faut également adapter notre communication : ainsi, notre site internet sera désormais enrichi de pastilles vidéo en LSF, afin de rendre plus accessible et inclusive la lecture de notre programme. Nous envisageons par ailleurs de faire appel à un.e interprète LSF lors de nos présentations de saisons – dans l’idée, toujours, d’accueillir dans les meilleures conditions l’ensemble de nos spectateurs.

À LA CHASSE AUX (3) TRESORS

Compagnons de route de la presque première heure, auprès des plus jeunes notamment, Gyraf puis Mimouch sont devenus des incontournables parmi les artistes intervenant régulièrement à nos côtés au Neuhof. Nous nous faisons d’ailleurs souvent interpeller – « à quand la prochaine fois ? », « où sont-ils ? ». Inauguration de nos premières récréations artistiques, ateliers sur temps long, sur temps court, on ne compte plus les projets artistiques et culturels (PACTe) menés sur le territoire auprès des habitants et des partenaires. Chanson, cirque, art de la rue au sens large, salles d’attente, déambulations, spectacle en salle et même un CD Live à Django venu ponctuer le tout pour Gyraf en 2017 : leurs talents sont variés et s’expriment partout ! Cette année, il nous est donc paru naturel de leur proposer de devenir nos artistes associés. Comme une suite logique au travail entamé depuis trois ans avec leur compagnie Les 3 Trésors. Les deux artistes multi-facettes illustrent à merveille notre volonté d’agir dans les interstices, dans, hors et entre les murs. Tout un programme qu’ils évoquent ici avec nous.

Si vous deviez vous présenter en trois mots, ce serait ?
Gyraf : « Un artiste entre Ciel et Terre », qui cherche à donner du sens à son art et à trouver sa juste place dans le monde. Ma femme m’appelle « Le chevalier de la joie »... J’ai une foi infinie en l’humain, en la musique et en la capacité de chacun à faire des ponts grâce à la musique et l’art vivant en général.
Mimouch : Poésie, humour et bienveillance.

Comment êtes-vous entrés en relation avec l’Espace Django ?
Gyraf : Je suis venu lors d’une scène ouverte organisée par Django et
ce fut le coup de foudre avec l’équipe, en particulier Mourad, le responsable de l’action culturelle. On avait une vision et des envies communes. On voulait aller à la rencontre des gens, proposer des formes inédites. Amener des propositions artistiques partout, surtout là où il n’y en a pas.
Mimouch : Ma première à Django, ce fut à l’occasion d’un spectacle avec Gyraf à Adèle de Glaubitz pour des publics malvoyants et malentendants. Une très belle entrée en matière, pleine d’émotions partagées.

Pouvez-vous nous retracer quelques-uns de vos moments forts au Neuhof ?
Mimouch : Sans hésiter, l’ouverture de saison et notre participation au développement de nouveaux partenariats avec les acteurs du quartier.
Gyraf : De mon côté, je retiens les premières récrés musicales, une expérimentation dans le froid du mois de novembre avec une initiative qui n’avait encore jamais été réalisée : débarquer un artiste dans une cour de récréations sans que personne ne soit au courant... Au final, cette tournée des récrés a permis d’amener du soleil et de la chaleur dans toutes les écoles maternelles du Neuhof. En ce début d’hiver alsacien, il fallait le faire !
Et puis, je suis revenu quelques mois plus tard pour une représentation de mon spectacle « Les 3 Trésors » à Django, devant les enfants qui m’avaient découvert dans leur cour de récré. La boucle était bouclée. Ils avaient d’abord fait connaissance avec un troubadour débarquant à l’improviste, seul, dans leur école avec un ampli à piles en bandoulière. Et ils ont fini par voir un spectacle de qualité professionnelle, avec son, lumière et invités (Issa Kouyaté, la Swing Family, Lily Jung, Cyrille Lecoq), dans la magnifique salle de l’Espace Django.

Vous n’avez finalement jamais cessé d’intervenir sur le territoire, à intervalles plus ou moins réguliers. Comment vivez- vous ce retour comme artiste associé ?
Mimouch : On passe la seconde, c’est une continuité, une structuration, une reconnaissance.
Gyraf : On grandit ensemble, avec l’équipe et les habitants du quartier. Je vois là des valeurs précieuses de confiance, de fidélité et de constance. C’est une chance et une opportunité exceptionnelle que de pouvoir partir plus loin dans les projets, prendre plus de temps avec les gens rencontrés. C’est une excitation forte aussi, car on va prendre des chemins encore inconnus.

Qu’avez-vous tiré des ateliers/parcours/ rencontres... que vous avez conduits dans le quartier ?
Gyraf : De nombreux retours positifs, qui donnent envie de continuer ! En partant de tout ce qui a été construit au fil des saisons et qui reste dans la tête des enfants et de leurs parents. C’est aussi une source d’inspiration pour un artiste que d’être au contact de personnes atypiques et il y en a beaucoup au Neuhof. Ça ouvre des portes sur les nouvelles idées, les nouveaux spectacles et les
nouvelles chansons !
Mimouch : C’est un quartier dynamique, pluriel, avec un vrai élan, qui mérite d’être entretenu et valorisé, auprès des habitants du quartier et au-delà.

Quels sont les projets à venir cette année ? Pouvez-vous nous en décrire les grandes lignes ?
Gyraf et Mimouch : Ce sera un projet d’ensemble, baptisé « Tous artistes, Tous en piste », mixant petites formes, ateliers et spectacles pour s’adresser à un large public dans le quartier. Il y aura du cirque, du clown, du jongle. Il y aura la Brigade des Qualités, qui aborde 8 qualités complémentaires permettant de cheminer sur la voix de l’artiste en devenir. Il y aura la création d’une chorale d’enfants en vue d’un spectacle jeune public porté par la compagnie en 2019 – Kidzistan. Il y aura le programme A.N.T.O.P.Y.A. enfin, un temps fort collectif qui reste à définir dans sa forme. Cet acronyme représente assez bien l’état d’esprit de la compagnie, et sans doute du projet Django : « à nous tous, on peut y arriver ! ». En somme, de belles perspectives que nous avons hâte de vivre avec l’équipe, les habitants et les acteurs du quartier.

DES BILLETS POUR CHACUN

Un projet est fait de multiples facettes qui, mises bout à bout, dessinent une cohérence, une direction. Certaines sont évoquées régulièrement. D’autres sont abordées plus rarement, alors qu’elles sont essentielles au bon fonctionnement d’une salle. Il en est ainsi de la billetterie. Benoît Van Kote, notre programmateur et Mourad Mabrouki, notre responsable de l’action culturelle, nous parlent de la billetterie Django et de ses opérations annexes, souvent transversales de leurs missions respectives...

Comment est venue cette idée de billets suspendus ?

Ben : C’est ça un peu la magie d’un projet qui nous prend aux tripes. Même sous la douche, on a des éclairs : « Tiens, ce serait bien de faire ça ! ». Comme je dis souvent on a plein d’idées, et le danger c’est que le projet Django nous donne les moyens de les réaliser !
Mourad : Une fois de plus, nous n’avons pas la prétention de tout inventer, les billets suspendus sont une adaptation des fameux cafés suspendus, transposés dans une salle de concert. Nous les avons simplement greffés à notre activité car ils correspondent à l’esprit de notre projet : permettre à tous de profiter d’un bon concert.

A qui s’adresse-t-elle ?

Ben : Finalement un peu à tout le monde. On peut prendre le concept par les deux bouts : d’un côté, toute personne intéressée peut acheter un billet suspendu et ainsi participer, adhérer et valoriser le projet global de la salle. De l’autre côté, bien entendu les billets suspendus s’adressent aux personnes en difficulté sociale.
Mourad : Sur cette idée de billet suspendus, nous avons souhaité pouvoir nous adresser à des gens qui ne fréquentent pas encore Django, parce ce qu’ils ne peuvent pas se le permettre, parce qu’ils ont d’autres choses en tête aussi. Nous nous appuyons pour ce faire sur de nouveaux partenaires, je pense au Carillon, à Caritas, Emmaüs ou encore le Secours Populaire pour ne citer qu’eux.

Et alors... Cela fonctionne ?

Ben : Déjà il a fallu rendre la chose possible techniquement. Je passe les détails mais les logiciels de billetterie ne sont évidemment pas prédisposés à intégrer un tel dispositif. Une fois opérationnel, nous avons nous-mêmes été surpris de l’engouement. Nous avons très vite vendu pas mal de billets suspendus !
Mourad : Oui, en toute franchise nous avons même été un peu dépassés. Pas évident de redistribuer tous ces billets rapidement. Il s’agissait avant tout d’une expérimentation, nos partenaires associatifs ont également été pris de court. L’idée est chouette mais derrière il faut identifier, convaincre et surtout accompagner le public bénéficiaire. Facile à dire, mais les réalités du terrain sont toutes autres. Aujourd’hui, nous écoulons progressivement les billets selon les demandes et les opportunités.
Pouvez-vous aussi nous parler des « bons concert » ?
Ben : Là aussi, il s’agit d’une idée issue d’une réflexion globale : comment aiguiser la curiosité des habitants du quartier ? Comment les amener à pousser les portes de Django pour voir des artistes souvent inconnus ? Le constat est simple :
une tarification modérée comme la nôtre est certes nécessaire mais elle est loin d’être suffisante. Aussi le processus d’achat, la démarche numérique, tout ça n’est pas évident pour tout le monde. Donc un « bon concert » a vu le jour pour aller directement aux habitants.

On en déduit que les tarifs réduits et spéciaux ne suffisent pas. Comment l’expliquez-vous ?

Mourad : Rien n’est mieux que le dialogue, l’échange physique, le bouche à oreille, pour donner l’envie de s’emparer d’une proposition artistique et d’un lieu. Les « bons concert » par exemple nous permettent de donner une place à 6€ de façon palpable et non virtuelle. En direct ou via des partenaires associatifs, ces bons sont comme des flyers à tarification privilégiée pour nos voisins. Ce n’est pas tout de savoir qu’on peut avoir un tarif réduit, encore faut-il aller le chercher. C’est aussi l’occasion d’une forme de médiation sur la prise d’un billet en ligne.
Ben : Le tarif peut certes être une barrière mais de loin pas la première. Même la gratuité d’un concert ne garantit pas son remplissage !

Au final, diriez-vous que la billetterie prend une place importante dans le projet Django ?
Ben : Oui absolument. La billetterie est un point essentiel pour toute structure culturelle. Elle est le lien entre le public et les propositions d’un lieu. C’est donc pour nous un élément très important, qu’il ne faut pas négliger. La billetterie doit s’adapter aux habitudes du public, à ses attentes ainsi qu’à ses possibilités. Avant tout, l’interface de billetterie est un service pour notre public, et c’est bien de là qu’il faut partir pour construire son développement.
Mourad : La billetterie est au service du projet Django, elle se doit d’être un facilitateur pour nos publics et non un frein. C’est pour ça qu’elle a pris des formes variées (gratuité, prix libre, bon concert, billet suspendu, tarif moyen à 15€...) et qu’elle s’appuie sur différents guichets : billetterie en ligne, réseaux complémentaires (France Billet, TicketNet, etc.), Boutique Culture ou encore Tôt ou t’Art qui met en relation les structures culturelles, sociales et médico-sociales.

Comment souhaitez-vous la voir évoluer ?
Ben : Nous avons déjà beaucoup réfléchi et avancé depuis notre arrivée à Django. Nous sommes arrivés à un système plutôt satisfaisant à mon sens. Nous avons récemment changé de prestataire de billetterie pour un système plus éthique et plus fluide, avec SoTicket. C’est un énorme travail qu’il faut aussi pouvoir absorber au sein de notre petite équipe mais nous sommes toujours en veille sur l’évolution du secteur.
Mourad : Au-delà de l’aspect technique, on peut toujours s’améliorer sur l’accueil et l’accompagnement des publics. C’est un élément clé pour nous. Nous sommes attachés au fait de venir à Django pour vivre une expérience. A nous de la rendre la plus agréable possible, surtout pour les nombreuses personnes qui continuent de découvrir notre salle, notre équipe et notre projet.

GAZETTE #2 - NOVEMBRE 19

La gazette du mois de novembre est en ligne !

 

Comme vous le savez, nous avons crée un nouveau support : la gazette de l'Espace Django.

Pour raconter autrement les gens qui font cette salle, les publics, les artistes, quand ils participent aux projets menés à nos côtés.
Effectivement, en plus de la programmation, c’est sur un autre terrain que nous nous investissons tout au long de l’année : une saison complète d’actions culturelles, à Django et dans les lieux de vie du Neuhof, à l’intention des habitants du quartier.
Découvrez tout cela en lisant la gazette !

Vidéo du concert caché avec ISAYA - Werey Stenger - 29.10.19

Les concerts cachés vous permettent de découvrir un lieu atypique ou incongru du Neuhof qui jusqu'au dernier moment reste caché.

Le mardi 29 octobre 2019 s'est déroulée la quatrième édition des concerts cachés dans les locaux de l'un de nos mécènes : l'entreprise Werey Stenger, spécialisée dans les travaux d'isolation et plâtre.

Nous avons accueilli le groupe ISAYA.

 

ISAYA / FOLK – ELECTRO CHAMANIQUE

La folk chamanique d’ISAYA est envoûtante, rythmée, parfois blues.
Les compositions des jumelles sont toujours balancées par ces voix puissantes et chaudes, qui sont le fil conducteur du dernier album «Go With Yourself», réalisé par Simon Henner, sorti en octobre 2016.
4 de leurs morceaux sont en rotation sur FIP. Sur scène le projet a pris désormais une autre tournure, avec l’arrivée de Matthieu Pernaud : multi-Instrumentiste hyperactif de la scène électronique marseillaise.

Présence hebdomadaire sur le marché du Neuhof

Cette année aussi, vous aurez encore le plaisir de retrouver nos deux volontaires en service civique sur le marché du Neuhof, Clémence et Alban. Chaque jeudi matin, ils seront installés allée Reuss, accoudés à leur mange-debout, prêts à vous servir du café avec énergie et bonne humeur !

Des écoutes de programmation, des petits ateliers artistiques et différents happenings sont prévus pour rendre ce moment encore plus chaleureux.

Lancement de La Gazette !

Ça faisait un moment que l'idée nous trottait dans la tête...
L'envie de partager et rendre plus visible encore nos actions sous un format simple et distribuable.  Ça y est le tout premier numéro de La Gazette est sorti ce mois d'octobre !

A retrouver en papier chez nous à L'Espace Django, ou en ligne à la fin de cet article.

Et pourquoi une gazette ?

Pour raconter autrement les gens qui font cette salle, les publics, les artistes, quand ils participent aux projets menés à nos côtés.

En plus de la programmation, c’est sur un autre terrain que nous nous investissons tout au long de l’année : une saison complète d’actions culturelles, à Django et dans les lieux de vie du Neuhof, à l’intention des habitants du quartier.
Des récréations artistiques, des concerts aux fenêtres, des impromptus, des créations partagées, des ateliers, des visites guidées…

Tout l’enjeu est là : une multitude de formats, une offre culturelle au quotidien pour éveiller, surprendre, interpeller et permettre à chacun de se construire une relation vivante et diversifiée à l’art.

Le débrief avec Ork - Episode 13

Nous avons interviewé le duo Ork, composé de Samuel Klein et Olivier Maurel, quelques minutes après leur concert du 24 octobre 2019 à l'Espace Django, en première partie du groupe Stolen.

OCTOBRE - HERMANOS GUTIERREZ + HJ AYALA - 10.10.19

Bonjour les pinsons doux !
Oui, on est lundi, mais n’empêche qu’il fait aussi doux qu’ensoleillé. L’été indien en quelque sorte. Ou peut-être les dernières bribes du concert des Hermanos Gutiérrez qui s’évaporent doucement dans l’air.

Que je vous parle un peu de ces Hermanos. Duo de frères latinos aux doigts de fées, bronzés comme des pains au lait et bagués comme des Cadillac, ils vivent en Suisse et touchent la guitare. Entre deux cours de primaire et cafés latte, l’instit’ et le cafetier font des concerts dans des bars et publient des vidéos YouTube. Vidéos sur lesquelles est tombé notre programmateur en chef, Ben aux manettes.

 

 

« Eh, c’est bien ça ! Oui, leur plus grosse vidéo est à 30K, personne n’a jamais entendu parler d’eux et ils n’ont jamais joué dans une salle de concert, mais eh, si je les programmais ?! »

Bravo Ben. Bonne idée. C’est pas comme si on avait déjà fait venir des groupes qui ont fait les Eurocks et n’ont pas fait plus de 50 entrées, hein (après, certes, les groupes en question c'était du rock, et comme vous le lirez dans cet article : "les rockeurs, vous faites ch*er"). Enfin bref, après nous avoir convaincus à grands coups de leurs sons passés en boucle au bureau, on accueillait tout de même la belle prise de risque qu’était ce concert à bras ouverts.

 

 

Première impression : bah… au moins ils mentaient pas hein. Ils ont bel et bien la même tête que sur leurs affiches, ce qui n’est pas toujours gagné... souvenir ému pour mes crushs sur affiche qui se sont révélés être tout juste choupis.
Deuxième impression : ça prend mieux que ce qu’on aurait pu penser. Genre, vraiment mieux. Trois Allemands de Stuttgart débarquent même exprès pour le concert. Trois Allemands et… un Mexicain !

Un fucking Mexicain du MEXIQUE.

Pour ce concert. Mexico –> Paris –> Strasbourg.

Ah oui, ah oui oui oui. Il en profite certes pour faire un crochet jusqu’à Copenhague pour voir sa mère mais euh, Mexico – Strasbourg.

Oui.

Y'a assez de mots en gras, vous avez saisi l'idée folle du truc ???

 

 

… J’en étais où ?

Ah oui. Troisième impression : les gens du monde entier sont bien les seuls à se pointer. Genre mes bénévoles, eux, se sont mis d’accord pour accumuler les imprévus, tant et si bien qu’au lieu des 7 bénévoles notés sur le planning, on s’est retrouvé à 3. Oui. Bon. On s’est rappelé qu’on gérait les dates comme ça à l’époque, quand on faisait le bar dans le placard et qu’on avait 2 tonnelles à installer tous les soirs dans le patio. Allez hop, Lilia, notre assistante de com' au vestiaire, Julien de la com' au bar et Pierre le directeur en vendeur de jetons tendance maraîcher marseillais et on s’est lancés.

Et tout s’est merveilleusement bien passé. Les gens étaient super relax, en même temps, y’avait de quoi. C’était beau. Qu’est-ce que c’était beau (comme dirait Ben-notre-programmateur).

Non, vraiment. Une vraie petite bulle de douceur. Les lumières étaient plus belles qu’au Marché de Noël (et ça m’arrache le cœur de dire ça), le son des Hermanos était doux et enveloppant, le son-enfant d’une bulle de savon mordorée et d’une boîte à musique. Ça avait un goût de thé au lait au miel et à la cannelle et de photos d’enfance en argentique... Wouah, on dirait une pub Soupline. J’vais m’arrêter là.

 

 

Bon, enfin c’était tout doux et beau, on était tous heureux, eux aussi, même si ils ont pas mangé et que je me suis retrouvée avec des restes de bouffe pour 10 personnes, mais c’est pas le sujet alors, merci les Hermanos, après le feu de Pongo et Dope St Jude, votre date était parfaite.

Mais qu'est-ce qui nous attend encore ...? Un concert caché, un Soultrain d'Halloween, du blues et de la techno, ah oui oui, la saison est belle et bien lancée ! Je file, j'ai du boulot. 

 

 

SEPTEMBRE - PONGO + DOPE SAINT JUDE - 26.09.19

EH C'EST LE RETOUR DES RECAPS !
J'AI EU LE SYNDROME DE LA PAGE BLANCHE COMME UN RHUME DE RENTRÉE, ALORS VOILA, MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS, BISOUS ET C'EST REPARTI POUR LA SAISOOON ! 

 

Dope St Jude est belle, elle est Bélier avec une lune en Poissons et une vénus en Taureau, elle fuse comme un petit feu d’artifice sur scène, elle voudrait que les gens de son public deviennent ses amis, et elle était à Django jeudi dernier-dernier.
Comme vous pouvez vous en douter rien qu’en lisant ce paragraphe introductif, cette date du 26 septembre a été l’un des joyaux que l’on sertit au diadème de notre salle sans la moindre hésitation.

Euh, je reprends depuis le début ? 

 

 

Ce premier concert de la saison 19-20 commençait à l’inverse du premier concert de la saison 18-19 : le concert de L'Entourloop avait été l’un des complets les plus ébouriffants qu’on ait connu, et je ne pourrai pas vous en dire beaucoup plus, vu mon cerveau a effacé toutes traces de cette soirée en réaction post-traumatique. Ce jeudi 26, en revanche, on avait une dream-team de bénévoles habitués aux commandes, on s'était déjà échauffés avec l’Ouverture de Saison ET on avait déjà rencontré Dope St Jude la veille lors de notre Aparté... Alors pfft, j’étais détendue comme une pâte à pain entre les doigts experts d’un pizzaiolo napolitain.

 

 

On a fait connaissance avec Pongo dans l’après-midi, pendant ses balances. Honnêtement, après avoir rencontré Dope St Jude et son p’tit cœur en sucre chaud, difficile d’être objectif… du coup quand Pongo a débarqué en boudant à moitié, pour moi c’était plié, c’était Dope la « sympa » du co-plateau, et basta. En plus de ça, Mimi est venue me sonner cinq minutes plus tard alors que je rangeais le bar :
« Eh, Pongo veut une assistante maquillage, c’est spécifié dans le rider… tu fais ça ? » (nb : le "rider", c'est la p'tite liste de matériel et autres que les artistes nous font parvenir en amont du concert)… tu fais ça ? »
Euh, alors non, je « fais » pas ça. Je fais filtre « subtle par Instagram » moi. Alors déso Pongo, c’est pas aujourd’hui que tu auras l’honneur de te faire éborgner par mon coup d'eye-liner.

 

 

Et puis Pongo est montée sur scène pour ses balances.
Et puis elle nous a envoyé l’équivalent d’un vrai concert complet dans les dents.
On était tous sur-chauds. Nous, mais aussi les deux ados que Baya avait invité aux balances. Elles ont dû être aussi convaincantes que convaincues les choupettes, puisqu’à la fin de son set, Pongo est directe descendue leur taper une bise et discuter avec elles. Les petits choux étaient trop déçues de ne pas pouvoir venir au concert ce soir, faute à un contrôle en cours le lendemain. Non, vraiment, pas négociable : mamans déterminées. Enfin, ça c’était jusqu’à ce que Pongo propose tranquilou un petit appel à un ami, ou plus exactement aux deux mamans en question pour négocier l’annulation du couvre-feu. Vous y croyez, vous ?

 

“Hello madame, I’m Pongo, I’m doing a concert tonight at Espace Django and…”

 

Je pense que personne n’y aurait cru. Mais l’effet de surprise a fonctionné et les lycéennes sont reparties avec leur billet en poche. #magiiieDjangoooo

 

 

Je vais abréger parce que le principal est résumé là.
Dope a tout donné sur scène, a revendiqué et plaidé ses causes sans rendre le concert bavard pour un sou, et le set de Pongo en jettait autant sinon même plus que son incroyable tenue de catcheuse mexicaine en or. Le show a continué bien après que les spectateurs soient partis avec un binôme Baya/Pongo aux platines et à la choré et oui, on s’est vite rendus compte qu’il allait falloir les séparer si on voulait un jour rentrer chez nous.

 

 

On a eu droit à pleiiin de messages d’amour heureux, tant de la part des spectateurs que des artistes, alors, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ? Plus d’un petit cœur a été comblé ce soir-là.

 

Allez bye-bye moi je file j'ai quelques autres articles à vous mettre en ligne du coup, hein... 

MON OEUVRE PRÉFÉRÉE - EN PARTENARIAT AVEC LE MAMCS : Restitution de l'exposition participative

Au mois de septembre dernier, une centaine d’enfants des écoles élémentaires Neuhof A, Reuss 2 et Ziegelwasser se sont lancés dans un superbe projet d’exposition participative, en partenariat avec le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (MAMCS) et la photographe Marion Pedenon.

Après deux visites du MAMCS, à cheval entre septembre et octobre, chaque élève a pu choisir son « œuvre préférée », et se faire photographier devant. Une reprographie de cette photo lui a ensuite été envoyée, et sur cette base il réalise un pic’s-up, en replaçant et en photographiant cette image au sein de son quartier, le Neuhof.

Cette dernière étape s’était achevée avec une série d’ateliers animés par l’artiste photographe Marion Pédenon, après avoir préalablement abordé quelques bases de la photographie. Elle a ensuite accompagnée les élèves pour la prise de photos finale des pics-up dans le quartier, entourée des enseignants, de parents d’élèves volontaires et d’un membre de l’équipe Django.

Certains d'entre vous avaient pu découvrir le fruit de ce travail lors de la restitution publique et participative le samedi 8 décembre 2018 à l’Espace Django. Les pic’s-up ont tous été reprographiés, puis assemblés par les enfants et leur famille au moyen de structures conçues spécialement par la designeuse Noa Haim (Collective Paper Aeshetics). Afin que les enfants des autres écoles du Neuhof puissent apprécier le travail de leurs camarades, l’exposition avait été prolongée pour des visites et on vous propose de découvrir encore des images de l'expo en cliquant sur la vidéo ci-dessous :

De retour dans les lieux de la petite enfance

À côté des parcours dansés et des récréations artistiques, nous nous engageons aussi auprès de la toute petite enfance à travers cette année un cycle de performances.

Après les récentes interventions menées par l’ensemble de musique contemporaine Hanatsu Miroir, de septembre à mars, c’est l’inclassable artiste Emmanuelle Zanfonato qui reprend la main pour poursuivre l’aventure avec nous jusqu’en février.

Elle interviendra en novembre avec « Ballade », une performance scénographique en intérieur présentée au sein du LAPE (lieu d’accueil parents-enfants) de la Maison de la petite enfance et de la Halt’Jeux.

Cette artiste multi-facette nous accompagne avec bonheur depuis presque 3 saisons, autant sur des interventions régulières avec comme nos ateliers parents-enfants (en compagnie de Fabienne Delude) que sur ces impromptus artistiques. Après « Suivre le fil » et « La Canopée », voici donc « Ballade », une nouvelle histoire onirique et intrigante.

Le débrief avec Difracto - Episode 11

Difracto explique sa résidence scénographie lumière

Octobre a commencé fort avec une résidence de l'un de nos artistes pépiniéristes : Difracto.

Artiste complet, François développe sur scène un univers transdisciplinaire où vidéos et lumières s'entremêlent pour faire voyager le public.

Pendant trois jours (30 sept.-2 oct.), Difracto a approfondi la scénographie lumière de son show avec un technicien lumière, Kevin.

Découvrez son interview pour comprendre son processus créatif!

Aparté avec Dope Saint Jude - 25.09.19

Retour sur l'aparté du 25 septembre au Graffalgar avec Dope Saint Jude, la veille de son concert en première partie de Pongo.

APARTE, c'est le nouveau rendez-vous de l'Espace Django. Des échanges sans filtre, ouverts à tous, aux musiciens bien sûr, émergents, confirmés, du coin ou d'ailleurs mais aussi à toutes les personnes curieuses, qui auraient à cœur de répondre avec nous à cette question : pourquoi devient-on artiste ?

TRAM « C COMME CULTURE »

 

Le samedi 21 septembre dernier, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, six structures culturelles strasbourgeoises, riveraines de la ligne C, ont proposé aux usagers du tram des impromptus artistiques pour agrémenter leur parcours :

- L'Espace Django, avec La Bergerie (duo hip-hop)
- Le Théâtre National de Strasbourg, avec Paul Fougère et Elan Ben Ali
- L'Opéra national du Rhin, avec Clara Guillon et Tristan Blanchet
- Le Festival Musica, avec les Situations de François Sarhan
- Le Shadok et la Longevity Music School, avec La Morale (en live électronique)
- Le Graffalgar, avec Pierre Frigeni

Un grand merci à tous, ainsi qu'à la CTS, pour cet agréable trajet sur la ligne "C comme Culture" !

Radio Caddie : retour sur l'ouverture de saison !

Radio Caddie, c'est un peu un bureau d'étude à ciel ouvert allant à la rencontre des habitants et du public. A l'aide d'un matériel radio professionnel trainé sur un Caddie, ils récoltent de façon décalée quelques traces et autres témoignages des personnes présentes partout où ils passent, à l'aide de papiers, de calques, de feutres etc... Ces moments deviennent de vrais récits de vie, à écouter encore et encore…Compagnons de route réguliers de l'Espace Django, ils étaient à nouveau présents lors de notre ouverture de saison fin septembre. Revivez ici l'aventure radiophonique de cette belle soirée !

Vidéo : Ouverture de saison 2019/20 - Espace Django

Retour en vidéo sur notre ouverture de saison 2019/20 le samedi 21 septembre 2019 à l'Espace Django. Avec : Forum des partenaires du Neuhof, la seconde édition de notre opération Tram « C comme culture », la formidable rencontre Opéra-Jazz Manouche et le concert Maloya-Rock de Trans Kabar. Une soirée forte en émotions, pour lancer une saison qui n’en sera pas moins.

Radio Caddie à la fête du Parc Schulmeister

Radio Caddie, c'est un peu un bureau d'étude à ciel ouvert allant à la rencontre des habitants et du public. A l'aide d'un matériel radio professionnel trainé sur un Caddie, ils récoltent de façon décalée quelques traces et autres témoignages des personnes présentes partout où ils passent, à l'aide de papiers, de calques, de feutres etc... Ces moments deviennent de vrais récits de vie, à écouter encore et encore…Compagnons de route réguliers de l'Espace Django, ils étaient à nouveau présents lors de la traditionnelle fête du parc Schulmeister en juin 2019. Revivez ici l'aventure radiophonique de cette belle journée !

Django s’invite à l’Opéra : salle comble pour le battle HipH’Opéra

Le vendredi 6 septembre dernier, l’Espace Django s’invitait à l’Opéra pour une magnifique soirée, en partenariat avec l’Opéra national du Rhin et les Bibliothèques Idéales. D’abord un battle de danse HipH’Opéra où s’affrontèrent les danseurs du Ballet du Rhin et les danseurs hip-hop de la compagnie Illusion Crew. Puis un concert en acoustique du rappeur français Youssoupha pour une expérience musicale incroyable !

Cerise sur le gâteau, toute une délégation d’habitants et de partenaires associatifs du Neuhof (environ 200) se sont rendus ensemble à l’Opéra au départ de Django et ont pu profiter du spectacle aux premières loges. Merci à tous pour cette belle mobilisation !

PRENDRE LA CLÉ DES CHAMPS...

Cette rentrée a vu la réalisation d’une nouvelle fresque participative sur les murs de La Clé des champs, cette structure du quartier dédiée à la petite enfance et partenaire de longue date, sous le pinceau de Sherley Freudenreich, artiste travaillant elle aussi à nos côtés depuis 3 saisons. L’occasion était trop belle de découvrir les coulisses de ce projet et de ce partenariat, au travers d’une interview croisée avec Sherley, Christine Birckel, directrice de la Clé des champs et sa collègue Marie Godfroy.

En quelques mots, qui êtes-vous ? Quelles sont vos missions, votre activité respective ?

Sherley Freudenreich : Je suis Sherley Freudenreich, artiste peintre. Je réalise des images sur scène en temps réel, notamment pour les projets de ma compagnie Directo Cinéma. Je peins également des fresques. Ça fait maintenant trois saisons que je peins avec Django et le public du quartier du Neuhof.

Christine Birckel et Marie Godfroy : Nous sommes Marie et Christine, et nous travaillons à la Garderie
Restaurant « La Clé des champs ». Nous accueillons des enfants de 2 à 12 ans scolarisés sur des temps
d’accueil périscolaires et de loisirs. Marie est en charge du projet Espace de Vie Sociale autour des volets
culturels et parentalité. Et moi Christine, je suis la responsable de la structure. Je gère une équipe de 10
salariés qui accueillent et accompagnent 40 enfants

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

S.F. : Pour la première fois, lors d’un concert dessiné à l’Espace Django évidemment !

C.B et M.G. : En chair et en os à l’occasion du concert dessiné « L’explorateur du cosmos » le 8 mars 2019, vers 18h45 près du bar dans l’Espace Django. Au préalable, nous avions pu admirer le travail de Sherley dans le quartier et ailleurs dans Strasbourg !

Pouvez-vous nous parler de cette fresque collective et participative ? Quel en est le principe ? Comment le projet s’est-il mis en place ? 

S.F. : L’idée est de réaliser une fresque où le public sera amené à participer à sa réalisation. Un moment convivial où l’on apprendra à peindre avec les artistes. L’artiste peintre Camille Brès m’accompagnera pour cette création partagée. Nous avons rencontré les participants pour la première fois début juillet lors d’un apéro/atelier. Ce fut le moment pour nous de leur présenter le projet, de présenter notre travail et de réaliser les pochoirs qui ont servi à la réalisation de la fresque, en septembre donc.

C.B et M.G. : L’idée de cette fresque a fait suite à une rencontre avec les parents en juillet 2018 autour de notre projet Espace de Vie Sociale. A cette occasion, ils nous ont fait part de leur souhait de rendre plus visible notre structure qui est située en rez-de-chaussée d’immeuble et enclavée au milieu d’autres bâtiments. Nous avons évoqué l’idée d’une fresque avec notre partenaire culturel de proximité (pour ne pas dire préféré !), qui avait déjà l’expérience et des contacts avec un certain nombre d’artistes fresquistes. Un choix cornélien a dû s’opérer et nous avons proposé différents styles et artistes aux parents, aux enfants et aux membres de notre Conseil d’Administration. Les fresques existantes de Sherley ont été plébiscitées par la majorité des votants. Le projet a débuté le 2 juillet à 17h par un apéro-présentation et partage d’idées avec l’artiste. Les parents, les enfants, les passants et nos voisins y ont été conviés et ainsi, tous ensemble, nous avons pu commencer à créer ce « nouveau mur coloré ». Puis, le plus concret du projet s’est déroulé les 17/18/19 septembre avec la réalisation de la fresque sur nos murs. L’artiste a travaillé notamment le mercredi 18 septembre avec les parents et les enfants de notre structure. Un projet participatif qui a réjoui petits et grands !

Sherley, c’est déjà ta 3e fresque dans le quartier. Tu as également mené une série d’ateliers et joué un spectacle à Django. Un vrai parcours à nos côtés ! Comment le vis-tu ?

S.F. : Merveilleusement bien ! J’apprends à connaître le quartier et ses habitants par la peinture. Notre travail et notre expérience grandit au fur et à mesure des années. Chaque réalisation est à chaque fois plus enrichissante et plus belle.

Plus largement, quel regard portes-tu sur notre action et sur ce quartier qu’est le Neuhof ?

S.F. : Chaque année, nous semons des graines essentielles à l’épanouissement. Je suis fière de participer à cette démarche.

La Clé des champs est très impliquée dans plusieurs de nos projets (impromptus artistiques, Face A/Face B, sorties de résidences, spectacles jeune public, concerts aux fenêtres...). Des projets qui ont même donné naissance à d’autres envies comme cette initiative avec l’ensemble Hanatsu Miroir. Comment s’imbriquent toutes ces histoires de votre point de vue Christine et Marie ? Comment s’inscrivent-elles dans le quotidien des enfants et de La Clé des champs ?

C.B et M.G. : Le partenariat est inscrit dans la majorité des projets de la Clé des champs, avec en point d’attention la possibilité de créer du lien, de permettre l’ouverture pour la structure mais surtout pour le public (enfants et parents) avec lequel nous travaillons. Et puis la qualité et le professionnalisme des artistes intervenants est là et c’est important ! Pour le public, cela implique bien sûr aussi un engagement, notamment pour les parents pour lesquels à la base, la Clé des champs est d’abord un moyen de garde pour leur(s) enfant(s). Des parents qui travaillent pour la plupart, qui n’ont parfois pas le temps de partager des moments ludiques et culturels avec leur(s) enfant(s). Nous veillons à impliquer les parents en leur proposant de devenir aussi « acteurs » de la structure, des projets, du quartier. Avec les enfants, les projets s’offrent à eux et s’imbriquent dans notre projet associatif, l’idée étant toujours de leur permettre de passer des moments de plaisir autour de jeux, de découvertes et d’apprentissages (sans en avoir l’air !). Dans ces temps de loisirs, nous pouvons créer et faire ensemble, se découvrir, découvrir l’Autre, de nouvelles pratiques et de nouveaux lieux. C’est le cas avec le projet Hanatsu Miroir : ensemble, ils créent le jeu, le son, la voix dans un espace inconnu avec de nouvelles personnes et de nouvelles pratiques.

Vous intervenez toutes les trois, chacune à votre endroit, hors de vos murs, dans l’espace public qui vous entoure. Aller au-devant des habitants, investir l’extérieur, se le réapproprier par l’art et toutes sortes d’actions, éducatives, sportives, citoyennes... est-ce déterminant aujourd’hui ?

S.F. : J’aime être surprise par une œuvre que je croise dans la rue. Je me dis que dans un monde où la globalisation tend à lisser les formes et les couleurs, nous avons justement besoin de retrouver des expressions artistiques particulières et singulières. La diversité des créations artistiques urbaines que nous pouvons rencontrer peut rappeler aux passants qu’il n’y a pas qu’un seul canal possible.

C.B et M.G. : Bien sûr que cela est déterminant, il nous paraît important de travailler un maximum en partenariat, toujours dans le souci d’ouverture, d’investir l’extérieur proche pour montrer au public que l’on peut ouvrir des possibles, qu’ensemble on peut investir autrement le Neuhof. Et puis s’ouvrir pour nous, c’est aussi sortir du quartier, se déplacer un maximum vers la ville, ou plus loin, prouver que c’est possible, que ce n’est pas « réservé » qu’aux autres !

DE L’AUDACE ARTISTIQUE À L’ÉCOLE !

Faire infuser, occuper chaque espace de l’école, tantôt à travers la pratique, tantôt au moyen d’impromptus, et laisser le tout faire son chemin. Parfois un très long chemin. C’est le sens de notre engagement aux côtés des nombreuses écoles du Neuhof. L’école Reuss, voisine de l’Espace Django et son directeur Pierre Lefèvre, sont convaincus comme nous du rôle que peut jouer la relation à l’art dans la construction de soi, dès le plus jeune âge, la maternelle en l’occurrence. Ils sont donc eux aussi très investis à cet endroit, et ouverts aux différentes propositions que nous pouvons leur soumettre. Pour le plus grand bien des enfants. Rencontre.

Pierre, comment as-tu commencé à travailler avec l’Espace Django ?
En toute honnêteté, j’ai répondu à une invitation de Django qui proposait à des classes de venir assister à un spectacle. Le lien entre nos deux structures n’a pas été immédiat. Il a fallu apprendre à se connaître et ce n’est qu’au bout de quelques expériences partagées que la symbiose a pris. Dans cette belle rencontre, il faut souligner le rôle de Joëlle, grande fédératrice sur le secteur Stockfeld en qualité de coordonnatrice du réseau pour l’éducation prioritaire. C’est elle qui nous a mis en relation. D’abord consommateur, nous avons (re)découvert l’énergie de l’expression artistique qui se cache en chacun des enfants que nous accueillons. Des rencontres avec des artistes, tantôt à Django, tantôt à l’école, ont fini par nous convaincre de sceller notre union. Pour la plus grande joie, chaque fois, de nos élèves et toute l’équipe éducative.

« L’école du dehors », « l’art à l’école », des pédagogies renouvelées à l’écoute du rythme de l’enfant en lui laissant plus de liberté et d’autonomie... L’école Reuss s’inscrit-elle dans cette série de démarches ? La place qui est accordée aux projets artistiques participe-t-elle de cette approche ? 

Il est souvent difficile de sortir des sentiers battus ; qu’il est rassurant de faire classe en classe. Et pourtant, il est parfois amer notre constat. On a beau mettre en place toute notre énergie au service de la réussite des élèves, les années passent et se ressemblent trop souvent. Si la stabilité dans une équipe est source de confiance, son renouveau est aussi l’occasion de lever la tête du guidon et se poser de nouvelles questions. Cela fut le cas il y a quelques années lorsque les collègues ont souhaité se repositionner sur des fondamentaux et plus particulièrement sur une autre manière d’apprendre. Faire classe en classe ne donnait pas les résultats souhaités ; il fallait envisager de faire classe autrement, ou ailleurs. De la même façon que nous avons engagé notre pédagogie sur des expériences concrètes observées dans différents pays européens (les Kindergarten), de l’école Jacqueline à Strasbourg (l’école du dehors), nous avons aussi choisi de positionner l’enfant dans un parcours artistique tout au long de sa scolarité. Qu’il s’agisse du CEAAC, de la médiathèque, de projets ACMISA, des musées de Strasbourg, des arts du cirque, du land art et bien entendu de Django, il était important pour l’école de repasser par l’expression artistique comme vecteur des apprentissages. Depuis plusieurs saisons, nous intervenons dans vos murs de plusieurs façons, avec notamment des récréations artistiques et des ateliers.

Ces moments à part influencent-ils les apprentissages, et plus largement la vie au quotidien dans l’école ?

Cela fait plusieurs années que l’école vit au rythme de projets impliquant l’ensemble des usagers (parents, enfants, équipe éducative, partenaires).Les récréations musicales participent de manière intime aux apprentissages engagés dans les classes, elles viennent comme des cadeaux, des surprises, on les attend toujours avec bonheur. Rythme, musicalité, chant, écoute, découverte de l’autre, expression orale et corporelle sont autant de moments clés travaillés en classe, dont la genèse découle parfois de nos rencontres avec les artistes. Les récréations musicales sont des moments de partage qui valorisent les émotions des enfants et leur libre expression artistique.

Vous avez été retenus parmi les cinq finalistes nationaux pour le Prix de l’audace artistique et culturelle (félicitations !), grâce au projet Du bout des oreilles de la compagnie BaOmen mené avec la classe de toute petite section, en partenariat avec la DRAC, la DAAC (Délégation Académique à l’Action Culturelle) et nous-mêmes. Peux-tu nous en dire plus ?

C’est avant tout une belle aventure entre des professionnels aux univers bien différents, déclinée par des enfants de 2/3 ans. Être sélectionné parmi les finalistes vous donne des ailes, cette récompense est avant tout le signe de la grande détermination d’une équipe qui depuis des années a bien compris que l’expression artistique est un support au service de tous les apprentissages. L’âge n’aura jamais été un obstacle à la rencontre de ces enfants avec un artiste, contrairement aux idées reçues. L’art est entré à l’école comme un facilitateur de leur expression au naturel. Cette belle surprise, encore une fois, vient assurément récompenser la détermination d’une enseignante, Isabelle, qui porte d’ailleurs avec convictions et qualité au sein de l’école ce vent de renouveau.

Quel regard portes-tu sur notre proximité géographique ? Est-ce un plus selon toi pour la conduite d’actions communes ?

La proximité géographique est sans aucun doute un atout. Elle nous permet de fréquenter plus facilement ce lieu culturel, de rebondir au dernier moment sur une proposition de spectacle sans contrainte liée à un déplacement en bus scolaire, elle favorise les échanges et construit année après année, un tissu relationnel fort de personnes ressources et une véritable amitié aux ambitions partagées.

 

T/O, DE ROCK ET DE CHOC 

En janvier dernier, nous avons rejoint le dispositif transfrontalier Iceberg, cette opération initiée par les Eurockéennes de Belfort et la Fondation suisse CMA, destinée à accompagner plusieurs artistes émergents. Dans ce cadre, nous avons choisi de parrainer le strasbourgeois T/O, ce projet rock déjà identifié sur la scène française et dont les perspectives de développement restent grandes. Du 15 au 17 avril derniers, il s’est ainsi rendu à la Case à Chocs dans la ville de Neuchâtel en Suisse pour une résidence atypique, censée lui permettre de repenser la sonorité de son projet en salle mais aussi de tester différentes formules, d’inventer, d’innover, de repousser un peu plus ses limites, sous le regard bienveillant d’un conseiller artistique, Côme Aguiar. Retour avec Théo sur cette expérience inédite.

En quelques mots, c’est quoi, c’est qui T/O ?

T/O doit être une zone de mon cerveau qui veut s’exprimer en écrivant des chansons. Le problème, c’est qu’elle aime bien s’exprimer en délivrant beaucoup d’informations... Heureusement, j’ai des copains généreux que ça semble amuser de m’aider à jouer tout ce bordel sur scène !

Ce projet existe depuis quelques années. Vous aviez encore besoin d’accompagnement ?

La nécessité et la notion même d’accompagnement me semble assez périlleuse. Elle relève d’un jeu parfois dangereux qui peut tendre à l’uniformisation du développement des groupes. C’est en tout cas un constat que je fais sur le sol français. Il faut passer par certains événements pour franchir certaines « étapes » et rencontrer certaines personnes. J’essaye de prendre du recul là-dessus, ce qui n’est pas toujours évident, d’autant plus quand on souhaite en vivre. Mais je pense que chacun doit prendre ce qui lui semble bon pour avancer !

Comment s’est passée la résidence sur place, la rencontre avec Côme, les échanges avec l’équipe de la Case à Chocs ?

Côme a été une oreille extérieure intéressante et très attentive à l’univers établi. On a regardé Notre- Dame brûler ensemble, ça nous a bien rapprochés. L’équipe de la Case à Chocs était finalement très peu présente, mais nous avons été très bien accueillis !

Quels étaient les objectifs précis de ces 3 jours ? Ont-ils été atteints ?

L’objectif de ces 3 jours était de pouvoir prendre le temps, pour une fois, de travailler en détail le son et l’interprétation de certains passages. C’est un travail qui pourrait ne jamais finir, mais nous avons repassé la frontière française convaincus.

Travailler dans d’autres contextes, ici un pays qui n’est pas le sien, une salle que vous ne connaissiez pas, ça aide à se concentrer, à se mettre dans de meilleures dispositions pour créer ?

Je pense effectivement que pour créer, le contexte est très important. Changer de contexte ne veut pas forcément dire « meilleures dispositions », mais en tout cas « nouvelles dispositions », ce qui pour moi est souvent bénéfique. Dans le cadre d’un travail comme celui qu’on a effectué, qui ne relève pas vraiment de la création, c’est un peu différent mais ce qui était intéressant, c’était de dormir directement au-dessus de la salle. En plus, on adore la Suisse donc ça tombait bien, on y est toujours super bien reçu.

C’est quoi la suite pour vous à présent ?

Je cherche en ce moment à faire avancer le live dans sa forme, et puis j’écris une nouvelle histoire qui se retrouvera sur le ou les prochains disques. On devrait aussi pas mal jouer d’ici l’année prochaine !

TRAM « C COMME CULTURE »

Le samedi 21 septembre, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine et de notre ouverture de saison, six structures culturelles strasbourgeoises, riveraines de la ligne C, s’associent pour proposer des impromptus artistiques au sein d’une rame dédiée et agrémenter ainsi le parcours des usagers. Amandine Carré-Charter, directrice relation client et communication de la CTS, nous en dit un peu plus sur cette opération originale baptisée « Tram C comme Culture ».

L’année dernière, nous vous avons contactés avec cette envie un peu folle d’insérer l’art sur la ligne C. L’occasion d’aller à la rencontre de vos usagers et de renouveler l’expérience du voyage en tram. Sur le moment, qu’avez-vous pensé de cette démarche ?

La CTS et l’art ont, de longue date, une « relation » étroite. Celle- ci s’est exprimée de multiples manières et sous différentes formes. Mais jamais encore n’avaient eu lieu des impromptus artistiques à bord d’un tram ! Cette démarche nous a naturellement intéressés. Pour autant, il fallait que la proposition des partenaires culturels tienne compte des exigences commerciales et d’exploitation de la CTS afin que nous puissions y donner suite. Nous avons donc co-construit tous ensemble cet événement inédit afin qu’il puisse se concrétiser.

Tout s’est accéléré le jour J... Comment avez-vous vécu ce moment d’improvisation où les artistes se lancent devant des personnes peu habituées à ce type de performances dans le tram ?

Il y a forcément toujours une part d’appréhension face à l’inconnu. Mais dès le premier impromptu, nous
avons tous perçu le bel effet de surprise produit sur les passagers, au travers de leurs sourires, de leurs regards et de leurs oreilles attentives pour écouter chacune des séquences proposées. Certains clients ont même chanté avec les artistes ou dansé ! D’autres ont sorti leur téléphone pour prendre photos et vidéos. Notre intention commune était d’offrir aux clients présents dans le tram un moment artistique de découverte et de plaisir. Nous avons tous été heureux et satisfaits de voir que l’événement avait vraiment créé l’étonnement et l’engouement, quel que soit le profil des usagers présents.

Avez-vous eu des retours des usagers ?

Au-delà de ce que nous avons constaté sur le moment, les avis se sont aussi beaucoup exprimés sur les réseaux sociaux. Tous les commentaires publiés ont été vraiment positifs et ont salué l’initiative.

Cette année, nous reconduisons avec joie l’opération. Quelles sont les structures culturelles qui y prennent part ?

Les cinq mêmes partenaires que l’an dernier : l’Espace Django, à l’initiative de cette belle opération, l’Opéra national du Rhin, le Théâtre National de Strasbourg, le Shadok avec la Longevity Music School et l’hôtel Graffalgar. Tous ont la particularité de jalonner la ligne C, depuis la gare jusqu’à l’arrêt Rodolphe Reuss au Neuhof. Sachant que cette année, un sixième partenaire a rejoint la bande, le festival Musica.

Comment s’est construite la « programmation » ?

Chacun des partenaires tient compte des spécificités de cette action pour proposer des impromptus adaptés. Un happening de 5 minutes, qui puisse parler au maximum d’usagers du tram, sans perturber les flux. Un vrai travail de dentelle, qui prend plusieurs formes cette année : du hip-hop avec le groupe La Bergerie, des airs d’opéra avec entre autres « O sole mio », une courte pièce pour corps, voix et objets intitulée « Situations », de l’électro avec La Moral et Panda Machine, ou encore des extraits de l’Odyssée d’Homère. Sans oublier cette carte postale proposée par le Graffalgar et offerte aux usagers, qui agit comme une belle trace de l’opération.

Bilan positif donc ? Au point de reconduire à l’avenir d’autres initiatives artistiques dans le tram ?

Oui bilan positif ! Nous espérons pouvoir reconduire cette opération chaque année aux côtés de nos partenaires culturels. Toujours à l’occasion des Journées du patrimoine si possible, pour marquer l’événement. C’est important toutefois de rappeler que ce type de moment doit conserver un caractère exceptionnel et encadré. Pour leur succès, qui repose précisément sur ce caractère exceptionnel, mais aussi et surtout pour le confort des passagers et leur sécurité, qui restent avant tout la priorité de la CTS.

VOLONTAIRES !

Une deuxième « promo » de volontaires en service civique nous a quittés en juin dernier, après 8 mois passés à nos côtés, et avec les mêmes intentions que leurs prédécesseurs : renforcer notre présence sur le quartier, auprès des habitants, des partenaires, pour leur permettre de se saisir toujours davantage de nos actions. Retour avec Ophélie Ayari-Siegler et Zoé Mary sur cette expérience à nos côtés.

Comment se sont passés ces 8 mois à Django, au Neuhof ? Quel était votre rôle ?

Ophélie Ayari-Siegler : Mes 8 mois à Django se sont très bien passés, j’ai découvert un quartier, des habitants, une dynamique. Django, c’est un peu ma famille aujourd’hui. Mon rôle portait sur des missions d’actions culturelles, c’est-à-dire de relais auprès des habitants, de communication et aussi d’accueil lors des concerts, de relation avec nos publics.

Zoé Mary : Super bien ! On y a fait pas mal d’accompagnement d’artistes dans le quartier, sur les différents projets d’action culturelle, et on a fait un peu d’administratif, notamment pour ma part le traitement de nos chers questionnaires, pour apprendre à mieux connaître nos publics, ses attentes, ses satisfactions, nos marges de progression aussi.

Pourquoi avoir demandé un volontariat en service civique ? Ici ?

O. A-S : J’ai voulu faire un volontariat pour pouvoir acquérir une expérience dans le monde de la culture, mais aussi être sûre de ce que je voulais faire dans la vie car j’étais un peu perdue... J’ai changé beaucoup de fois de vœux d’orientation. J’ai opté pour Django car la dimension musiques actuelles, couplé au reste du projet, m’a tout de suite plu.

Z. M. : Pour découvrir le milieu des musiques actuelles et le travail dans une salle de concert, avec un gros focus sur le travail de proximité, avant ma dernière année de Master et le grand bain de la vie active.

Que vous a apporté cette expérience ? Vous en ressortez grandies ?

O. A-S : L’expérience Django ne vous laisse pas intact je pense. Elle m’a permis de prendre plus confiance en moi et dans ce que je suis capable de faire. J’ai fait des rencontres et vécu des moments qui m’ont touché  au plus profond. Bien évidemment, je sors grandie de cette expérience !

Z. M : Taper plus vite que mon ombre les réponses du questionnaire Django qu’on distribue à chaque date ? Non, plus sérieusement, cela m’a surtout apporté une bonne confiance pour aborder tout type de public, dans tout type de situation, pour faire en sorte que tout le monde se sente comme chez soi à Django.

Un projet, une action en particulier vous a marqué plus que les autres ?

O. A-S : Le choix est compliqué et très honnêtement, il y a plus d’une fois où j’ai eu des frissons, le cœur qui battait fort de bonheur, des étoiles dans les yeux et même la larme à l’œil.

Z. M. : Le théâtre-forum sur la parentalité avec la compagnie Ochisor et le Centre Social et Culturel du Neuhof dans les différentes antennes du quartier. Nous avons mené une petite dizaine de séances sur l’année, et c’était à chaque fois un moment de rencontre très privilégié avec les parents présents, très intéressés par les sujets abordés. On en a tiré une belle relation de confiance, j’espère qu’elle continuera !

Et le Neuhof, ses habitants, son tissu associatif, qu’en avez-vous pensé ?

O. A-S : J’ai découvert le quartier en même temps que je découvrais Django. C’est un quartier où il se passe énormément de choses, dont les habitants de Strasbourg en général n’ont pas forcément conscience. L’image négative que l’on peut avoir du quartier n’est pas la réalité, les habitants sont
chaleureux et géniaux quand on apprend à les connaître.

Z. M. : C’est un quartier très riche, très intéressant, il s’y passe énormément de choses tout le temps... On a eu la chance d’arriver dans les lieux avec des propositions d’artistes qui ont toujours très bien marché : les étoiles dans les yeux de notre public en permanence, il n’y a rien de mieux !

Un message pour nos prochains volontaires ?

O. A-S : Profitez de chaque instant à Django et au Neuhof car le temps passe vite. Prenez soin de la team Django !

Z. M. : On a souvent un emploi du temps intense et certains de nos dimanches sont passés à faire du popcorn pour le CinéDjango, mais c’est
un terrain parfait pour apprendre beaucoup en un an, et c’est toujours dans la bonne humeur. En plus, il y a toujours plein de choses à manger dans le frigo... Miam !

DIFRACTO, DANS TOUS LES SENS

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore Difracto, la sortie de son tout nouvel EP en octobre et les belles dates à venir devraient vite y remédier. Difracto, c’est un son électro moderne, accrocheur, qui nous embarque dès les premières mesures. C’est aussi un travail de l’image, de la lumière, qui déplace sa proposition musicale vers un univers plastique global. Il nous captive, il nous balade, il nous perd. C’est tout ça Difracto, et c’est pour ça qu’on l’aime ! 

Qui es-tu François ? Comment est né ce projet Difracto ?

Je suis né à Strasbourg d’une mère prof et d’un père peintre. J’ai toujours été plongé dans la création, dans l’expérimentation, d’abord avec le dessin, avec la vidéo, la photo, puis avec la musique. J’ai commencé à apprendre le saxophone à 8 ans, puis la basse à 16 ans. C’est à cet âge-là que je me suis aussi intéressé à la MAO. Les possibilités qu’offrent la musique assistée par ordinateur m’ont tout de suite fascinées. Du coup, je me suis mis à tester des tas de choses avec mon ordinateur, à produire des sons, à acheter du matériel. Plus le temps passait, plus je restais sur mes machines. En 2016, j’ai eu envie de concrétiser les choses, de faire vivre mes morceaux, de m’y plonger plus profondément. Parallèlement, j’avais envie d’exprimer ma sensibilité à l’image. J’ai donc fait des expérimentations avec des caméras et d’autres outils vidéo dans le but de créer de la matière visuelle pour illustrer mes morceaux en live. Je dirais que le projet Difracto a démarré à ce moment-là. Quelques mois après, je sortais mon premier EP.

Peux-tu nous décrire ta musique en quelques mots ? Tu t’appuies sur quelles références ?

Ma musique vient d’idées que j’ai au fond de moi et que j’ai envie de concrétiser. Des rythmes, des textures sonores, des mélodies... J’aime malmener le rythme, j’aime changer d’ambiance, j’aime le contraste. J’écoute beaucoup de musique électronique, et tout ce que j’écoute m’influence. Je pense à Moderat, Amon Tobin, Flume, Cotton Claw, etc.

Depuis 1 an, tu fais partie de notre pépinière, aux côtés d’Amor Blitz et de La Bergerie. Beaucoup a été fait en peu de mois. Tu en retiens quoi en particulier ?

Cette année a été riche en expériences. Je retiens qu’il faut prendre le temps pour faire les choses bien, ne pas se précipiter. Et pour ça, les conseils de l’équipe de l’Espace Django ont été essentiels, car lorsqu’on décide de se lancer dans un projet, surtout en solo, il est important d’être entouré. Tu as beaucoup tourné l’été dernier : la fête de la musique place Kléber, le FIMU, la Cabaret Vert, etc., sans oublier l’exposition « Réflexion » à Django.

Quelle dynamique, ça y est, tu es lancé ?

Carrément ! Les choses avancent bien, c’est génial ! Je pense que je commence à trouver mon rythme. J’ai envie de faire énormément de choses. Maintenant, il ne faut pas se précipiter, et prendre le temps de faire les choses bien.

Tu as rejoint par ailleurs en cours d’année le développeur strasbourgeois Tipping Point, que nous connaissons bien car c’est aussi celui de FREEZ, notre ancien pépiniériste. Peux- tu nous parler de votre collaboration ?

C’est aussi grâce à eux, Eli et Charlotte, que j’ai pu faire tout ça l’année dernière. Ils m’ont permis d’avancer dans le bon ordre, de décrocher les aides financières nécessaires à mon développement, de gagner certains tremplins. Tipping Point et l’Espace Django se complètent parfaitement bien pour m’aider à construire mon projet.

Actuellement, tu prépares la sortie de ton nouvel EP. L’occasion de donner une nouvelle orientation à ta musique, de conquérir aussi de nouveaux publics ?

Mon nouvel EP est le fruit d’expérimentations, comme je l’ai toujours fait. J’adore aller sur des terrains que je ne connais pas et me les réapproprier. J’ai hâte qu’il puisse être écouté par tout le monde et d’avoir le ressenti des gens.

D’autres projets à venir en 2020 ?

J’ai pour objectif de continuer à faire découvrir ma musique au public en me produisant partout en France. J’aimerais aussi sortir encore un nouvel EP en 2020. J’aimerais faire de la musique avec d’autres artistes, sous forme de collaborations, et j’ai envie de réitérer le concept d’exposition audiovisuelle, qui regroupe les univers que j’affectionne, c’est-à-dire le son et l’image.

C’EST QUOI ÊTRE ARTISTE ?

Et si l’on donnait la parole aux artistes ? Pour comprendre ce choix d’être artiste. De l’intérieur. Apprendre à mieux les connaître, au travers de leur parcours, leurs convictions, leur mode de vie. Saisir ce besoin de créer, de donner forme mais aussi le rapport à la scène et aux publics. Telle est l’intention d’APARTE, le nouveau rendez-vous de l’Espace Django, lancé le 23 mai dernier avec l’artiste franco-vénézuélienne La Chica. Des échanges sans filtre, ouverts à tous, aux musiciens bien sûr, émergents, confirmés, du coin ou d’ailleurs mais aussi à toutes les personnes curieuses, qui auraient à cœur de répondre avec nous à cette question : pourquoi devient-on artiste ? Eli Finberg (FreeZ, Tipping Point Production, Freestyle Mondays...), lui-même artiste et animateur de ces discussions, revient avec nous sur les origines et l’intention de ce projet.

Pourquoi APARTE ? Pour mettre des mots sur un métier, un engagement, finalement assez méconnu, celui de musicien ?

Il y a tellement de stages, des conférences et des tables rondes autour de tous ces éléments qui entourent la musique (la communication, l’image, la promotion, le booking, le streaming, les synchros) que ça nous semblait très important de reparler de l’artistique, la base de ce métier. Oui, un artiste indépendant doit savoir faire plein de choses aujourd’hui, mais ce qui nous intéresse dans ces échanges, c’est de remettre la musique et l’artiste au centre.

C’est vrai que les artistes évoquent assez peu ce qui les animent, la radicalité quelque part de leur trajectoire et les conséquences qui vont avec, pas toujours simples malgré des moments merveilleux. C’est important à tes yeux ?

Le public voit les moments visibles (sur scène, les clips, les interviews, les images en studio) mais rarement tout le boulot invisible qui prend plus de temps, qui est moins glamour et qui peut être très dur (composition, répétition, tournée, remise en question, rejet). Et puis les artistes acceptent de vivre à un autre rythme (travailler le jour et la nuit, en semaine et week-end, en hiver et en été). Mais le choix d’être artiste paraît souvent comme une évidence. On accepte les sacrifices car nous ressentons profondément ce besoin de créer, de jouer et de partager.

Comment s’est passé le 1er APARTE ? La Chica était à l’aise pour parler d’elle, de son travail, de ses doutes, de ses succès et plus largement de sa place dans la vie d’aujourd’hui ?

Je trouve qu’on ne pouvait pas imaginer une meilleure première. Je suis très content de la manière dont ça s’est passé. La Chica était très à l’aise. Elle nous a parlé sans retenue de tout ce qui est relatif à son art, sa création, ses joies et ses doutes en tant qu’artiste. Elle a un parcours très intéressant, ayant accompagné d’autres artistes sur scène pendant des années avant de se lancer avec son propre projet. En bonus, elle nous a ouvert la jam session qui a suivi notre échange.

Un vrai moment de partage ! Les participants ont apprécié ce moment tout en confidences ?

J’ai eu plusieurs commentaires en ce sens, oui. Il y a eu des artistes, des gens qui travaillent dans la culture, des mélomanes et des curieux.

Les musiciens présents dans la salle sont ressortis rassérénés et motivés, unis dans une même vocation ?

J’espère que cet échange a permis aux artistes présents de sentir qu’ils appartiennent à une même scène, une même famille. C’est aussi l’occasion de se sentir moins seul, de rebondir sur des mots, des idées pour mettre en perspective son propre parcours.

D’autres APARTE sont prévus ce trimestre ? Tu peux nous en dire plus ?

Oui, c’est un rendez-vous que nous souhaitons reproduire régulièrement. Il y a une place pour ces échanges et quand nous trouvons des artistes qui ont à cœur de partager leurs expériences, nous souhaitons inclure le public dans ces échanges.

Et toi Eli, qu’est-ce qui te pousse à vivre de ton art, l’écriture, le rap ?

J’ai toujours été touché et fasciné par la musique. Je ressentais un lien spécial avec certains artistes dont j’admirais les chansons et les textes. Quand j’ai commencé à vouloir exprimer certains sentiments, certaines convictions, c’est naturellement sous forme de chansons que je l’ai fait. Quand l’inspiration arrive, on choisit de la suivre ou de l’ignorer. Ça me réjouit de la suivre et ça me contrarie quand mes obligations du quotidien prennent le pas sur ces moments magiques de création.

Aucun regret, aucun remords donc ?

Juste pouvoir trouver plus de temps pour créer, me dédier pleinement à la partie artistique de mon métier. En tant que musicien indépendant, je porte plusieurs casquettes et je dois jongler entre l’écriture, la répétition, le booking, le management, la com et la scène. Mais en même temps, je ne pourrais pas imaginer ma vie autrement...

DERBY GRAND EST : ON N’A PAS LE MÊME MAILLOT MAIS ON A LA MÊME PASSION !

En mars dernier, nous avons organisé en partenariat avec l’Autre Canal de Nancy notre première soirée « Derby Grand Est ». Lors de l’édition chez nos voisins lorrains, les groupes strasbourgeois FREEZ et Encore avaient été accueillis par les locaux de M.A Beat. Pour le match retour à domicile, c’est Hermetic Delight qui a reçu Taxi Kebab et Ippon dans un moment découverte des bonnes saveurs de notre région. L’occasion de défendre la scène émergente et d’encourager la circulation de nos artistes à travers tout le Grand Est. Retour avec Henri Didonna, directeur de l’Autre Canal, sur cette initiative et les perspectives qu’elle offre. 

Les soirées Derby sont nées avec la réforme territoriale et commencent à se multiplier aujourd’hui. Quel regard portes-tu sur ce concept dédié aux artistes émergents de la région ?

Nous savons tous qu’il est très difficile, pour les artistes que nous soutenons, de donner des concerts en dehors de leur territoire de proximité. Nous avons pour missions de les aider à circuler, à rencontrer de nouveaux publics. Il est donc indispensable de mettre en œuvre toutes les initiatives qui iraient dans ce sens. En l’occurrence, à l’échelle de la Région Grand Est qui devient un formidable terrain de jeux, nous nous sommes inspirés de deux initiatives existantes : les Derby Club à la Cartonnerie et Front de L’Est (un échange avec la BAM à Metz). Il est vraiment important de trouver toutes les solutions possibles en faveur des artistes émergents et ce type d’échange, entre salles du Grand Est, est pertinent.

Notre envie de travailler ensemble autour de ce projet a été rapide. Comment se sont construites ensuite les programmations ?

Les programmateurs de chaque salle savent qu’ils ont ce type de soirée potentiellement réalisable et donc, sans obligation, sans pression, ils attendent le bon moment pour l’envisager. Pour les groupes émergents, le bon moment c’est une release ou une sortie de création. Autour d’un tel temps fort, à eux aussi d’inventer un plateau qui fédère les énergies et talents des deux lieux. Les artistes ont semble- t-il tous apprécié cette rencontre musicale dans un nouveau contexte.

C’est aussi ça le plus des Derby ? Rapprocher nos groupes au sein d’une scène commune ?

Tout à fait, le point fort de ces Derby, c’est LA rencontre. Rencontre entre des artistes, des acteurs de l’entourage, voir des équipes.

Il paraît même que tu as redécouvert chez nous un groupe de chez toi ?

Oui j’étais passé un peu « à côté » du groupe Ippon que j’avais vu chez nous et là j’ai vraiment trouvé leur projet intéressant... A suivre donc !

Lors du Derby à Django, vous êtes venus avec toute une délégation lorraine. Tes collègues mais aussi vos partenaires et quelques professionnels de la musique. Une façon aussi de faire circuler la filière au sens large ? En vue peut-être de nos publics demain ?

Toujours ce souci de rencontre. Je suis fan du projet et de l’équipe de Django, j’avais donc envie que nos équipes puissent échanger : c’est forcément productif. Par ailleurs, amener avec nous quelques acteurs de la filière, c’est une logique de travail en réseau à l’échelle du Grand Est.

Des idées pour continuer à améliorer ce format, en faire un rendez-vous incontournable de notre région ?

Pas forcément une tournée mais une marque, une posture des acteurs pour « faire Grand Est », pour multiplier les occasions en salle ou en festival de mettre en avant la scène Grand Est. Nous travaillons collectivement sur un nom, il faut réfléchir à tous les éléments qui invitent, au- delà de l’artistique, à fédérer du public autour de ce concept.

LES VERSUS DE PELPASS

Du 12 au 14 mai dernier, les groupes strasbourgeois Schnack (transe rock) et Cheap House (électro band) ont préparé à Django leur « versus » (programmé à Django le 14/11), présenté le samedi 18 mai à l’occasion du Pelpass Festival. Chaque année, cet événement fait la part belle aux artistes du coin à travers ce projet original qui consiste à organiser leur rencontre musicale sur scène. De quoi les souder encore un peu plus et donner à entendre aux publics une série de morceaux revisités. François-Xavier Laurent, chargé de communication de l’association Pelpass, revient avec nous sur les origines et les intentions de ces versus. 

Comment est venue l’idée des versus ?

L’idée des versus est venue lorsqu’on a fêté les 10 ans de l’association (les prémisses du Pelpass Festival). À l’époque, on avait envie d’inviter tous les copains croisés sur les 10 dernières années pour faire la teuf ensemble. Mais il y en avait un peu trop, donc on s’est dit qu’on pouvait les inviter à jouer ensemble ! Ça a donné des Adam & the Madams vs Dirty Deep, 100% Chevalier vs Pauwels, etc. Cette idée nous faisait bien délirer et les groupes ont commencé à nous proposer d’eux-mêmes des projets versus. On a donc voulu pousser ce concept un peu plus loin en proposant un vrai accompagnement avec des résidences et des captations vidéos. Ça s’est pas mal développé au fur et à mesure, et on est maintenant à 13 versus sur 3 éditions du Festival. Cette année, on a même poussé au Grand Est avec des groupes qui venaient également de Reims et de Nancy.

Une façon de rapprocher nos artistes locaux en croisant leur pratique respective ?

C’est super intéressant de voir le résultat de ces versus, ça a donné à chaque fois des projets bien différents. Parfois, c’était simplement deux groupes qui venaient jouer les morceaux des uns des autres, en formation plus « fat ». Parfois, on avait des hybrides, avec des créations faites uniquement pour le Festival. Et plus récemment, on a de vrais groupes qui se sont créés. Je pense notamment à Ian Caulfield et Flo Chmod qui ont fait leur versus cette année, ils ne se connaissaient pas du tout avant de travailler sur ce projet, on les a fait se rencontrer et ça a super bien matché entre les deux ! À la base, ils ont chacun un projet solo et font de la musique plutôt mélancolique. Là, ils voulaient se lâcher et ça a donné un duo punk rock qui envoie bien. C’était vraiment chouette de voir qu’une toute nouvelle dynamique s’était créée entre les deux.

Lors du Festival, vous avez programmé 4 versus. Pourquoi ces groupes ? Comment se sont construites les combinaisons ?

Au début, on proposait nous-mêmes les versus directement aux groupes mais au fil des années, on a eu de plus en plus de propositions venant d’eux- mêmes. Ça se fait un peu en fonction de nos envies et des motivations des artistes ! Cette année, on avait deux projets qu’on devait faire l’an dernier et qui n’avaient finalement pas pu avoir lieu. On les a donc reconduits cette année : Notilus vs Albinoïd Sound System et Les Garçons Trottoirs vs Les Bredelers. Se sont ajoutés à ça Schnack vs Cheap House. Pour le coup, l’idée venait d’eux. Ils sont venus me voir à la rentrée pour me dire qu’ils étaient vraiment motivés à proposer un truc en commun, ils en avaient parlé entre eux et ce sont des projets qu’on a déjà fait jouer, qu’on aime beaucoup, ça nous paraissait donc logique de leur laisser une place. Enfin, pour Ian Caulfield vs Flo Chmod, ça s’est fait un peu différemment. On a fait jouer Ian sur Paye ton Noël cette année et on a adoré son projet. En parallèle, on avait une réflexion sur le fait d’étendre les versus locaux au Grand Est. On avait commencé des discussions avec le Polca (Pôle musiques actuelles de Champagne-Ardennes), qui nous avait proposé pas mal de groupes de Champagne, dont Ian. On a donc construit le versus autour de ça. Ensuite, on a cherché des artistes de Strasbourg avec qui ça pouvait coller et on a pensé à Flo Chmod. Julien du label Deaf Rock a pris le relais pour leur permettre de faire leur créa et coordonner le tout.

Cette année, des résidences ont été organisées en amont du Festival dans plusieurs lieux strasbourgeois. Pourquoi cette nouveauté ? Tu as senti la différence sur scène ?

Pour cette édition, on avait envie de plus accompagner les groupes sur ce projet. Puisque le principe, c’est de faire une création, il nous paraissait logique de proposer une résidence. Bloquer un temps pour permettre aux groupes de travailler en salle, dans des conditions techniques optimales. On a alors rencontré des acteurs avec qui on avait envie de travailler et ça a débouché sur des collaborations avec l’Espace Django, le PréO à Oberhausbergen et les Studios Mascarons. Ce qui a été chouette, c’est de voir que du côté des lieux, il y avait un réel engouement à recevoir ces projets. Ça a créé de belles synergies car même si on se connait très bien, on n’a pas toujours l’occasion ou le temps de travailler tous ensemble et de pouvoir échanger autour de projet qui nous rassemble. Tout ce travail s’est ressenti sur scène, les groupes étaient très à l’aise dans l’exercice et il y a eu de nombreux morceaux « inédits ». Ils ont eu plus de temps, plus de moyens aussi pour se concentrer sur la création, l’échange artistique, et ça s’est vu/ entendu !

Quels sont les retours du public devant ces concerts hybrides ?

On a eu beaucoup de bons retours sur les concerts à chaque fois. J’ai tout de même l’impression qu’une partie du public n’a pas tout à fait cerné que ces projets jouaient exceptionnellement ensemble le temps du Festival. Ils les voient comme des groupes à part entière, c’est donc pari réussi ! Pour les autres, je pense que ça intrigue quand on connait les groupes de base, voir ce que la rencontre des deux peut donner. C’est une idée qui plaît bien en général.

Les groupes continuent-ils à travailler ensemble une fois le versus terminé ?

On ne veut rien imposer aux groupes. On aimerait beaucoup que ces projets se développent mais avec des emplois du temps bien chargés, j’imagine que ce n’est pas toujours évident d’accorder les agendas de 7 ou 8 personnes (parce que deux groupes ensemble, ça fait souvent un paquet de musiciens !). Par contre, ça donne des idées à plus d’un, je sais par exemple que Petseleh, après son versus avec Joy & Glory en 2017, a beaucoup plus travaillé son projet en « full band ». Cette année, Notilus vs Albinoïd Sound System devrait avoir quelques dates la saison prochaine. Je sais également que Schnack vs Cheap House voudraient réitérer l’expérience et ça ne m’étonnerait pas qu’on les recroise dans le coin un de ces quatre. Pour ce qui est de Ian et Flo, c’était un peu particulier encore une fois puisqu’ils ont vraiment créé un groupe à part entière, avec des idées plein la tête : enregistrer un disque, essayer de faire tourner le projet, etc. Rien de sûr pour l’instant mais c’est chouette de savoir que ça crée des envies et des réflexions comme celles-ci.

Un versus en particulier a-t-il marqué les esprits cette année ?

Je ne pourrais pas vraiment dire qu’un versus en particulier nous a marqués, ils proposaient tous des choses complètement différentes, entre de l’afrojazz, du math-rock- techno, un bass-batt punk, un mix de chanson française et de punk alsacien... Chaque projet avait sa particularité. Ce que l’on peut en retenir, c’est que les musiciens étaient ravis de participer au Festival et de le faire en versus. Du point de vue du public, certains ont préféré l’un ou l’autre mais ils ont tous été bien accueillis. C’était une belle réussite sur cette édition !

Le Chant Des Immeubles disponible sur l'application GOH !

Une vingtaine d'habitants du Neuhof ont participé en mai 2019 à un projet de création sonore avec l'artiste Gaetan Gromer des Ensembles 2.2, baptisé le chant des immeubles. Celui-ci se concrétise par des témoignages, des chants, et les différentes vibrations qu'émettent les immeubles, qu'on retrouve dans une application pour smartphone nommé GOH.

Tout lieu possède une identité composée d’une acoustique unique. Les matériaux, la densité du bâti, sa fonction, son implantation, son histoire lui attribuent des caractéristiques particulières. Gaëtan Gromer fait donc chanter les immeubles grâce à une technique d'enregistrement inspirée des travaux d'Alvin Lucier. Pour que nous puissions entendre les fréquences de résonances naturelles des lieux ainsi obtenues, il a conçu une application pour smartphone que l'on peut télécharger gratuitement nommé GOH. Concrètement, lorsque nous nous trouvons à proximité des immeubles concernés par le projet, nous sommes géolocalisés et nous entendons alors du son. Quand nous nous approchons d'un immeuble, nous l'entendons "chanter" un son tenu très long qu'on appelle un bourdon. Quand nous sommes à proximité de deux immeubles, ils "chantent" tous les deux et ainsi de suite à la manière d'une chorale. Nous percevons également la voix des habitants chantant des bourdons qui se combinent à ceux des immeubles qu'ils habitent. Tout cela forme les éléments d'une grande composition que l'utilisateur peut diriger en se déplaçant librement dans l’espace, 24h/24, 7j/7.

Venez vous balader dans le secteur du 29 allée Reuss pour écouter les immeubles chanter et découvrir les différents témoignages !

Radio Panier au concert caché à la ferme de la Ganzau : les podcasts !

Le concert caché, c’était le 14 mai à la Ferme éducative de la Ganzau avec l’artiste Vurro et c’était tout simplement extra.

Pour immortaliser ce moment et prendre la température auprès des spectateurs, Radio Panier s’est glissée parmi la foule. Le principe : un micro et une mini table de mixage, le tout transporté dans un panier ! Quoi de plus pratique ?

Au micro, Ivan Vollet et Bernadette Nguyen, les deux animateurs radio amateurs qui ont joué le jeu durant toute la soirée pour nous donner à entendre quelques bribes de commentaires d’un public surpris, mais a priori ravi.

Pour retrouver les podcasts de la soirée, c’est par ici :

Partie I : Du parvis jusqu’au bus 

Partie II : Dans le bus

Partie III : Le lieu mystère 

Partie IV : Les moments inoubliables 

Et si vous souhaitez le revivre en images de l'intérieur :

 

Rendez-vous au dernier trimestre 2019 pour le prochain concert caché. On vous réserve encore plein de surprises !

L’interview « ni relue ni corrigée » : Sébastien

Emma : Ne t’inquiètes pas, ça va bien se passer ! Alors, j'ai dix questions, tu en choisis cinq. Elles sont numérotées de un a 10, tu me diras quel numéro tu veux. Est-ce que tu peux déjà commencer par te présenter rapidement ? 

Seb : Bonjour, je m’appelle Sébastien, j’ai 41 ans et je suis content d’être à Django ! [rires]

E : Très bien. Alors prochaine question : entre 1 et 10, dis-moi ?

S : euuuh, 5

E : décris ta soirée typique ici !

S : Alors ma soirée typique …. boire des bières [rires] ! J'aime bien être au bar. Et puis aussi faire un tour de temps en temps pour écouter la musique.

E : Très bien, deuxième question !

S : Hum, 7 !

E : Une bonne fois pour toutes, C’est qui ton ou ta préférée dans l’équipe ? 

S : Bah c’est Emma, c’est la patronne ! [rires]

E : Bien joué ! Très bonne réponse. [rires] Troisième question…

S : … 9

E : Le plat que tu fais pour épater tout le monde ?

S : Alors c’est un curry de brocolis thaï avec du riz !

E : Wouw, simple, efficace. Et quatrième question ?

S : Allez, la 10

E : Ton co-plateau de rêve à Django ?

S : Euh... c'est quoi un co-plateau ?

E : En gros, c'est les deux artistes que tu rêverais de voir à Django. Ceux qui, quand tu vois dans le programme tu te dis : Wouah c’est pas vrai, ils les font venir !!

S : Hum…  [longue hésitation] C'est une colle !

E : Ouais c'est dur... mais tu as le droit de réfléchir !

S : Qui j’aimerais voir … Jain ? ça se serait un gros kiff ! Et le deuxième ... hum... une que j’aime bien c’est Eléna Caona. Je ne sais pas si elle tourne encore... 

E : Ah, Jain, on a failli la faire venir pour une de nos premières dates, mais c'est tombé juste sur le moment où elle a explosé... elle est devenue trop chère ! Et dernière question ?

S : La une !

E : Quelle est ta tâche principale ici ?

S : Euh, le bar, souvent ! J’aime bien. 

E : Super, merci beaucoup pour la micro-interview, et bientôt ! 

MAI - BIGGER + JOHNNY MAFIA - 29.05.19

Après la Jam et le Noël kenyan offert par Muthoni, on accueillait le concert de Bigger + Johnny Mafia. 

Les rockeurs, vous faites chier. 

Nan mais voilà, c’est dit hein. 

Et que ça chouine, et que rock is not dead, et que la vraie musique gneugneugneu, et quand on vous fout un concert de rock dans les pattes, y’a personne. Ah bah oui mais bon, eh, faut sortir le soir après le bureau, si on veut assumer d’être un rebelle !

 

Bon, bref, le rock, ça prend pas des masses à Django. Les bénévoles O.G (j’essaie de m’acheter une street cred) se souviendront du concert presque désert de The Jacques (ou Les Jackeuss’ avec l’accent), ces ados anglais bourrés comme des poires captives et pas foutus d’accorder leurs guitares eux-mêmes (même sur scène) qui nous avait tout de même régalé d’un set de 45mn brouillon et kiffant comme des traces de doigts plein de gras de frites sur un cornet en papier barbouillé de ketchup.

 

 

Comme le rock anglais ça avait pas trop payé, on a misé sur le rock français avec un co-plateau qualitatif du feu de dieu composé de Bigger et Johnny Mafia. Dispositif Iceberg, Eurocks, Décibulles, tout ça. It’s called fashion, look it up.

Du coup, ouais, on avait vraiment envie… mais pas vous. 8 préventes à J-7.

Inutile de vous figurer à quoi ressemble un concert de rock avec 8 personnes dans une salle, on l’a déjà assez fait, et ça fait mal dans tout le corps tellement c’est triste et nul. On a envoyé des mails, fait des publis, je vous ai enfoncé et martelé l’info dans la tête comme un lego dans le crâne de mon petit frère y’a quelques dizaines d’années, enfin, on a fait ce qu’on a pu. Eeeeet ça a (un peu) payé. Les préventes sont montées au nombre vertigineux de quelque chose comme vingt ou trente, alors on a serré les dents, carré les épaules, et on a foncé dans le tas. En sortant quand même les gradins pour pas faire trop vide.

Côté bénévole, c’était le grand retour de Baya, parce que OUI, Baya n’était pas là aux DEUX DERNIERS DATES, voire peut-être même trois, je sais plus trop, mais en tout cas il était pas là pour cause de tournée internationale à Nancy avec les Fat Badgers, et pour se faire pardonner, il a décidé de nous faire des smoothies. Ouais, allez savoir.

 

Bon en tout cas, Bigger c’était trop classe, je voyais pas trop ce qu’ils voulaient dire dans les articles par « pop anglaise sombre et lumineuse » mais je dois dire que c’était du rock qui se rapprochait de la pop-rock anglaise, sombre mais lumineuse. Euh voilà, je bosse pas pour Gonzaï moi.

Le chanteur faisait des têtes de type intolérant au lactose et qui se serait enfilé un St Nectaire, mais c’était cool. Un peu Franz Ferdinand, un peu Arctic Monkeys, joli beau.

Ensuite, Baya nous a fait des smoothies. Avec un mixeur. Ramené de chez lui. Oui oui. Mûres ananas, voilà. C’était très bon, un peu épais, et on avait tous des graines noires coincées entre les dents pendant une heure ensuite.

 

Sur scène (oui parce qu’on met pas encore – tout le temps- Baya sur scène), ça enchainait sur Johnny Mafia. Et si Django avait repris des couleurs la semaine précédente avec le concert de Muthoni, là on a carrément était propulsé dans une autre sphère. On peut à présent le dire : ce mercredi 29 mai à Django, avec une quatrevingtaine de personnes dans la salle, a eu lieu le sacro-saint duo de tout bon concert de rock : pogo ET slam..

 

Oui, avec un groupe de 10 à 15 personnes portant (littéralement) le tout. C’était dingue dingue dingue.

En ressortant du concert, entre deux gobelets à essuyer et un bout de tarte à la fraise (jk, elle a été englouti dès le catering), on a parlé boulot avec Guillaume. Galères et stress, peut-être, mais aussi ce moment d’épiphanie qui est arrivé un jour au moins à tous ceux qui aiment leur taff, cet instant de lucidité beau comme une bille où l’on se dit « Mais… c’est mon boulot. En vrai. C’est ça, mon boulot. »

Et je ne saurais pas vous décrire la sensation exacte que c’est d’entrer dans la salle déserte, l’odeur-souvenir comme quand on revient dans son école primaire et qu’on avait oublié que l’on se souvenait de cette odeur très précise, la vision de la scène vide avec ses dernières traces de pas collées encore dessus, la fraîcheur d’obscurité,  le craquement timide du plancher sous mes baskets qui crissent et le bruit mat de la porte qui se referme derrière moi. Il y fait un silence de nuit et l’odeur du café se mêle à merveille à celle des pendards tout poussiéreux de poudre à fumée.

Alors, oui, des fois je râle.

Je critique dans mes mails, je proteste et vitupère en vrai, contre les artistes, le public, moi-même, la météo, l’odeur du produit vaisselle ou la place des éponges, mais, eh, sachez tous ce qu’il en est vraiment : tous le stress et la fatigue du monde valent bien un endroit dont l’odeur vous fait le même effet que celle de vos souvenirs d’enfance.

 

 

Allez, bisous les pinsons doux.

MAI - Jam Session & Muthoni Drummer Queen + La Chica - 23 et 24.05.19

Jam Session : 23.05 

Je vais essayer quelque chose : décrire la soirée en autant de mots qu’il y avait de participants.

Raté. 4 mots de trop.

 

Voilà.

Sinon, le lendemain on avait Muthoni Drummer Queen & La Chica, le vendredi 24. Et j’ai pas pris de notes, alors je vais y aller au talent. 

On commençait à avoir pas mal de concerts dans les pattes, on avait passé la plus longue soirée du monde la veille avec une jam déserte, autant dire que même avec tout l’amour qu’on portait par avance à Muthoni et La Chica, on y allait la tête un peu lourde. Les préventes étaient moins tristes que les précédents concerts, mais la perspective du concert de la semaine qui suivait, Bigger + Johnny Mafia et ses 8 billets achetés, venait jeter de l’ombre au tableau.

 

 

Je me suis changée les idées en m’appliquant sur la préparation des loges (sans plastique jetable, svp – merci pour les petites bouteilles en plastiques, gobelets et bouteilles de sodas habituelles, j’en ai bien ch*é) en faisant des petites story instagram, ce qui a évidemment multiplié le temps de travail par deux. Mais eh, qu’est-ce qu’on ferait pas pour des petites réactions de followers hein ? #influenceuse

 

 

Bon bref, entre deux Boomerang flatteurs de bols de noix de cajous recyclables, y'a eu de la vie dans le reste de la salle. Muthoni avait des balances de 3h, elle avait la flemme en legging gris et ses sound-check étaient légers.

La Chica, elle, on la connaissait déjà vu qu’elle avait fait notre premier « Aparté » la veille : elle était contente de revenir et elle portait le tshirt Django qu’on lui avait offert (et elle m'a fait un grand sourire et un câlin en me disant bonjour c'étaittropmacopinehiiiii).

Avance rapide jusqu’au concert ?

La Chica c’était trop beau. On s’était motivés à shaker du booty revendicatif pour Muthoni mais La Chica a mis tout le monde d’accord avec son set. Un peu long à démarrer, y’en a qui se regardaient un peu dans le blanc des yeux en se demandant ce qui se passait entre danse contorsionnée et explications de texte, mais au final elle a embarqué le public et je dois dire que les titres que j’ai vu étaient saisissants. Elle, centrale sur scène avec son tshirt orange flash, noyée dans la fumée mauve, et la révèrbe un peu mystique, ça en jettait grave.

 

 

Ensuite, Muthoni Drummer Queen a débarqué, habillée en cosmonaute martienne sexy, et a tout déchiré.

 

Je saaais, j’étais un peu bougon dans les derniers récaps (eh oh, ça va hein), mais là c’était vraiment une bonne date kiffe.

Y’avait des danseuses, des canons à paillettes, de gros drapeaux et Max et la team bar VIP du NL ont débarqué juste après le début du concert pour évacuer leur stress, ça fusait dans tous les sens, du gros boom-boom et des discours revendicatifs, c'était trop coool. On avait aussi un groupe de collégien.nes qui étaient venus assister au concert et manger avec nous (Face A Face B, vous savez bien, roh) et elles étaient comme des dingues à danser devant la scène et chanter. Elles ont débarqué à la fin du concert avec une affiche à faire dédicacer à Muthoni avec moults cris d'offraies : c’était Noël.

 

Je saurais pas trop quoi dire d’autre, vu que j’ai oublié mes notes et que la date remonte quasi à 15 jours, mais tout le monde était trop content, La Chica aux anges, Muthoni ravie tant par l’accueil que par le public et par l’idée générale du projet dont Ben lui a parlé parce que son engagement, c'est pas pour du semblant, enfin bref, nos deux artistes ont ensuite posté des photos ensemble sur Insta, on a eu mille remerciements et même des petits messages de love le lendemain, alors même si elles m’ont fait déballer les tups alus que les bénévoles avaient rangé à minuit passé, je les pardonne magnanimement. Ça nous avait manqué de voir Django comme ça.

MAI - Le Concert Caché - 14.05.19

Que je vous en dise un peu plus sur moi (la meuf a un souci d’ego ce matin – non promis, c’est pour améliorer l’effet littéraire [par contre le dédoublement de pensée, c’est tellement parce que c’est la saison des Gémeaux] – hm, bon je reprends), que je vous en dise un peu plus sur moi, donc. 

 

J’aime quand les post-it sur mon bureau sont tous de la même couleur. Les listes à puces c’est ma passion. Je suis capable de prévoir le menu de Noël en août. Je suis du genre à réserver une place de TER 3 mois à l’avance sur un trajet en semaine. Je ne marche pas sur les grilles d’égout au cas où elles céderaient et je suis rarement capable de poser mon pied à cheval sur deux couleurs de pavé différentes. Je ne vais jamais au supermarché sans une liste de courses, j’ai régulièrement des bouffées de chaleur quand je m’applique trop en mettant du mascara. Je déteste quand je surligne des choses et que le fluo fait baver mon stylo. Du coup, la plupart du temps, je fais d’abord le trait au fluo puis j’écris par-dessus. Des fois j’angoisse le samedi parce que je me suis levée trop tôt pour faire plein de choses et que je devrais me reposer. Quand je me lève tard, j’angoisse parce que je viens de perdre 2h de ce précieux week-end à dormir. J’ai une playlist de « bruit rose » que je mets à fond dans mes écouteurs et une appli de gestion du stress.

Bref.

J’ai des petits soucis d’anxiété au quotidien. (… ce qui ne m’empêche pas d’oublier mes clefs, de perdre ma CB trois fois par semaine, de ne jamais avoir deux chaussettes assorties et de laisser traîner mes affaires partout).

Enfin, après ce point, plongeons nous dans le déroulé de la journée du Concert Caché.

Tout commençait tranquillement à l’Espace Django en ce mardi 14 mai.
Je suis arrivée dans un hall aux portes vitrées grandes ouvertes sur le patio, on entendait le bruit du vent dans les feuilles et ça sentait le café tout chaud. On se serait cru un matin de vacances. J’étais contente. C'était complet et puis y’avait rien à préparer vu qu’on n’était pas à Django (Concert Caché, duh).

Et ensuite... une journée de boulot dans les pattes, 17h arrivant accompagné d’un petit mal de crâne persistant et de la douloureuse réalisation qu’on était que le deuxième jour de la semaine, bah… tout ça, ça m’a un peu soufflé.

Pourtant j’adore les concerts cachés. Les gens sont tous déboussolés, ça lance des hypothèses en espérant sans trop y croire, et l’ambiance de colo dans les bus est assez cool. Et puis je savais que ça allait marcher, les gens seraient surpris et trop contents, la météo était de notre côté, en gros, la soirée idéale pour quelqu’un comme moi qui aime « viser juste ».

Ah oui parce que je sais pas si vous savez, mais j’aime quand c’est à peu près bien fait et que tout le monde est content.

On a reçu tout le monde à Django, y’avait, comme toujours, deux clampins qui avaient pas de billets et qu’on a réussi à faire entrer quand même parce qu’on est trop gentils, puis le temps à patienter en se regardant un peu dans le blanc des yeux, et enfin le trajet en bus avec Henri qui hurle « EEEEEEEEEH [insérer phrase habituelle ici] !!! ».

On finit par arriver au lieu-surprise, au milieu des arbres, de vieux bâtiments à colombages et de bottes de pailles : la Ferme éducative de la Ganzau.

Ciel lavande et pêche melba, tout le monde s’éparpille, ça sent la tarte flambée, le feu de bois, la paille, les bébés lapins nous lèchent le bout des doigts, y’a des dindons, des cochons, des moutons, tous les animaux en -ons du monde, c’était beau.

... Mais il faisait un peu froid, zut. On aurait peut-être du prévenir les gens...? Et puis ils attendent longtemps, ils vont pas avoir trop froid ? Oh, et Henri me hurle dans les oreilles et postillonne de partout, bon, c’est dans combien de temps le concert, les gens vont s’impatienter nan ? Et je tourne en rond, et on a pas le détail de qui peut manger quoi en demandant à qui et en quelle quantité, est-ce que je demande, j’demande pas, j’ai même pas de veste Django, merde, comment je fais, et puis pour une bière, oh nan quand même, j’vais pas gratter une bière, imagine ils me demandent de la payer, bah oui ils me connaissent pas ils m'ont jamais vu, et j’ai pas d’argent sur moi, j’y ai pas pensé, mais mince j’suis trop bête, ah, ça y est, on ouvre la grange.

La grange, là où y’a le concert quoi !

C’est beau, bien éclairé, les gens prennent plein de photos et Vurro, l’homme au crâne de vache, débarque. C’est trop fou, ça tombe trop bien, et quand il se met aux claviers et lance son rock’n roll en frappant le rythme sur les cymbales de ses cornes, on pouvait se dire qu’on avait réussi notre pari.

Oui mais voilà.

L’espace scène est étriqué. Tout le monde ne voit pas. En fait, à part les gens sur les deux premières lignes, personne ne voit. Et je m’y connais, en concert qu’on voit pas, j’fais 1m60. On devrait faire quelque chose. On devrait faire quelque chose non ? Ils ont quand même payé pour voir un concert, non ??? Et ils le voient pas, faut faire quelque chose. Eh, oh ?! Non ??

Je commence à tourner en rond comme un (petit) requin (joufflu).

Ça m’énerve. Ça me stresse.

Je vois les gens s’agiter, se mettre sur la pointe des pieds.

Je finis par repérer des palettes et embarque 3 volontaires avec moi pour les empiler. Hop, palettes prises d’assaut par les spectateurs.

Ça m’énerve.

Ça prouve qu’il y avait un souci.

Requin joufflu requin joufflu requin joufflu.

Et bon, maintenant… personne ne danse. Pourquoi personne ne danse ? C’est du rock’n roll, et tout le monde reste planté là, dansez les gens, allez !!!

Ça m’énerve, ça me stresse.

Pourquoi rester là à regarder (et pas bien voir !) un type qui joue, il joue pas pour que vous restiez en rond autour de lui, non?

Le concert finit sans qu’on ait réussi à lancer un vrai mouvement de foule.

C’est nul, ça m’énerve, ça me stresse.

Et puis faut partir et les gens comprennent rien, partent trop tôt, on leur dit de revenir mais le bus arrive finalement en avance, donc ils repartent aussitôt dans l’autre sens, et en fait y’a pas deux bus comme prévu, y’en a qu’un, et pas au bon horaire et certains qui avaient la flemme d’attendre sont partis à pied, et mes bénévoles replient tout et ne peuvent pas partir, Ben ne peut pas me renseigner parce que lui s’occupe de l’artiste, Pierre et Mourad ont bougé, il fait nuit, requin requin requin, et qui les raccompagne, hein, il fait froid maintenant, on est plus rien qu’une poignée d’idiots là à tout replier, à l’autre bout du Neuhof, et comment on fait maintenant, pourquoi personne m’a prévenu, c’est pas ça qu’on avait dit, si on faisait comme on avait prévu, y’aurait pas eu de soucis, et personne n’est joignable et j’ai envie de chouiner mais je vais pas m’afficher comme ça quand même, mais putain pourquoi personne ne fait comme on avait dit ???

Les bébés lapins dorment, je peux même pas leur faire des câlins, j’ai envie d’aller me coucher, de taper du pied, de chouiner un peu et beaucoup même, ce concert c’était nul, les gens ont même pas dansé à quoi ça sert un concert de rock où personne ne danse ???

Je suis rentrée chez moi en boudant, en tirant la gueule, en râlant et pleurnichant, et oui ce sont des choses différentes et j’arrive à toutes les faire simultanément et très bien.

Voilà, le concert caché c’était super, allez lire l’article Rock’N Fool dessus, il est bien fait. Moi j’ai trouvé ça nul. Mais c’est parce que moi aussi j’suis nulle des fois.

 

L'interview "ni relue ni corrigée" : Félix

Emma : Comme je te l'expliquais, tu as dix questions, tu en choisis cinq au hasard en répondant au tac au tac. Tout ce que tu me dis est recopié, et ce ne sera ni relue ni corrigé. Est-ce que tu peux déjà te présenter rapidement ?

Felix : eh bien je suis Félix, j’ai 20 ans, je suis étudiant et je suis bénévole à Django depuis deux mois.

E: Première question : entre 1 et 10 ?

F : bah 1 !

E : Quelle est ta tâche à Django ?

F : Sortir les drapeaux [rires] ! C’est vraiment quelque chose que je fais tout le temps. Je les sors et je les rentre. Et puis je me trompe, alors je les re-rentre et puis ensuite je les ressors … et voilà !

E : Gros fun ! Prochaine question ?

F : La 3 !

E : C’est quoi le dernier son que tu as écouté ?

F : C’est euh… La non demande en mariage de Georges Brassens. C’est pour ça que je la chante aujourd’hui ! Hier je me baladais dehors, et il y avait une fille qui jouait de la guitare dans la rue et qui jouait ce morceaux trop trop bien. Du coup je me suis posé et je l’ai regardé joué, c’était trop beau ! Et depuis je l’ai en tête….

E : Cool ! 3ème question ?

F : La 4 !

E : Comment en es-tu arrivé à faire du bénévolat chez nous ?

F : Hum…. Alors je faisais déjà du bénévolat dans d’autres structures culturelles. Quand je suis venu écouter le concert du groupe Hot 8 Brass Band ici, j’ai vu une affiche avec indiqué dessus “ je suis bénévole, ne m'engueulez pas si je sers mal les bières” et du coup j’ai demandé à une bénévole s’il y avait une adresse pour candidater et me voilà !

E : Parfait ! Ensuite prochaine question ?

F : La 6 !

E : Si tu devais te réincarner en un chanteur ou une chanteuse pourri, qui-est ce que ce serait ?

F : Euuuh, je pense que ce serait Keen’V !

E : Oh nooooon [rires] ! Très bon choix ! Et la dernière question ?

F : La 9 !

E : Le plat que tu fais pour épater tout le monde ?

F : Vu que j’ai une friteuse, je fais des frites ! Et je fais des frites de patates douces, comme ça je fais le mec raffiné...

E : Eh ben, ça en jette [rires] ! Merci beaucoup Félix pour cette incroyable interview !

F : Pas de problème, c'était génial !

Retrouvez Félix eh bien... pas tout d'suite vu qu'il a déménagé en Argentine pour un, mais à son retour peut-être ! 

AVRIL - IFRIQIYYA ELECTRIQUE - 27.04.19

Samedi dernier on eu notre dernier concert du mois d’avril… Vous savez… Le dernier concert du mois d’avril qui est avant le mois de mai. Le mois de mai genre le mois de la mort. Si on survit on se revoit en juin, hein. Bon, et du coup cette dernière date, c’était celle d’If..Iffrr…Iffriqqya… IFFRIQYYA… IFRIQIYYA ÉLECTRIQUE BORDEL. 

 

Et sans dèc, on devait être en gros rétrograde de Mercure parce que les bus et les trams étaient ralentis par les manifestations des Gilets Jaunes, il manquait la CB pour les courses, et la moitié de mes bénévoles étaient malades ou momentanément handicapés. Mercure rétrograde je vous dis.

 

 

Au moins le groupe n’était pas en retard : deux tunisiens qui chantaient, et les deux musiciens français, qui ressemblaient furieusement à Helena Bonham Carter et une version âgée et bizarre d’Edward aux Mains d’Argent. Ils ont débarqué en annonçant qu’ils avaient envie de changer la config’, comme ça, et de jouer aux quatre coins de la salle.

Mercure rétrograde.

 

Après une seconde d’hésitation, Ben a accepté et on a lancé les balances. Ou plutôt, les balances nous ont balancé. Une grosse baffe dans la figure qu’elles nous ont balancé. Tout le bar vibrait de gros riffs très sales, même avec les portes fermées.

Le catering a été très calme, on a juste eu beaucoup à débattre sur le lacet auquel Jamal avait accroché son téléphone et qui pendait tristement autour de son cou. Parait que c’est hype. Parait que c’est une artiste berlinoise qui l’a fait. Perso je voyais un tendeur de vélo avec une coque en plastique achetée sur Wish mais, eh, ptêtre bien que c’était un Décathlon de Berlin qui a fourni le matériel hein…

 

 

En parlant de Berlin, lorsque le concert a commencé, on était d’ailleurs pas loin de hébétement qu’on peut connaître dans un club de ladite ville. Ecran géant sur scène avec film et prises de vue version mariage tunisien sous champis, personne ne voit trop où sont les musiciens puisqu’ils ne dépassent pas de la foule et que pour couronner le tout ils s’amusent à se déplacer entre les spectateurs qui, en désespoir de cause, fixent tous bêtement l’écran en sursautant entre deux musiciens qui se baladent.

 

 

Parmi eux, un photographe qui a eu l’éclair de génie de demander à venir sur cette date et qui court dans tous les sens comme un dingue avec les yeux qui brillent.

Ouais, c’est étrange. Et surtout étrange quand on quitte la salle et qu’on y retourne. Parce que ça prend. En fait.

Le guitariste joue comme celui dans ce merveilleux film qu’est Mad Max version 2015 (bel rèf - je suis critique cinéma sur mon temps libre), c’est un peu ambiance fin du monde et j’ai l’impression de passer dans l’antre du sheitan à chaque passage supplémentaire, les gens commencent à se déshabiller et à s’agiter dans tous les sens, y’a ce groupe qui a l’air adepte d’amour tantrique et qui commence à se chauffer dans un coin et là, au milieu de la foule, petit halo de lumière.

Un petit jeune méga chaud, en pleine transe et qui kiffe son concert.

Notre. Premier. Billet. Suspendu. 

 

Ces billets qu’on redistribue aux gens en grande difficulté via des assos. Et le voilà, le premier à en bénéficier : un petit jeune du Centre Bernanos. Venu avec deux acolytes (dont un qui a fini par le suivre dans sa danse endiablée) et une accompagnatrice, suite au démarchage pointu de notre Féfé nationale, il est reparti avec un tas de programmes dans les programmes et des poignées de main ravies dans tous les sens. Et ça, on aime. Fort fort fort.

Enfin, revenons au concert.

La salle se transformait peu à peu en pit de l’enfer, Ben, depuis la régie, contemplait son œuvre, et le film et la musique et la chaleur et les cris des musiciens plus ou moins prévus rendaient tout ça très chelou.

 

 

« J’ai trop hâte que le mouton débarque là au milieu, ça va être fou ! » nous crie Mourad.

« Le mouton ?! Quel mouton ??? Un mouton vivant ?!!! »

« Bah ouais Baya, le mouton qui est dans l’espace tech !!! »

… devinez quoi. Il est allé voir.

Pour les plus naïfs d’entre vous, non, y’avait pas de mouton vivant dans l’espace tech attendant son heure de gloire (ni de mouton mort non plus d’ailleurs), et le concert s’est très bien fini.

 

Féfé a remporté son pari d’action culturelle en ramenant les jeunes, mais a lamentablement perdu le dernier wrap au shifumi contre Cyprien (Fat Badgers/Leopard Da Vinci/Albinoid Sound System/Douze autres groupes dont j'ai oublié le nom).

On pensait finir tôt et évidemment c’était raté, mais on a conclut la soirée avec quelques moves merveilleux et on est rentrés contents comme des pinsons confits.

 Voilà, c’était Iffriq… Ifriqq… c’était bien. Même en mercure rétrograde.

 

L’interview « ni relue ni corrigée » : Martin et Maria-Luisa

Maria-Luisa - C’est stressant !

Emma - Est-ce que ça marche ? [tripote son téléphone] Oui… Alors est-ce que vous pourriez d’abord vous présenter l’un et l’autre rapidement ?

ML : Vas-y Martin.

Martin : Je m’appelle Martin, j’habite à Strasbourg depuis 7 ans, ça fait trois ans que j’ai fini mes études et ça fait un an que j’ai débarqué, presque un an... ? En tout cas c’est ma première saison ici.

ML : Je m’appelle Maria-Luisa, ou Marie-Lou, je viens de Grèce, ça fait 5 ans et demi que j’habite en France, et ça fait depuis septembre que je suis bénévole chez Django et je suis très contente, et ce sera pas la dernière année que je vais être bénévole ici ! [rires]

E : Très bien alors, qui veut choisir la première question ?

ML : Vas-y Martin.

: Ok, première question. Comment en es-tu arrivé à faire du bénévolat chez nous ?

M : Facile ! Je suis venu voir deux trois concerts l’année dernière, et ensuite j’ai parlé à mon pote Will, qui m’a convaincu de venir faire bénévole chez Django.

E : Marie-Lou, deuxième question. Si tu pouvais te réincarner en un chanteur ou une chanteuse pourrie, ce serait qui ?

ML : Huuuuum [longue hésitation]...

E : Un chanteur ou une chanteuse un peu nulle...

ML : Pourrie ? Oh la la je sais pas quoi répondre ! [rires]

M : Tu peux dire un chanteur grec ! 

ML : Ah oui personne va comprendre ! [hésite] Rakintzis !

E : Euuuuuh ok, très bien, je trouverai une vidéo youtube... Enfin j'esssaierai ! [rires]

ML : Déjà, trouve comment on l’écrit !

E : Ça m'occupera c'est bien, j'avais justement du temps à perdre [rires]. Troisième question. Un souvenir ou une impression de ta première date : Martin ? 

M : Laver beaucoup de verres [rires] beaucoup de verres en plastique, et des ampoules au bout des doigts, au début des doigts là sur les phalanges !

ML : Et le spectateur qui venait et qui disait “venez je vais vous faire un câlin parce que vous êtes toute seule au vestiaire”...

E : Ooooh sérieux ?!

ML : Ouais !

M : Il était un peu défoncé je crois… [rires]

E : Ok 4ème question. Ton co-plateau de rêve à Django ? Si tu pouvais choisir deux artistes à mettre sur scène à Django, qui tu veux.

ML : Imam Baildi c’est un groupe grec que j’ai déjà parlé avec Ben, et je pense qu’il va essayer de les amener, huuuuuum et j’aimerais revoir Adam Naas.

E : Ahaaaaah très bien, et dernière question vas-y Martin. Quelle est ta tâche principale ici ?

M : C’était pas laver des verres ! [rires] la tâche que j’ai fait le plus souvent pour le moment, c’est le vestiaire.

Retrouvez Martin et Maria-Luisa en train de chanter des standards de musique grecque en lavant des verres très prochainement !

AVRIL - ADAM NAAS + Dhamma - 12.04.19

Et hop voilà le récap’ d’Adam Naaaaas !  

Ah oui, j’avais prévu de l’envoyer avant le weekend, mais l’inspi ça vient pas en Deliveroo hein. 

Pour les p’tits nouveaux :

1) ah oui, les récaps c’est moi qui vous raconte des bêtises sur chaque date, comme ça même si vous êtes pas encore venus/pas venus depuis longtemps, vous savez ce qui se trame ;

2) on avait déjà accueilli notre copain Adam Naas dans le cadre d’un Concert Caché, concept super cool si il en est, et c’était trop beau et on était trop contents, alors voilà on l’a fait revenir pour un vrai concert au vu et au su de tous.

 J’ai personnellement commencé la journée un peu crevée de la veille (concert de King Crimson), un peu dèg’ d’avoir déchiré mon jean :

1) parce que les magasins de fast fashion c’est vraiment du capitalisme tout pourri avec obsolescence programmée

2) parce que j’ai peut-être abusé des frites sauce andalouse du Terminus, mais l’un dans l’autre, bon, c’était le concert d’Adam Naas alors ça ne pouvait qu’être cooooool.

Et ça l’a été, cooool.

D’abord, j’ai trouvé du scotch magique qu’utilise Mimi pour réparer les pendards (les grands rideaux noirs autour de la scène), une espèce de merveilleux petit truc fin et tout velouté qui est venu se coller à merveille à l’intérieur de mon jean pourri pour éviter que j’ai un petit bout de cuissotcisson qui ressorte. H&M 0 - 1 Emma.

 

 

Ensuite, le gars qui s’occupait de l’équipe d’Adam Naas ressemblait furieusement à Bill Nighy, le vieil acteur classe de Good Morning England et Love Actually, accent british en prime : « Excouzéy moua, est-ce qué jé pouwhé avouah oune bwique dé lait dé sojah et dey… comment vous dhites ? Rézé. Rézeuh. Reyseuh. Grapes. Some grapes. ».

 

En parlant d’accent british, Ophélie s’y est retrouvée confrontée quand elle a voulu filer les bracelets d’accès à l’équipe et que Bill lui a réclamé « weedt, please ». Notre Féfé nationale : « Quoi, vous voulez de la weed ? ». Non. Weet, comme weet bwaceley d’accèy. Un de plus que sept quoi.

 

 

En plus de ça, on était en avance, genre SUPER en avance, même pas l’avance où on se fait avoir et on finit par être en retard parce qu’on glandouille. Tellement en avance qu’on a bu une petite bière dans le patio avant d’aller manger. Trop foufou.

Ça s’est compliqué au catering, quand on s’est retrouvés en dèche de plat végé suite à une erreur du traiteur, évidemment le jour où on a 2 végés et 1 vegan, mais qu’en plus de ça, un autre vegan s’est invité, donc va savoir pour qui c’était, et puis tout le monde qui se reluque le fond de la cataracte sans se décider  de qui va manger quoi, et personne démerde et hop allez, plouf plouf ce-sera-toi-le-végé-qui-mangera-que-de-la-salade-verte !

J’vous fais un fast-forward du concert, de la très belle première partie de Dhamma pour passer direct à celui d’Adam Naas, qui a été beau (demandez aux groupies), j’ai regardé pleeeeiin du concert parce que même les (anciens) nouveaux gèrent à présent leur poste à merveille, Adam a géré son show avec sa classe habituelle (demandez aux groupies), il a semblé adoooorer le sel de céleri que je lui ai dégoté pour ses Bloody Mary et… Ah tiens…. Et Guillaume ???

Ah bah oui, Guillaume, notre bénévole-maintenant-employé-aux-Eurocks avait opté une nouvelle fois pour une migration Belfort – Strasbourg pour venir bénévoler en plus de ses 53000 heures de travail journalières et… il était toujours pas là ???

 

 

Eh oui, le type est chaud pour se taper 2h de train pour venir bosser, mais la SNCF, elle, a décidé de pas bosser du tout ou alors n’importe comment, alors sorry Guillaume, ton temps libre que tu nous sacrifies tu vas le passer sur un quai glauque à Mulhouse.

Côté Django tout allait bien et on montait en température comme un gigot de 7h (demandez aux groupies). Adam a même dédié une chanson plus que sensuelle (…plus que les autres ???) aux… moricettes. Normal j’ai envie de dire. Moi aussi je me serai construite une carrière de chanteuse pour chanter des odes aux bretzels si j’avais pas grandi avec, hein.

 

 

En plus de son amour troublant pour les spécialités alsaciennes, Monsieur Naas nous a arrosé de trémolos langoureux sur tous les tons, avec en prime ce fameux titre (très sage sur cette  version) où il se lance carrément dans une interprétation plus que vivante d’un orgasme... démonstratif. Moment clef où les groupies mouillent leur petite culotte, mais si on est pas à 100% dans le concert, ça peut surprendre. Genre quand j’ai ouvert la porte de la salle et ait manqué de m’emplafonner dans Julien, notre tech son, et que nos regards se sont croisés sur le cri de jouissance final, c’était… gênant. Max gênant.

 

 

Voilà, c’est à peu près tout ce qu’il y avait à dire sur le concert d’Adam Naas, qui est ensuite sorti de la salle prendre un bain de groupies, a pris tout plein de photos et tout le monde était copains et choux et contents d’être là, et des concerts comme ça, on en veut plus souvent. Surtout moi, qui ai à peu rien foutu, ihihi.

Allez bisous les potes, le prochain c'est Ifriqqya le 27, et après on plonge tête la première dans le mois de mai qui s'annonce sportivement infernal.

XOXO

(les vrais ont la ref)

 

La parole aux habitants

Pour la troisième année consécutive, nous organisons au début de l’été une série de concerts aux fenêtres dans tout le quartier, en partenariat avec plusieurs acteurs du Neuhof parmi lesquels le Conseil de Quartier. Constituée par et pour les habitants, cette instance est très active au Neuhof. Elle est à l’origine de nombreuses initiatives, sur des sujets variés, pour encourager la participation citoyenne et améliorer la vie au quotidien. Rencontre avec Annie, Jocelyne et Hédi, qui reviennent avec nous sur le CQ et les prochains concerts aux fenêtres.

Pouvez-vous nous présenter le Conseil de Quartier ?

Le Conseil de Quartier est une instance indépendante de débats, qui associe des habitant-e-s, des associations et des acteurs socio-professionnels. Il en existe 10 à Strasbourg. Chacun d‘entre eux sert d’interface entre la ville de Strasbourg, l’Etat et différentes institutions pour les quartiers et l’amélioration du cadre de vie de leurs habitants.

Il est donc composé d’habitants qui souhaitent s’impliquer au Neuhof ?

Oui ! Chaque membre permanent est bénévole et désigné pour 3 ans. Il a pour mission de s’investir dans un ou plusieurs groupes thématiques, en fonction de ses centres d’intérêt et de ses disponibilités.

Vous êtes nombreux ? Comment peut-on vous rejoindre ?

Nous sommes 23 personnes, des habitants- e-s, avec une parité femmes-hommes, et des représentants d’associations et de socio-professionnels. Pour nous rejoindre, c’est très simple : nous assurons une permanence le dimanche matin, de 10h à 12h, dans nos locaux situés à la MIDE (2 rue du commandant François). Nous nous ferons une joie de vous accueillir !

« Un beau pari, fidèle à l’ambition de ces concerts : passer de bons moments ensemble, créer du lien au sein du quartier et faire découvrir le Neuhof aux habitants de Strasbourg et environs, en musique ! »

Votre engagement peut prendre des formes multiples. Quelles sont les actions-phares du CQ ?

Sur la base des contributions issues des groupes thématiques et des réunions plénières, nous conduisons nos propres actions. Celles-ci poursuivent des objectifs variés : renforcer la dynamique de rénovation urbaine, améliorer le cadre de vie et le vivre ensemble, valoriser le quartier du Neuhof, s’attaquer aux problèmes d’emploi et de formation, protéger et mettre en valeur la réserve naturelle du Neuhof, informer les habitants sur les dispositifs de sécurité, etc. En somme, un travail au quotidien au service des habitants du Neuhof !

Nous coopérons ensemble depuis 3 ans sur les concerts aux fenêtres : quel regard portez-vous sur ce projet commun ?

Ce partenariat, ce projet plus largement est très positif. Il encourage toujours plus de mixité, sociale, géographique et générationnelle. Il ouvre le quartier sur l’extérieur tout en désenclavant les différents secteurs du Neuhof, ce qui permet aux habitants de (re)découvrir leur quartier et leurs voisins. Une vraie réussite, pour la culture et le vivre ensemble.

Cette année, nous allons investir en musique de nouveaux pieds d’immeubles... C’est important de pouvoir s’adresser à tous, dans chaque coin du quartier non ?

Oui c’est essentiel, de considérer le quartier dans son ensemble, dans toute sa diversité. C’est aussi l’occasion de redynamiser, de réanimer des espaces souvent délaissés. Beaucoup d’habitants nous le disent, ils se sentent valorisés et nous en redemandent : « Continuez ces concerts, faites-le pour nos enfants ! ». Sans compter les gens qui viennent d’autres quartiers de Strasbourg et découvrent souvent ébahis les merveilles du Neuhof, la Cité-Jardin par exemple au Stockfeld.

Que peut-on se souhaiter pour cette nouvelle édition des concerts aux fenêtres ?

Autant de succès que lors des deux précédentes éditions ! Cette année, un concert est prévu à la Ganzau, dans le secteur des Orpailleurs, en plein développement. Un beau pari, qui nous enchante, fidèle à l’ambition de ces concerts : passer de bons moments ensemble, créer du lien au sein du quartier et faire découvrir le Neuhof aux habitants de Strasbourg et environs, en musique !

FOU D'ELECTRO !

La saison dernière, nous avons eu le bonheur de figurer parmi les lauréats de « la Fabrique à Chansons », ce dispositif national de la Sacem destiné à mettre en relation un auteur-compositeur-interprète, une classe et une salle de concert autour d’une création partagée. Projet participatif que nous avons finalement choisi de dupliquer à l’échelle du Neuhof, avec trois artistes du Weepers Circus et trois classes de trois écoles du quartier. A raison puisque ce triptyque a accouché d’une folle année de créations, d’explorations et de rencontres, ponctuée d’une belle restitution.
Cette saison, nous avons la chance d’être à nouveau lauréat d’un dispositif de la Sacem, « la Fabrique Electro » cette fois, dédié à la musique électronique. Après les enfants des écoles élémentaires,nous avons décidé de nous adresser aux grands collégiens de l’établissement voisin, le collège Solignac et à l’une de ses classes de 3e. En y associant un artiste d’envergure, Chapelier Fou, qui nous a marqué l’année dernière lors de son passage sur la scène de Django. Rencontre avec Louis, pour revenir sur son parcours et ce goût partagé de la transmission !

En quelques mots, qui se cache derrière l’artiste Chapelier Fou ?

Un jeune (?) messin qui est passé du violon aux synthétiseurs, avec un détour par le clavecin et la fac de musicologie. Depuis maintenant dix ans, je fais des disques, plus ou moins seul, qui articulent une musique presque exclusivement instrumentale, avec des influences classiques autant qu’expérimentales.

Comment s’est passée ta rencontre avec l’Espace Django ?

Je suis venu jouer avec mon groupe. C’était la première fois. Vu de Metz, je ne connaissais que la Laiterie. J’ai trouvé la salle très belle, avec une vraie personnalité, une très bonne acoustique, et une équipe aussi sympathique que pro. Honnêtement, ce fut l’une des meilleures dates de la tournée. Un excellent souvenir !

Dans les grandes lignes, en quoi consiste ce projet, la Fabrique Electro ?  Tu as notamment souhaité partir des goûts et pratiques de chacun? 

L’idée est simple : revisiter des chansons, avec ma touche personnelle, mais aussi celle des élèves, par le biais de leurs voix, de sons que nous élaborons ensemble, par leur implication en tant que musiciens. Autant que possible, j’essaye de privilégier les goûts musicaux de chacun pour choisir le répertoire sur lequel nous travaillons. Au final, nous voulons monter un petit concert, fourre-tout, entre musiques actuelles, rap, musique baroque expérimentale et karaoké. Ce projet est particulier car il concerne des collégiens de tout le Grand Est et de territoires très différents.

Peux-tu nous parler des acteurs de cette action d’ampleur ?

Deux autres salles sont parties prenantes : L’Autre Canal à Nancy et la MJC du Verdunois, avec à chaque fois une classe de collège, Thiaucourt dans un cas et Ancemont dans l’autre. Ce qui fait que les publics sont très hétéroclites. A Thiaucourt, les élèves sont plus jeunes (5è), d’un milieu rural et leurs goûts sont différents. Nous travaillons beaucoup sur le sampling pour fabriquer des banques de sons que j’utilise ensuite dans mes arrangements. La classe d’Ancemont est une grande classe d’« orchestre à l’école ». Ils interviennent donc en qualité de musiciens.

Qu’est-ce qui t’a poussé à embarquer ?

Sur le plan personnel, j’avais envie de faire un grand saut dans la musique populaire actuelle. Décortiquer, comprendre la manière de « consommer » la musique chez les 12-16 ans aujourd’hui. Comme je suis spécialisé dans la musique instrumentale, c’est vraiment intéressant et assez nouveau de travailler sur des chansons. J’apprends à me servir de nouveaux outils, de nouvelles techniques. Par exemple, l’« autotune » n’a plus de secret pour moi alors qu’il y a quelques semaines je n’aurais jamais imaginé me servir un jour de cet outil barbare !

Quel est ton ressenti après les premières séances ?

Le choc de la rencontre (avec les jeunes, et surtout avec la musique) a dépassé mes espérances. J’ai été, je l’avoue naïvement, un peu décontenancé par la teneur de certains textes, et une standardisation certaine de la production musicale. Mais on trouve tout de même quelques pépites, et des angles d’attaque qui permettent à la fois de contenter les élèves et de maintenir mon intérêt en éveil. Sinon, les jeunes sont vraiment attachants, et c’est vraiment une chance de pouvoir vivre un peu de leur monde, de l’intérieur. Tu mènes depuis longtemps des projets de transmission, de création partagée ou encore de résidence en milieu scolaire. Tu t’y consacres alors pleinement, mettant souvent de côté tes propres concerts.

Pourquoi un tel engagement ? Qu’est-ce qui te touche dans ces projets ? 

Cela fait quelques années que je fonctionne ainsi. Une période de tournée, puis une période de création, entremêlée de projets de ce type, allant de la pédagogie à l’expérimentation. Je pense que je me nourris de ça. Ça me force à me mettre à l’épreuve de nouvelles situations, et j’en tire toujours quelque chose sur le plan personnel et artistique. Comme quoi, derrière l’« engagement », il y a souvent, aussi, un peu d’égocentrisme.

  « J’avais envie de faire un grand saut dans la musique populaire actuelle. Décortiquer, comprendre la manière de "consommer" la musique chez les 12-16 ans aujourd’hui. »

DU SON, DES MOTS ET DES IMAGES

Le trimestre dernier, nous avons accueilli notre premier concert dessiné. Un illustrateur de talent, Jean-Charles Andrieu, a retranscrit en images et en direct un récit écrit avec son compère Matthieu Chiara, illustrateur lui aussi et guitariste, assurant la mise en musique de ce spectacle. Une proposition artistique innovante et émouvante, dans nos tiroirs et nos têtes depuis longtemps, qui s’est concrétisée à la suite d’un projet mené la saison dernière avec Jean-Charles. Pendant près d’un an, il a conduit un cycle d’ateliers d’illustration chaque semaine, patiemment préparé et balisé car s’adressant à tous les jeunes de l’établissement du handicap voisin, l’ARAHM (Association Régionale d’Aide aux Handicapés Moteurs), lequel vient d’aboutir à l’édition d’un livre. Une histoire écrite par leurs soins, avec la coopération des professionnels de l’ARAHM et illustrée à travers maintes techniques adaptées, en fonction de chacune des particularités de leurs handicaps. Ce spectacle en salle et cet entretien avec Jean-Charles, c’est finalement une belle façon de boucler la boucle.

Jean-Charles, peux-tu nous parler de ta pratique de dessinateur et de ton métier ?

Alors, pour commencer, j’ai plusieurs métiers. Je suis dessinateur et dans ce cadre je réalise des bandes dessinées et des illustrations souvent humoristiques. Je dessine aussi en direct lors d’événements comme des pièces de théâtre, des défilés de mode ou des conférences, afin de retranscrire ce que je vois, entends et ressens à ces moments-là. Je crée aussi et réalise avec Matthieu Chiara des concerts dessinés où nous racontons une histoire au moyen de dessins réalisés en direct, vidéo-projetés et d’une musique jouée en live, pour accompagner l’histoire voire la précéder, en devançant parfois le dessin dans la narration. À côté de ça, je termine une thèse sur l’histoire esthétique de la bande dessinée et donne des cours de dessin dans des écoles d’art et lors d’ateliers plus spécifiques.

Comment en es-tu venu au monde de l’illustration ?

Je ne sais pas vraiment, un peu naturellement je crois. J’ai toujours été fasciné par la bande dessinée et cette passion n’a fait que se renforcer au fil des années. Je n’avais jamais pris de cours de dessin au moment de me lancer dans des études artistiques, et je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Paradoxalement, au moment de prendre cette décision, elle m’apparaissait sereine et raisonnée, tant je ne me voyais pas faire autre chose que dessiner. Je suis ensuite entré dans la section illustration des Arts Décoratifs de Strasbourg et j’ai commencé en même temps à écrire des articles sur la bande dessinée.

L’exercice du concert dessiné est particulier, même pour un illustrateur : peux-tu nous le décrire en quelques mots ? Quels sont les bonheurs et les difficultés de ce format ?

Pour notre concert dessiné, je dessine en direct, sous une caméra reliée à un vidéoprojecteur qui  diffuse ce que la caméra filme, tandis que Matthieu joue de la guitare et accompagne, voire anticipe la narration qui se déploie (s’il joue de la musique sur scène, Matthieu est aussi illustrateur et nous avons préparé tous les dessins ensemble). C’est un spectacle qui est millimétré et laisse finalement assez peu d’espace à l’improvisation. Nous souhaitions user au maximum des moyens techniques que nous permet cet exercice, sachant que nous ne nous adressons plus à des lecteurs mais à des spectateurs, et que, partant, il nous fallait sans cesse trouver des moyens de les étonner, qu’ils vivent un véritable spectacle avec des effets spéciaux en tout genre. Les difficultés de ce format résident avant tout dans sa complexité. Il faut être très précis et les manipulations sont nombreuses. De plus, on n’a pas le droit à l’erreur : si un dessin est raté, la scène est ratée, et elle est ratée devant tout le public. C’est donc assez stressant et il faut attendre quelques scènes avant que la main ne cesse de trembler ! Au contraire, la grande joie de cet exercice est de recevoir les réactions en direct des spectateurs, de les entendre durant le concert vivre les scènes que nous dessinons/jouons, être aspirés par le récit et les ambiances sonores que nous installons. Et ça peut paraître idiot, mais les applaudissements sont des manifestations de plaisir auxquels on ne s’habitue pas, nous qui sommes la plupart du temps seuls devant notre table de travail.

Quelle trace gardes-tu de ce travail avec les jeunes de l’ARAHM et de cette collaboration avec l’Espace Django ?

Pour commencer, de manière pragmatique, je garde ce livre, qui consigne les souvenirs de cette expérience, les moments de labeur, les défaites, les contours, les joies, les fous rires et surtout l’exaltation des enfants devant les traces qu’ils laissent sur le papier ou devant les images qu’ils élaborent ensemble, qu’ils expriment chacun de manière singulière et émouvante. Cette expérience fut vraiment très forte, autant pour la rencontre avec tous les enfants qu’avec les éducateurs qui s’investissent véritablement : leur engagement était moteur et m’a aussi marqué. Ensuite, ce qui fut très agréable, c’est que l’équipe Django est restée très présente durant la durée de ce projet et un membre de l’équipe m’accompagnait pour chaque séance de travail. Il est rare d’être autant soutenu et de s’inscrire dans une dynamique aussi bénéfique pour chaque intervenant.

« Cette expérience fut vraiment très forte, autant pour la rencontre avec tous les enfants qu’avec les éducateurs qui s’investissent véritablement. »

Bien que cet atelier ait été préparé soigneusement en amont, c’était une première pour toi que de travailler avec des personnes handicapées. Comment as-tu appréhendé ces moments, ces échanges ?

Effectivement, j’avais déjà bien préparé chaque atelier en amont avec chaque éducateur pour adapter les exercices en fonction des possibilités et des handicaps de chacun, et nous avions une fiche de bord qu’il suffisait de suivre... et que nous avons complètement remodelé bien entendu. La réalité fut difficile à appréhender dans un premier temps, et j’ai été assez décontenancé après le premier atelier... Je n’avais pas saisi l’impossibilité de réaliser un exercice clairement défini et surtout que le dialogue n’est pas toujours évident. Mais passées les premières semaines, ce fut à la fois un défi permanent de trouver le bon angle pour les ateliers et un bonheur, parfois sensationnel (sans exagérer) de voir les visages des enfants s’illuminer au contact de la peinture, des crayons, des arbres ou des fusains. Pour moi qui aborde le dessin dans un versant d’abord intellectuel, j’ai redécouvert le plaisir immédiat de la matière et le bonheur de créer une trace.

Tu es aussi très impliqué dans le champ de la recherche, tu enseignes dans plusieurs écoles, et auprès de publics variés. Dans quelle mesure cette diversité d’expériences te nourrit au quotidien et dans ton travail de « terrain » ?

C’est vrai que j’ai tendance à m’éparpiller. Mais je pense que toutes ces expériences, aussi différentes soient-elles, s’ancrent dans ma passion pour le dessin, et plus spécifiquement pour le récit dessiné. Je ne pourrai pas rester seulement dessinateur, j’ai besoin d’exprimer mon attrait pour ce domaine autant par l’image que par le texte : le dessin me permet de dire des choses que je ne peux transmettre par les mots, et vice versa. Pour ma pratique de l’enseignement et les divers ateliers que je mène, ils répondent à ma soif de faire partager ce qui m’habite. Quand on a une passion, je pense qu’on a aussi le désir de la communiquer, ou du moins d’en révéler toute la force. De plus, la diversité des publics permet aussi de percevoir les différentes visions que les gens peuvent avoir de la bande dessinée. Et puis, j’éprouve un réel plaisir à travailler avec des personnes qui, souvent, regardent avec circonspection le sujet sous prétexte « qu’ils ne savent pas dessiner » ; mais à force d’écoute et de discussion, ils parviennent généralement à surmonter cette appréhension et à réaliser des créations sensibles proches de ce qu’ils souhaitaient réaliser : y parvenir est une profonde satisfaction.

Pour finir, question piège, de néophyte : c’est quoi la différence entre la bande dessinée et l’illustration ?

La différence est simple à mon sens : avec une bande dessinée, on a des images qui, placées les unes à côté des autres, racontent une histoire, alors qu’avec une illustration, les images fonctionnent séparément les unes des autres, sans nécessairement entretenir de lien entre elles.

(RE)TRANSMETTRE EN CONTINU !

Cette saison, notre partenariat avec le CFMI (Centre de Formation des Musiciens Intervenants) s’est renforcé, autour de cette volonté partagée de transmettre, de bousculer, de déplacer le curseur grâce à la pratique artistique. Depuis le mois de novembre, Alexia Walter, stagiaire en 2e année au CFMI, intervient chaque lundi dans 8 classes des écoles Guynemer 1 et 2. Une façon d’accroître la présence artistique auprès des enfants et de densifier leurs liens naissants avec la musique. Mais Alexia ne s’est pas arrêtée là ! Elle a décidé de prolonger l’aventure sur le Neuhof avec un stage hors temps scolaire auprès de l’EHPAD Laury Munch, puis est intervenue lors du marché de l’APAN (Association pour l’Animation du Neuhof) avec le collectif Big Est. La fête s’est même prolongée le 5 avril dernier, lors d’un goûter-concert des étudiants du CFMI à la sortie de l’école, devant les établissements Guynemer 1 et 2, en compagnie des familles (voir page 6 dans la programmation). Retour avec elle sur cette expérience riche en émotions !

Peux-tu nous présenter le « métier » de musicien intervenant ? Quel est ton rôle précisément ?

Musicien intervenant, c’est un peu un métier hybride... Nous sommes des musiciens qui ont pour objectif de transmettre la musique sous toutes ses formes : le chant choral, le rythme, l’exploration de corps sonores, de sa voix, de son corps avec à la musique, etc. La formation que nous recevons au CFMI de Sélestat est très riche, autant en pratique qu’en théorie. Nous sommes sur le terrain dès les premiers mois de formation : ça fait peur mais c’est très formateur ! Quand tu arrives dans la formation, tu es déjà musicien. L’idée, c’est donc de nous apprendre à apprendre, à transmettre, à partager, tout en gardant notre identité de musicien. A Sélestat, il y a un côté très scolaire dans l’apprentissage mais aussi très respectueux de qui nous sommes, en tant qu’artiste. Être musicien intervenant pour moi, c’est donc transmettre via la musique de bonnes valeurs et de bonnes ondes. On crée des projets musicaux très variés en essayant de s’adapter aux besoins des enfants, aux envies des enseignants ainsi qu’aux réalités des quartiers dans lesquels nous intervenons. Ce que j’aime dans ce métier, c’est qu’une fois le diplôme en poche, je pourrai intervenir à différents endroits, autant dans les écoles primaires/ maternelles que dans les crèches, les EHPAD, etc.

Cette saison, tu interviens au Neuhof toute l’année. Que peut t’apporter une telle immersion ?

Je n’ai jamais vécu dans ce quartier mais j’y ai passé un peu de temps lors de mes premières années à Strasbourg, dans le cadre de différents projets. Avant mon arrivée à Strasbourg (il y a presque 10 ans), j’en avais entendu beaucoup parler comme un quartier « chaud », « sensible »,
« dangereux ». Je n’en ai rien écouté... Je déteste les aprioris, les idées reçues. D’autant que ce genre de propos, tu l’entends souvent de personnes qui n’ont jamais mis les pieds dans le quartier en question. Personnellement, je m’y suis toujours très bien sentie et c’est encore plus le cas cette année ! C’est un quartier vivant, qui a une histoire et qui continue de l’écrire. Je m’y sens à ma place et j’essaie d’y être utile. Je pense que si l’opportunité se représente, je continuerai à y travailler encore.

Quel rapport entretiens- tu avec les enfants et les enseignants ? Comment se construisent tes séances ?

Avec les enseignants, ça a de suite été le top ! Je les trouve supers avec les enfants. Ils sont à l’écoute et impliqués. Ils me donnent beaucoup de conseils et m’aident dans la réalisation de mes projets. Ce que j’aime ici, c’est qu’il y a une certaine légèreté dans les rapports enseignants/ élèves, sans rien enlever au respect. Les élèves, ça a pris quelques temps pour les convaincre, encore aujourd’hui certains sont un peu difficiles et il y a des caractères pas toujours évidents à gérer mais je les adore ! Il y a quelque chose qui se crée entre eux et moi qui me plaît beaucoup. On se fait de plus en plus confiance et on partage de très belles choses lors de mes séances. Concernant mes séances, à Sélestat on nous apprend à les construire via des tableaux. On doit préparer notre séance minute par minute en ciblant les objectifs d’apprentissage correspondants à chaque activité. La première année, une préparation de séance me demandait 4 heures de travail mais avec le temps, on apprend à préparer
et surtout à s’adapter à l’humeur du jour de tous, en y allant un peu plus au feeling. J’essaie de varier au maximum chacune des séances en y intégrant des échauffements, du rythme, du chant, des déplacements, des écoutes, de l’écriture... Comme expliqué précédemment, le CFMI est une mine d’or : on nous apprend tellement de choses qu’on ne manque pas de ressources ou d’idées en général. J’aime que tout le monde puisse s’exprimer pendant mes séances. Je n’aime pas me positionner comme quelqu’un qui sait tout et qui va leur apprendre la vie. On apprend tous les uns des autres !

« C’est un quartier vivant, qui a une histoire et qui continue de l’écrire. Je m’y sens à ma place et j’essaie d’y être utile »

Tu as en tête un souvenir marquant de ces premiers mois d’activité à Guynemer ?

J’angoissais beaucoup et les enfants le captent tout de suite, donc ils m’ont beaucoup testé au début. Ça n’a pas été facile et je galère encore à trouver ma figure autoritaire. Donc, quand je stresse trop, je compense par l’humour et j’ai de la chance, ils sont plutôt
bon public. Récemment, ils étaient surexcités et bougeaient dans tous les sens, ils refusaient tout ce que je proposais et moi j’étais un peu désespérée. Ils l’ont vu et m’ont demandé lors d’une séance si je pouvais plutôt leur apprendre « le breakdance ». Depuis, on a monté un crew de danse !

Tu es aussi intervenue le trimestre dernier à l’Ehpad Laury Munch, auprès de personnes âgées et des résidents du FAM (le Foyer d’Accueil Médicalisé). Un beau moment de rencontre non ?

Une des plus belles expériences de ma vie. Je remercie encore Hayette et Stacy de m’avoir permis de vivre ça. Le plus dur a été de se lancer... Ce fut ensuite une expérience extraordinaire ! Au CFMI, la pédagogie est surtout ciblée sur les enfants. Ces interventions en Ehpad m’ont donc permis de sortir de ma zone de confort. J’ai essayé d’apprendre sur le tas et ça m’a fait un bien fou. Je me suis beaucoup attachée aux résidents et je continue à aller les voir de temps en temps pour prendre de leurs nouvelles. J’espère pouvoir reprendre mes interventions là-bas après mes études.

Ton engagement musical est multiple, puisque tu développes aussi un projet solo, en tant que chanteuse, compositrice et interprète. Comment vis-tu ces deux « casquettes » d’artiste ?

Je dois avouer que cette année, c’est surtout ma casquette CFMI que je développe. Mais j’ai hâte de sortir la tête des études pour me remettre aux projets persos. Les deux projets sont très complémentaires. Mes expériences en tant que musicienne intervenante m’inspirent pour mes projets personnels. Je prends plaisir à avoir ces deux casquettes parce qu’au final, on me laisse être moi-même dans les deux contextes. Actuellement, je travaille sur deux gros projets (encore secrets) : un projet duo, avec en vue la sortie d’un EP d’ici 2020, et un projet de groupe mélangeant plusieurs disciplines. La création démarre très bientôt...

Tu apprécies tout particulièrement te produire en extérieur, en impromptu, directement au contact des gens. Ce fut le cas par exemple lors du marché de Noël de l’APAN, avec ce « street show » du collectif Big Est dont tu fais partie. Peux-tu nous parler de ce collectif ? Quelle est votre démarche ?

Ce collectif est une vrai révélation pour moi. Une rencontre entre danseurs, DJ, rappeurs, chanteurs, beatboxeurs, graffeurs, beatmakers, qui ont pour but de se rassembler pour échanger et créer du lien. Nos objectifs sont nombreux : rassembler toutes les disciplines pour échanger ensemble sur nos parcours, nos expériences ; créer un annuaire hip-hop rassemblant tous les contacts locaux pour faciliter la communication interdisciplinaire dans la communauté hip-hop ; retracer l’histoire du hip-hop à Strasbourg depuis sa naissance. Nous n’avons pas la prétention de créer quelque chose de nouveau, l’histoire du hip-hop strasbourgeois est tellement riche et beaucoup de choses ont déjà été faites. Mais on s’est rendu compte qu’au final, actuellement, il n’y avait pas assez de liens entre les différentes disciplines. On essaie donc de se rassembler via des journées telles que « La Rencontre », une journée qui a pour but précisément de réunir tous les arts autour d’un brunch, de moments de paroles et de moments artistiques surtout. Il y a déjà eu deux éditions et c’était extraordinaire ! Ça rap, ça danse, ça mixe, ça graff, c’est beau et c’est authentique. Le street c’est la source ! Big up à ma Big Est family, je vous aime !

« J’aime que tout le monde puisse s’exprimer pendant mes séances. Je n’aime pas me positionner comme quelqu’un qui sait tout et qui va leur apprendre la vie. On apprend tous les uns des autres ! »

LE CHANT DES IMMEUBLES

Après la très belle aventure menée durant plus de deux saisons avec le Weepers Circus (un grand merci à eux !), une nouvelle page s’écrit avec l'artiste Gaëtan Gromer pour les mois à venir. Dans le cadre d’EXTRA ORDINAIRE , il va conduire avec des habitants du Neuhof, des mamans en particulier, un projet de création partagée baptisé le « Chant des immeubles ». L’occasion de découvrir sous une autre oreille la musicalité souvent insoupçonnée de bâtiments pourtant fréquentés tous les jours. L’occasion aussi de mettre en valeur la richesse culturelle et linguistique du quartier. Gaëtan revient avec nous sur ce projet et son parcours.

Le « Chant des immeubles » s’inscrit pleinement dans la démarche artistique qui est la tienne. Peux-tu nous la présenter ?

Je suis artiste sonore, je travaille donc naturellement avec le son. J'utilise uniquement des sons concrets, réels, pour leur richesse spectrale naturelle et leur infinie diversité, mais aussi pour ce qu'ils me racontent, pour ce qu'ils m'évoquent malgré eux. La large palette de fréquences et de timbres de ces sons est encore enrichie par les complexes interactions de leur propre environnement (réverbération, sons « parasites », etc.). Cela donne à chaque prise de son un résultat unique, constituant une inépuisable source d'inspiration et la promesse d'une aventure sonore différente à chaque fois. Cette richesse, combinée aux innombrables possibilités des traitements numériques du son, génère un terrain de jeu infini. Mais, ma démarche va au-delà du plaisir sonore. Chacune de mes œuvres contribue à sa manière à « dire avec le son ». En fait, j'utilise l‘étonnant pouvoir de suggestion et d’immersion du son pour livrer un regard sur le monde, un point d’ouïe particulier. C’est un outil très efficace à cet escient car il favorise notamment l’échange avec l’autre, la traduction physique de données abstraites et la stimulation de l’imaginaire. Ces œuvres prennent différentes formes mais éclairent chacune un aspect particulier de la fabrication de l’information pour tenter d’en dévoiler la mécanique, d’interroger ses dérives, de redonner corps à ses abstractions ou de proposer une alternative à ses archétypes. Le « Chant des immeubles » n'échappe pas à cette démarche globale. D'une part, il y a l'émerveillement sonore, puisque ce projet met en avant un phénomène acoustique bien particulier qui permet de faire chanter les immeubles. D'autre part, on retrouve également le questionnement sur l'information, car nous allons à la rencontre des habitants pour tenter de saisir ce que c'est que d'habiter ces immeubles avec toutes les nuances de la réalité, afin de s'éloigner le plus possible des images stéréotypées que l'on peut avoir du quartier tantôt diabolisantes, tantôt béatement naïves. Plus concrètement, derrière le « Chant des immeubles », il y a une application pour smartphone que l'on peut télécharger gratuitement. Elle permet d'écouter le résultat du travail mené au Neuhof ou ailleurs. Quand on se trouve à proximité des immeubles concernés par le projet, on est géolocalisé et on entend du son. Quand on s'approche d'un immeuble, on l'entend « chanter » un son tenu très long qu'on appelle un bourdon. Quand on est à proximité de deux immeubles, ils chantent tous les deux et ainsi de suite à la manière d'une chorale. On entend également la voix des habitants, qui eux aussi peuvent chanter ou parler. Tout cela forme les éléments d'une grande composition que l'utilisateur peut diriger en se déplaçant librement dans l'espace et ce 24h/24, 7j/7.

Comment t’est venue cette envie de faire chanter les immeubles ?

En fait, je travaillais sur un autre projet pour smartphone dont l'idée était de donner l'impression aux utilisateurs dans la rue qu'ils pouvaient entendre à travers les murs des immeubles. Je m'intéressais alors à différentes questions qu'on retrouve dans le « Chant des immeubles » : le smartphone, la géolocalisation, l'espace public, la vie privée, l'immeuble et ses habitants, etc. Parallèlement, je composais une pièce pour chœur et électronique destinée à être chantée dans un lieu à l'architecture particulière et complexe. J'ai eu très envie de jouer avec l'acoustique de ce lieu. J'ai alors repensé à une idée qu'Alvin Lucier, un compositeur américain, a développé en 1969 dans une œuvre très importante pour moi : I'm sitting in a room. Dans cette performance, Alvin Lucier s'assied dans une pièce et commence à expliquer ce qu'il va faire. En résumé, il dit : « je suis en train d'enregistrer ce que je vous dis et quand ce sera terminé, je vais vous passer la bande pour que vous entendiez ce que j'ai enregistré. En même temps, sur une autre bande, je vais enregistrer cela. Puis je passerai cette bande et réenregistrerai le résultat et ainsi de suite ». Au bout d'un moment, la voix sur la bande se déforme, puis elle se détériore franchement et on entend apparaître comme des sifflements. Un peu plus tard, ces sifflements prennent toute la place et forment un bourdon caractéristique de la pièce dans laquelle on se trouve, une sorte de signature acoustique. En fait, ce bourdon est simplement constitué des fréquences qui résonnent le plus dans ce lieu. En partant de cette idée, j'ai voulu recréer un bourdon similaire dans le lieu du concert, sur lequel nous chanterions la pièce que j'avais écrite. Symboliquement, cela donnait une composition pour chœur et salle de concert. C'est en combinant les idées de ces deux projets qu'est née cette envie de faire chanter les immeubles en chœur et par là-même le projet «Chant des immeubles ».

« Chacune de mes œuvres contribue à sa manière à "dire avec le son". En fait, j'utilise l‘étonnant pouvoir de suggestion et d’immersion du son pour livrer un regard sur le monde. »

Tu as déjà conduit ce projet à Hautepierre et à la Neustadt. Quelles sont les particularités de cette 3e version au Neuhof ?

La particularité de cette version, c'est que je vais faire chanter les habitants. Je vais leur proposer de chanter un bourdon, c'est- à-dire tout simplement une note tenue le plus longtemps possible. La pièce finale sera donc un choral pour les immeubles et les habitants. Je m'étonne de ne pas avoir eu cette idée plus tôt tant elle me parait évidente et poétique à présent. Je vais aussi expérimenter une nouvelle manière d'aborder les témoignages des habitants. En effet, à Hautepierre, nous avons conduit différents entretiens classiques, mais malgré les efforts que nous avons fournis pour rester le plus neutre possible, il m'a semblé, en tant qu'ancien habitant du quartier, que notre présence influençait beaucoup les réponses. C'est d'ailleurs un phénomène bien connu des spécialistes de ces questions. Ici, nous allons proposer des réunions d'informations et des rencontres/discussions non-enregistrées. Ceux qui le souhaiteront pourront ensuite, grâce à l’une de nos applications, nous envoyer directement des témoignages anonymes qu'ils auront enregistrés à l'endroit et au moment qu'ils auront choisis. Enfin, c'est aussi particulier d'un point de vue personnel car le lieu de la restitution, un espace vert entre la rue Marschallhof et l'allée Reuss, est un endroit où je jouais au foot enfant tous les mercredis avec mon cousin et ses amis.

Une restitution de cette expérience est prévue le vendredi 14 juin prochain. Quelle forme prendra cet événement ?

La restitution, c'est d'abord le parcours sonore que j'aurai créé avec la participation des habitants et qui sera disponible pour une durée indéterminée dans notre application. Mais, nous avons pensé également à un événement de lancement qui consistera à faire une sorte de version live de cette création. Il s'agira de rassembler le plus de volontaires possibles qui chanteront chacun des notes tenues (bourdons) selon une méthode extrêmement simple, pensée par un compositeur anglais, Cornelius Cardew, et dont l'idée est de donner la possibilité à tout le monde de vivre une expérience de musique collective sans avoir besoin de savoir lire la musique, ni d'avoir de technique particulière, ni même d'avoir jamais pratiqué la musique. Je les accompagnerai en diffusant des « chants  des immeubles. Ensuite, le public pourra découvrir l'application dans le cadre d'un moment convivial.

Ton projet fait partie des dix créations partagées d’EXTRA ORDINAIRE. Quel regard portes-tu sur cette résidence qui associe plusieurs artistes au même moment, sur un même territoire ?

Ce qui me semble intéressant dans cette expérience, c'est qu'il y a une diversité d'approches artistiques et de disciplines : danse, arts plastiques, arts sonores, etc. Cela offre un très beau panel de découvertes. Mais, ce qui m'a particulièrement interpellé, c'est que plusieurs artistes explorent également la richesse culturelle présente sur place et laisse leur art et leur projet dialoguer avec l'expérience et la culture des habitants.

« Nous allons à la rencontre des habitants pour tenter de saisir ce que c'est que d'habiter ces immeubles avec toutes les nuances de la réalité, afin de s'éloigner le plus possible des images stéréotypées que l'on peut avoir du quartier. »

On fait le bilan ! (« calmement, en s’remémorant chaque instant… »)

De janvier à décembre 2018, toute l’équipe s’est mobilisée pour confirmer la dynamique en cours. Douze mois bien remplis, dont voici un bilan non exhaustif :

 

EN MATIÈRE DE PROGRAMMATION

  • Un total de 107 événements, parmi lesquels 45 dates de concerts produites par nos soins, 15 soirées accueillies en salle, 8 Quartier Libre, 10 rendez-vous cinéma, 2 expositions et 27 rencontres diverses.
  • Sur les 45 dates produites, on compte 31 événements en salle et 14 événements hors les murs, pour un total de 72 représentations et 58 groupes (dont 50% de strasbourgeois).
  • La mise en avant tout événement confondu de 84 groupes, à travers 104 représentations.
  • L’accueil sur l’année de 13 178 spectateurs en salle, pour un taux de remplissage de 84%.
  • Un nombre d’abonnés en très nette hausse (+66%) avec 121 personnes.
  • Des événements gratuits (56%), payants (30%) et à prix libre (14%).
  • Un tarif plein moyen à 15€ sur les événements payants, pour un tarif réduit moyen de 11€.
  • Le développement de concepts forts comme le Django Soul Train, les concerts « à la bonne heure », les concerts cachés ou encore les concerts aux fenêtres, pour toucher toujours plus de publics et renouveler l’expérience concert.
  • Des partenariats nombreux, avec l’Opéra national du Rhin, le MAMCS, Jazzdor, le CROUS, la Chambre, le Festival Hip-Hop Won’t Stop ou encore le Festival Chacun son court.

 

EN MATIÈRE D’ACTION CULTURELLE :

  • Le renouvellement d’une saison culturelle de territoire, pluridisciplinaire, gratuite et en extérieur, avec en plus des concerts aux fenêtres, la tournée des récrés dans les écoles du quartier ainsi que nos raids urbains dans toutes sortes de lieux de vie, ordinaires ou insolites, pour aller à la rencontre des habitants du Neuhof.
  • La mise en place d’interventions artistiques auprès de publics variés, sur les temps scolaire et périscolaire, à l’intention de jeunes handicapés ou encore pour les enfants et leurs parents.
  • Plusieurs initiatives menées avec nos artistes associés, le Weepers Circus, parmi lesquelles La Fabrique à chansons, dispositif national créé par la Sacem.
  • La participation à de nombreux projets co-construits avec les habitants et nos partenaires, comme la Fête du Parc Schulmeister (ville de Strasbourg), la Soirée de la Diversité (CSC Neuhof), nos Disco Foot, les fresques murales participatives dans les écoles du quartier, etc.
  • Près de 20 Face A Face B, nos visites guidées et commentées de Django, pour découvrir les coulisses de la salle, assister aux balances, rencontrer nos artistes.
  • L’accueil d’une résidence d’action culturelle, conduite par la Cie Mémoires Vives et le collège du Stockfeld : « La guerre des chiffons ».
  • Pour un total de 199 initiatives, toutes gratuites.

 

EN MATIÈRE D’ACCOMPAGNEMENT :

  • Le lancement d’un nouveau dispositif « la semaine de colo », à l’intention des 3 nouveaux projets de la pépinière : Amor Blitz (pop-rock), La Bergerie (hip-hop) et Difracto (électro).
  • L’accueil de 22 résidences, pour un total de 18 groupes.
  • Un travail de mise en réseau à plusieurs échelles, associant de nombreux partenaires/événements : le Noumatrouff, l’Autre Canal, le Festival Décibulles, le Cabaret Vert, le Printemps de Bourges, les Transmusicales de Rennes, etc.

 

MAIS AUSSI :

  • De nouveaux abords, un nouvel espace d’accueil et une image réinventée, pour rendre ce lieu toujours plus chaleureux.
  • Plus d’une vingtaine de bénévoles impliqués tout au long de l’année, un grand merci à eux !
  • Près de 3 000 litres de bière écoulée et une nouvelle carte au bar, pleine de gourmandises.
  • Et vos retours, toujours plus nombreux et bienveillants, qui nous donnent envie d’avancer et de continuer à développer ce beau projet !

LA PARTIE ÉMERGÉE DE...

Nous sommes très heureux de rejoindre en ce début d’année le dispositif transfrontalier Iceberg, cette opération initiée par les Eurockéennes de Belfort et la Fondation suisse CMA. Treize structures participent désormais à ce projet collaboratif visant à faire se croiser des réseaux et des territoires au service d’artistes émergents. Dans ce cadre, nous allons parrainer le strasbourgeois T/O, qui va pouvoir bénéficier pendant 1 an de temps de travail, de rencontre, de création et de diffusion privilégiés, censés lui permettre de poursuivre son développement. Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes, nous en dit plus sur ce projet, sa 4e édition et l’ouverture à de nouveaux partenaires comme l’Espace Django.

L’opération Iceberg est devenue en peu de temps un dispositif incontournable en matière d’accompagnement. Comment est-elle née ? Quel en est l’ADN, le principe directeur ?

D’un projet européen initialement soutenu par des fonds dédiés, nous avons imaginé cet accompagnement artistique expérimental comme une nouvelle aventure artistique et territoriale à vivre et à partager entre des salles de musiques et une dizaine d’artistes repérés sur un espace géographique identifié de l’Alsace à la Bourgogne-France-Comté et en Suisse frontalière. Il s’agit pour les Eurockéennes d’associer les clubs et salles d’un espace confraternel à inventer une nouvelle forme d’accompagnement basé sur la rencontre humaine et en évitant les écueils d’une direction musicale intrusive. Notre collectif, 13 salles de France et Suisse, offrent leurs espaces, leurs équipements et leurs compétences aux côtés des 2 initiateurs du projet, les Eurockénnes et la Fondation CMA* en Suisse qui font profiter de leurs expériences de la diffusion du live et de leurs réseaux national et international. Chaque année, une dizaine de jeunes groupes musicaux sont contactés pour leur envie manifeste d’explorer de nouvelles voies, musicales ou techniques. L’Opération Iceberg permet par exemple à un groupe hip hop de tester un accompagnement avec un trio à cordes, de rencontrer Pedro Winter** ou des programmateurs de radios nationales pour parler développement musical et choix de programmation musicale sur les ondes. Mais aussi le dispositif donne l’occasion de travailler avec Mike Ponton, guitariste de Dyonisos ou Côme Aguiar, musicien de Oxmo Puccino, à peaufiner son set live sur une scène équipée. Aucune obligation de résultat, juste des aventures humaines et l’occasion pour des artistes émergents de concrétiser ou prolonger un parcours musical.

*Consacrée aux artistes et aux musiciens, la FCMA les soutient dans l'organisation de leur stratégie, de leur activité et de leurs recherches professionnelles.

**Ex-manageur de Daft Punk, manageur de Justice et patron du label Ed Bangers.

Rares sont les initiatives qui associent plusieurs partenaires pour relever le défi du développement d’artistes émergents. C’est donc vrai : l’union fait la force ?

C’est la philosophie des Eurocks de partager avec d’autres d’autres partenaires leurs aventures artistiques. Le festival GéNéRiQ traduit chaque année cette forme collaborative comme l’étaient aussi les anciens Tremplins Eurockéennes qui associaient déjà les salles régionales autour d’une sélection d’artistes locaux. Plutôt que de surjouer solo le rôle du plus gros du poulailler du coin, il nous est naturel d’envisager des partenariats avec des acteurs locaux qui oeuvrent déjà à l’accompagnement artistique sur leur territoire, de bénéficier de tout l’équipement d’un réseau de salles en Suisse, de profiter de l’expérience d’exportation musicale comme le défend avec pertinence et réussite la Fondation CMA. Plutôt que l’union, c’est la diversité qui fait la force de l’Opération Iceberg.

Il y a deux petits nouveaux cette année. Peux-tu nous présenter les treize acteurs culturels franco-suisses engagés à vos côtés ?

2 régions, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, et 6 cantons, soit 13 salles de diffusion musicale forment le périmètre de ce dispositif transfrontalier. Côté français, l’Espace Django rejoint cette année le Noumatrouff de Mulhouse, la Poudrière de Belfort, le Moloco du Pays
de Montbéliard, la Rodia de Besançon et la Vapeur de Dijon. En Suisse, la Gravière devient un nouveau partenaire genevois au côté des Docks, du Romandie de Lausanne, du Port Franc de Sion, de la Case à Chocs de Neuchâtel, du Sas de Delémont et du Nouveau Monde de Fribourg. Tous reconnus pour leur grande expérience d’accompagnement et de repérage artistique. L’opération Iceberg joue la transversalité sur plusieurs niveaux. Outre celui décrit pour les artistes, elle permet également des échanges organisationnels entre structures et personnels des salles. Par exemple, les salles suisses s’enrichissent de l’expérience d’accompagnement artistique de nos partenaires français qui fait partie de leurs missions de SMAC. Tous ces échanges ont abouti à la diffusion libre d’un kit mobilité qui répond à toutes les questions relatives au statut d’artiste ou associatif, contrat, protection des œuvres, aide à la création, aux relations avec les manageurs, agents, producteurs… tout ceci afin de favoriser la mobilité des artistes et aider à leur structuration.

« Il nous est naturel d’envisager des partenariats avec des acteurs locaux qui oeuvrent déjà à l’accompagnement artistique sur leur territoire. (...) Plutôt que l’union, c’est la diversité qui fait la force de l’Opération Iceberg »

Pour cette 4e édition, 11 groupes ont la chance d’avoir rejoint l’aventure. Comment ont-ils été choisis ? Sur la base de quels critères ?

Plutôt que des critères objectifs comme celui de n’être pas encore signé sur un label ou d’en être à son 1er disque, nous avons opté pour des critères plus subjectifs comme une appétence à l’aventure artistique, ou celle qui propose un projet en évolution, qui augure des marges de manœuvres musicales. Un groupe Iceberg est celui qui, sur une poignée de morceaux enregistrés, laisse entrevoir un monde de possibles artistiques. Reste ensuite le passage à la scène, domaine d’expériences et d’expérimentations de l’Opération Iceberg.

Tu as déjà ton petit coup de cœur parmi cette promo 2019 ?

Une curiosité naturelle insatiable en particulier et un intérêt constant pour l’évolution des musiques populaires en général me rendent attentif chaque année aux projets de ces jeunes artistes proposés pour ce dispositif. Aux côtés de ceux déjà repérés dans l’année, j’avoue une grande hâte à découvrir sur scène Chien Bleu, rappeur genevois à l’univers déjà très marqué par un flow faussement dilettante. Idem pour le strasbourgeois T/O dont on parle beaucoup entre collègues et aussi dans les rédactions musicales spécialisées.

« Immersions, arrimages, grand bains », peux-tu nous décrire les différents temps forts qui attendent les groupes accompagnés ?

Trois temps d’accompagnement sont proposés aux artistes sur une année. Une résidence soit une Immersion de 3 jours dans une salle équipée avec un artiste qui, sans être formateur professionnel, invite à un partage d’expériences. L’Arrimage est une formation plus technique correspondant à un besoin identifié et sous des formes aussi diverses que des séances de sophrologie ou un apprentissage à l’utilisation de tel logiciel musical. Les Grands Bains sont les concerts proposés durant toute la période d’accompagnement dans les salles partenaires françaises et suisses et dans un réseau international de festivals.

Un message particulier à leur adresser ?

C’est le bon moment de tout tester !

« Aucune obligation de résultat, juste des aventures humaines et l’occasion pour des artistes émergents de concrétiser ou prolonger un parcours musical. »

AMOR BLITZ, UNE CERTAINE IDÉE DE LA POP !

On ne présente déjà plus Amor Blitz... Des mélodies entêtantes, une écriture ciselée, un son à part. 2018 aura été une année charnière pour le groupe. La sortie de son premier album « Ta jalousie est un drone » sur le label strasbourgeois October Tone, une vingtaine de concerts dans les salles et les festivals de la région Grand Est, une présence remarquée aux Bars en Trans de Rennes... En septembre, le quatuor a rejoint notre pépinière pour poursuivre pendant deux saisons le développement de ce potentiel plus que prometteur. Rencontre avec Emmanuel Szczygiel, chanteur, compositeur et parolier du groupe.

Alors c’est quoi Amor Blitz ? Le renouveau de la pop française ?

C’est une certaine vision de la pop française : celle qui se veut assumée, aventureuse et débridée !

D’où venez-vous ? Comment est né le groupe ?

Pour faire court, Amor Blitz est né à Strasbourg aux côtés de Louis Huber, à la basse, avec cette forte envie de jouer en live les chansons que j’avais écrite de mon côté. On a commencé en duo sur scène puis au fur et à mesure des concerts la formation s’est étoffée. Cela a pris un peu de temps pour trouver les bons éléments mais aujourd’hui nous sommes quatre avec Gabin Henry (batterie) et Hugo Turon (guitare/chœurs).

Quelle année 2018 ! Vous en ressortez gonflés à bloc non ?

Oui, je me faisais justement un bilan lorsque l’on a joué aux Bars en Trans, on vient de passer une superbe année ! Beaucoup de concerts et d’opportunités, les portes s’ouvrent au fur et à mesure.

On ne ressort pas indemne d’un concert Amor Blitz. Peux-tu nous décrire cette expérience de la scène ?

C’est un aspect sur lequel on a beaucoup travaillé ces derniers temps… Comment aborder au mieux la scène ? Mentalement je veux dire, on essaie de se mettre dans les meilleures dispositions psychologiques pour être capable de lâcher prise. Et puis notre set actuel est suffisamment diversifié pour que le public ait l’impression d’une sorte de voyage.

Vous êtes actuellement en phase d’écriture du prochain album. Envie de faire évoluer votre répertoire ?

Le répertoire va clairement évoluer et s’affiner, j’ai déjà écrit pas mal de démos jusqu’à aujourd’hui. Il y a une réelle envie de plus de finesse, d’élaborer un songwriting plus sophistiqué, plus rêveur et plus souple aussi. Par souple, j’entends « groovy ». J’ai toujours été fasciné par l’architecture complexe que peuvent avoir certaines chansons tout en restant extrêmement immédiate, à la manière d’Ariel Pink, The Lemon Twigs, ou même en France, William Sheller.

Comment se passe ce travail de composition entre vous ?

C’est un système fondamental qui n’a pas bougé depuis le départ : je compose les maquettes des titres seul dans mon studio et elles sont ensuite testées en groupe. Des accidents heureux peuvent potentiellement émerger de ces séances et être intégrés dans les versions finales. Par ailleurs, le fait d’être dans la « physicalité » des titres peut des fois me pousser à modifier des parties qui sont issues d’une réflexion cérébrale de studio. Dans tous les cas, j’aime bien laisser le temps aux chansons de maturer un peu avant de passer à l’enregistrement.

Depuis plusieurs mois, vous faites partie de notre pépinière, aux côté de Difracto et de La Bergerie. Comment vivez-vous cet accompagnement ?

C’est génial ! Ce qui fait énormément de bien, c’est la bienveillance qu’a l’équipe de Django envers les groupes de la Pépinière. Les conseils stratégiques mais aussi pour la scène sont donnés avec intelligence sans saboter les identités des groupes, le respect est mutuel. Que demander de plus ?

Que peut-on vous souhaiter en 2019 ?

De l’amour en barre et que la réalisation de ce nouvel album se fasse au mieux.

« On vient de passer une superbe année ! Beaucoup de concerts et d’opportunités, les portes s’ouvrent au fur et à mesure. »

LE CABARET VERT ET SES JEUNES POUSSES

Depuis la saison dernière, nous sommes partenaires du Cabaret Vert, ce festival militant organisé à Charleville-Mézières, dans le département des Ardennes. Avec d’autres représentants des musiques actuelles de la région Grand Est, nous participons à la sélection régionale du festival. Il s’agit de repérer les pépites musicales de notre vaste territoire et de choisir ensemble celles qui se produiront sur l’une des scènes du festival. Un vrai coup de projecteur pour ces artistes et une belle mission qui nous est confiée, sur laquelle nous revenons avec Julien Sauvage, directeur du festival.

Le Cabaret Vert existe maintenant depuis 2005. Vous avez démarré tout petit, avant de devenir progressivement l’un des plus grands festivals en France. Cette préoccupation pour la scène locale était-elle présente dès le départ ? Comment a-t-elle évolué au fil des années ?

Nous avons créé le Cabaret Vert dans le but de dynamiser notre territoire, que ce soit en termes de notoriété et de retombées économiques. Mais il faut se rappeler que l'association FLaP qui dirige cet événement s'est créée à partir d'un groupe de musique carolomacériens (les habitants de CharlevilleMézières) voulant permettre à des groupes locaux de jouer dans de bonnes conditions (il n'y a pas de SMAC dans les Ardennes et pas vraiment de lieu dédié aux musiques actuelles). Ainsi, dès notre 1ère édition, nous avons eu à cœur de programmer des artistes régionaux. Depuis 2 ans, nous avons ouvert cette sélection au Grand Est (réservée jusqu'à présent à la Champagne-Ardenne) grâce à l'aide d'acteurs lorrains et alsaciens venus renforcés notre comité jusqu'alors exclusivement champardennais. Une dizaine d'artistes est ainsi programmée depuis notre 1ère édition.

Votre engagement en faveur du développement territorial n’est plus à prouver. Ce soutien aux artistes du coin participet-il de cette démarche d’ensemble ?

Il est clair que la culture doit être perçue comme l'un des quatre piliers du développement durable... D'autant plus dans le contexte de concentration que vivent les festivals depuis quelques années en France. C'est une manière indirecte de lutter contre l'uniformisation (ou le formatage) des programmations. On pourrait presque parler de biodiversité culturelle. C'est aussi pour cette raison que le festival a intégré des espaces dédiés au cinéma, à l'art de rue et à la BD.

Cette année, une dizaine de groupes venus de Champagne-Ardenne, de Lorraine et d’Alsace seront programmés en août prochain. Une mise en avant tout sauf symbolique donc. Un signe fort pour promouvoir nos talents et faire entendre leur musique à des publics qui bien souvent ne les connaissent pas encore. C’est aussi ça le rôle du Cabaret Vert ? Une histoire de rencontres et découvertes ?

Je répondrai forcément par l'affirmative. Les rencontres, c'est un peu la raison d'être des festivals... Et nous avons toujours eu envie de faire découvrir à notre public, au départ principalement local, des artistes en développement en s'appuyant sur la présence de têtes d'affiches/headliners.

« L'énergie sur scène est très importante. Il ne faut pas hésiter à faire des résidences et se tourner vers des structures qui font de l'accompagnement. Il y en a généralement dans tous les territoires ! »

Quelles sont les conditions pour candidater ?

Il n'y a pas vraiment de critères particuliers, si ce n'est de résider dans le Grand Est… et ce afin de laisser un maximum de liberté au comité de sélection qui, au travers des structures représentées, a un œil très précis sur l'ensemble du territoire du Grand Est. Mais attention, nous accueillons près de 100 000 spectateurs : il s'agit donc de sélectionner des artistes avec suffisamment d'expérience pour être capable de tenir une scène devant plusieurs milliers de spectateurs. Il ne faut pas avoir une programmation régionale pour en avoir une (!), au risque d'envoyer « au charbon » des groupes insuffisamment préparés.

Un comité d’écoutes est constitué pour sélectionner les groupes. Peux-tu nous en dire plus sur cette étape importante, son déroulé, la composition du jury ?

Le jury est constitué d'une dizaine de personnes travaillant dans les musiques actuelles dans le Grand Est. Ce ne sont pas les structures dans lesquelles ils travaillent qui sont directement représentées... Ce comité s'est mis en place petit à petit, au travers des rencontres que nous avons pu faire et il peut être amené à évoluer à chaque édition. Ce doit aussi être un moment de plaisir pour ses membres !

Les débats sont vifs du coup ? Une anecdote à ce sujet ?

Je confirme que les débats sont très animés !!! Mais dans l'ensemble, c'est l'intérêt général qui prime, c'est pourquoi je ne révélerai pas d'anecdote... Le secret des échanges permet une parole libre !

Si tu avais un conseil à donner à tous ces artistes émergents, quel serait-il ?

Prendre le temps... Inutile d'être impatient. De manière générale, selon moi, l'énergie sur scène est très importante. Il ne faut pas hésiter à faire des résidences et se tourner vers des structures qui font de l'accompagnement. Il y en a généralement dans tous les territoires !

GRENZENLOS (EUROPEAN MUSIC EXCHANGE), AU-DELÀ DES FRONTIÈRES

Les 19 et 20 mars dernier, nous avons accueilli un très beau projet de résidence croisée entre deux groupes aux univers proches, les strasbourgeois Albinoid Sound System (nos anciens pépiniéristes, à redécouvrir lors des prochains concerts aux fenêtres) et les munichois Karl Hector & The Malcoun. Pendant deux jours, ils ont pu se rencontrer sur scène, partager leurs influences, leurs inspirations, expérimenter ensemble et inventer un répertoire commun, restitué lors d’une soirée concerts qui a fait grand bruit ! Retour sur cette création transfrontalière avec Mr. P, à l’origine de cette initiative inédite.

Comment t’est venue cette idée de rencontre musicale ?

D’origine allemande, je réside à Strasbourg depuis 1995. Je me sens européen du fait de mes origines en partie belge et allemande et ayant grandi dans un environnement français. J’ai toujours eu le regret que malgré la volonté de promouvoir les échanges entre les deux pays moteurs de l’Europe, les actes d’échanges concrets se font rares. Du coup, l’idée m’est venue de me baser sur mon réseau allemand et français pour remédier à ce manque.

Une façon pour toi de bousculer les habitudes des musiciens ?

Disons que nous avons des musiciens de talent des deux côtés de la frontière et lors de tournées, les groupes n’ont que très rarement un moment de répit. C’est souvent arrivée/ balance/concert/dodo/ retour sur la route, ce qui ne facilite pas toujours des échanges approfondis. L’idée du projet est de remédier à ce manque de temps et de proposer aux groupes de s’enfermer dans une bulle de création pendant au moins deux jours pour avoir le temps d’échanger et de construire un répertoire commun.

Pourquoi ces deux groupes ? Pourquoi un groupe français et un groupe allemand ?

Le leader de Karl Hector (Jan Weissenfeldt) est un ami de longue date, c’est un énorme musicien & DJ. Il a accompagné bon nombre de musiciens africains en tournée. Les Albinoid Sound System sont également des musiciens de grand talent. On a un lien affectif puisque le groupe s’est crée et produit au Mudd Club, ce café-concert dont j’étais le programmateur. Connaissant les membres des deux groupes, je me suis dis qu’ils s’entendraient à merveille, ils sont tous multi-instrumentistes et ont des influences très diverses (afro/funk/psyché/rock). Le fait de les faire jouer ensemble ne pouvait que donner un résultat assez fantastique. Il est prévu par la suite de faire évoluer le projet et de l’élargir à d’autres pays. Mais pour démarrer, il était naturel au vu de mon parcours de choisir une rencontre FR-DE.

« Non, ils ne se connaissaient pas – mais ils parlaient la même langue "musique", qui est universelle comme la culture. »

Ils se connaissaient avant la résidence ? Ils parlaient la même langue ?

Non, ils ne se connaissaient pas – mais ils parlaient la même langue « musique », qui est universelle comme la culture.

Ce travail a été présenté une première fois. D’autres dates sont-elles prévues ?

Oui le projet dans son ensemble se déroule sur une année complète et je suis déjà en train de travailler sur l’année prochaine (développement vers la Suisse en vue). Les prochaines étapes sont une scène pour la Fête de la musique, plus orientée rock où un échange est prévu avec Dresde ou Leipzig. Puis vers début octobre, un format similaire axé hip-hop/jazz avec Stuttgart se tiendra à la Maison Bleue (fraîchement rénovée). Et pour bien finir l’année, on prévoit une association avec la Longevity Music School (workshop, masterclass, tables rondes, conférences sur la culture FR & DE et soirée) autour d’une couleur musicale plus électronique. Un autre événement, plus petit, aura également lieu en mai dans le cadre du OFF du NL Contest : un street-artist de Leipzig viendra peindre pour COLORS et nous allons mixer ensemble à la Kulture.

Envie de prolonger l’expérience, en conduisant de nouveaux projets du même genre ?

Oui, c’est la première année mais je pense que ce projet contient en soi l’idée d’un échange régulier, surtout dans notre région tri-nationale. Il est aussi question de proposer plusieurs dates pour chaque rencontre en montant des minis tournées des deux côtés de la frontière (Grand Est – Bade Wurtenberg).

Rapprocher les réseaux musicaux français et allemand, c’est donc possible ?

C’est bien parti pour ! Maintenant il faut enfoncer le clou et continuer dans ce sens là. Le but est de rapprocher les deux réseaux et d’augmenter les échanges via le tissu institutionnel et underground.

Goûter concert sur le parvis des écoles Guynemer 1 et 2 - avec les étudiants du CFMI

Voici venu le dernier jour avant les vacances, avec une sortie d’école forcément euphorique et de beaux sourires sur le visage des parents. Un large parvis et un partenaire musical friand de se produire en plein air pour partager avec les gens. L’occasion était trop belle. Avec les étudiants du Centre de Formation de Musiciens Intervenants (CFMI), de Sélestat/Faculté des Arts de l’Université de Strasbourg, nous avons donc décidé de proposer un goûter concert devant les écoles Guynemer 1 et 2, voisines de l’Espace Django. Un événement musical hors du commun, sur un instrumentarium de lutherie urbaine industrielle. Rien que ça !

Au milieu de ce goûter, ils interpréteront des créations originales composées spécifiquement pour cet ensemble instrumental, constitué d’objets de récupération détournés (jantes, fûts métalliques, grilles d’écoulements, etc.) et d’instruments de facture classique. Influencés par les musiques actuelles (dub, funk, techno), les ingrédients qui composent cette prestation débordent de rythme et d’énergie.

Ce concert fait écho à un travail plus large mené sur le territoire avec le CFMI et les écoles Guynemer 1 et 2. Une collaboration au long cours qui permet cette année d’accueillir une future musicienne intervenante en stage dans chacune des deux écoles auprès de 4 classes.

Ils seront également sur le parvis de l’Espace Django en préambule du concert du soir (Astéréotypie), aux alentours de 19h45.

AVRIL - Astéréotypie + Féroces - 05.04.19

Salut, tous. J’ai été saisie d'une méga flemmingite rédactionnelle aiguë, et vais donc vous résumer plus que brièvement les dernières dates passées qui n'ont pas eu droit à leur propre récap' :  

On a eu le Derby Grand Est, mais j’étais pas là. Y’a eu le Quartier Live, qui me foutait un peu les jetons, mais qui a été magistral et aussi beau qu’on osait l’espérer. Y’a eu la date d’Ind’hip-hop par nos copains de Pelpass, et tous ceux qui n’ont jamais vu Black Milk en live, je vous le dis, ne mourront pas tranquilles. 

 

Et puis y’a eu Astéréotypie aussi, composé du groupe de Moriarty et de trois jeunes chanteurs qui écrivent leurs propres textes, et qui se trouvent …être autistes. Ce genre de date « qui construit l’identité » d’une salle, vous commencez à saisir le concept. Y’avait pas foule, et franchement, vous avez eu tort de pas venir. C’était trop beau.

Honnêtement, début de journée, méga flemme d’enchaîner deux dates d’affilées, tous les autres récap’ à rattraper, j’avoue que j’y allais en crabe (pas à reculons mais pas franchement franchement non plus quoi).

 

Je rentre dans la salle au moment de l’arrivée du groupe, et un grand type  se dirige droit vers moi, me tend la main pour me dire bonjour… puis m’attrape carrément pour me faire un câlin. Euhhhhhh. Ah oui. Un des chanteurs d’Astéréotypie. Aurélien.

Aurélien, quand il n’est pas sur scène, il marche. Il fait de grands pas dans toute la salle, distribue les câlins, et marche, marche, arpente toute la salle vide avec son casque anti-bruit sur les oreilles. Il a un temps de concentration de 20 secondes en temps normal, et celle d'un moine bouddhiste quand il joue son morceau de xylophone sur scène.

Y’a Yohann, qui était tellement enthousiaste pendant les balances qu’il en a fait une belle série de roulades, genre tête brûlée de la bande, mais bon, allez écouter son titre « Le Cachet» et on en reparle.

Et y’a Stanislas, qui parle d’une voix grave, très grave (comme il dirait parce qu’il aime accentuer les choses), comme une vieille personne, mais qui serait vieille dans les années 50. Il a une diction à parler sur Radio Londres, et s’intéresse aux sujets importants, comme le modèle de voiture que Ben conduit (« c’est bien, c’est très bien, c’est un bon modèle de véhicule, ce sont des voitures solides ! Mais pourquoi ne pas avoir choisi le modèle plus récent ? »).

Le catering s’est passé à merveille, si on omet le fait que le plat sans lactose et sans gluten pour Aurélien ne lui a pas convenu :

« J’en veux pas.

- Oui mais c’est pour toi, on l’a commandé exprès tu sais, sans gluten et sans lactose… Tu ne veux pas goûter quand même ?

- Nan, j’veux pas.

(je jette un coup d’œil à leur éduc’ spé, qui hausse les épaules)

- Boh, tu sais… C’est une idée de sa mère de toute façon, il passe son temps à boulotter des Princes toute la journée. »

Du coup Aurélien s’est servi une montagne de patates et de cordon bleu à la crème.

 

Bon, il a pas trop aimé les patates. Il faisait la moue, a commencé à toutes les éplucher une à une, a abandonné, joué avec du bout de sa fourchette… Entre un dessert et un verre de vin blanc, je le vois agiter ses couverts. Je tique avec 4 secondes de retard. « Aurélien... ? T’aurais pas jeté les patates sous la table par hasard ? » Il secoue la tête « Nooon… Pas sous la table. Par terre. » Ah oui. Bon. Il les a ramassé dans la foulée et en sortant, alors qu’on courait partout pour débarrasser, il passe à côté de moi et lâche un furtif « Pardon c’était une bêtise. ». T’es tout pardonné Aurélien. T’es bien trop chou pour qu’on t’en veuille et en plus ta chanson « Ponyo sur la falaise », elle déchire.

 

Evidemment, c’est pas le même genre que Stanislas qui scande son amour et son respect infini pour Marie-Antoinette qui vit dans un souterrain secret depuis 500 ans, ou tout ce qui le met en colère (leur gros titre).

Le concert était hyper intense et prenant, l’équipe était super contente de l’accueil, ça les changeait des premières premières pré-premières parties ou des événements « les handicapés font de la musique», vous voyez le genre. Aurélien est tombé amoureux d’Ophélie (« Toi je t’aime beaucoup. ») et notre copain Henri le Facteur, que vous connaissez tous trop bien, a été tellement ému du concert qu’il a versé quelques larmes.

Ouaip, vous avez loupé quelque chose.

 

MARS - Beat Assaillant + Goomar – 09.03.19

Du coup samedi dernier c’était le concert de Beat Assaillant.

Un beau samedi presque ensoleillé, dont Ben et moi avons pu profiter jusqu’à l’heure historique de… 13h. Bah oui, parce que le groupe avait décidé de débarquer à cette heure-là, pour un concert à 21h30. Et en grande pompe, silvouplé : groupe, techs certes, mais aussi gens du label pour assister à cette grande première post-résidence, lancement d’album. On s’est donc pointés à l’heure prévue pour leur préparer du café, faire coucou de la main à leur arrivée, s’assurer qu’ils avaient pigé le mode de fonctionnement du micro-onde puis… plus rien. Jusque 17h et l'arrivée du second groupe et des bénévoles.

Ouais.
Bon.

Oh bah ils étaient sympas hein, en plus ils se sont servis du micro-onde ET du four, ça a pimenté un peu les choses.

 

 

Mais bon, comme on était samedi, toute la team de bénévoles est quasiment arrivée à l’heure optimale – sinon optimiste – de 17h/17h30. Et là… Pfiou. Pendant que je faisais faire le tour à une nouvelle, ils se sont tous affairés comme des fourmis, tant et si bien qu’à 18h… On avait fini. Ouais. Même que je suis allée demander à Pierre s’il restait des trucs à faire, du coup. Evidemment il en a trouvé (trier des flyers, vérifier des affiches, et nettoyer les cendriers extérieurs) mais même avec ça, tout était prêt à l’heure. Voire une heure trop tôt.

Du coup on a un peu attendu, un peu fait la conversation, en attendant sagement que le groupe se décide à venir manger. A 19h. Adieu petite avance confortable comme un bourrelet hivernal.

L’arrivée du public s’est faite toute en douceur, tout allait bien, et puis en fait d’un coup nan.

Il y avait ces 100 préventes de trop, ou plutôt, ces 2 bénévoles de pas assez, et le temps d’un clignement de paupière, y’avait la queue au vestiaire, y’avait la queue aux jetons, y’avait la queue au bar, personne ne savait plus où donner de la tête, et on a dû recruter dans l’équipe pour soutenir les bénévoles qui se noyaient.

 

 

Après cette tempête absurde tout le monde était un peu étourdi, mais on a profité du calme au début du concert de Beat Assaillant (oui parce qu'à un moment, quand même, le public arrête de boire des bières au bar pour aller voir le concert) pour se ressaisir et repartir à zéro, avec un joli bar bien propre, une vaisselle faite, un catering débarrassé et... et Goomar, la première partie, est venu réclamer son dû, vu qu’il avait rempli sa fiche SACEM.

Ah oui, alors. Explication de teeexteeeee :

En gros, on a besoin de la liste de tous les titres que les artistes interprètent sur scène, pour les envoyer à la SACEM. Comme personne ne le fait jamais, on a laissé une petite liste de récompenses au choix si ils faisaient bien leurs devoirs : de belles choses comme un dessin de la main gauche du programmateur, un dessin de la main gauche du programmateur exécuté par sa main droite, une danse collective de l’équipe, une madeleine sèche, un crocodile nain, ou… Un verre de mirabelle. Evidemment Goomar a choisi le verre de mirabelle.

On avait pas de mirabelle. Mais on avait un fond de Diplomatico, resté d’une ancienne date où l’artiste nous avait commandé ça pour ses loges. Bon. C’est allé nickel.

 

 

On se remettait donc tranquillement de notre rush lorsqu’une première vague de gens est sortie de la salle :

« Y’a quoi après Beat Assailant ? Y’a un autre concert ?
- Euuh… non… pourquoi ?
- Bah, 45mn de show ça fait court quand même !
- Pardon ? Il a fini ?
- Bah, c’est ce qu’il a dit en tout cas ! ».

Eh, les bilingues. C’est pas parce qu’un artiste dit « Thank you Strasbourg !!! » que ça veut dire « Au revoir Strasbourg !!! ». Rendez donc vos vestes pour retourner dans la salle voir la fin du show.

On finit tout de même vers 00h40, super tôt, youpi ! Enfin, "fini"...

Y’a encore les caisses à compter, les derniers verres à sécher, les plats à gratouiller, et les trucs bêtes auxquels penser genre vider les fruits du cocktail, nettoyer les cendriers, ranger les portants et ranger les loges... Enfin ça, on aimerait bien, mais l’équipe bien trop complète de Beat Assailant s’est visiblement lancée dans un débriefing des vingt dernières années de vie de chacun, vu le temps qu’ils ont passé enfermé là-dedans.

Il était bien tard quand on a finalement réussi à libérer tout le monde, tellement tard que personne n’a rien compris à ma répartition dans les voitures pour le retour et qu’on a failli laisser quelques bénévoles sur le parking.

Je vous rassure, tout le monde a fini à bon port et on a pu cocher cette date supplémentaire dans notre palmarès !

La prochaine date, c'est une mise à disposition pour le CROUS, qui organisait les finales d'un tremplin étudiant, Musique de R.U. et promis, vous ne voulez pas rater ce récap. 

 

"Vibrer Danser" avec Noellie Poulain et Flora Duverger auprès des résidents d’Adèle de Glaubitz

Depuis le mois de janvier, l’Agence Régionale de Santé, l’association Adèle de Glaubitz, l’Espace Django, Musica et les Percussions de Strasbourg mènent conjointement « Vibrer Danser », un projet artistique autour de la musique et de la danse auprès de certains résidents d’Adèle de Glaubitz, d’enfants autistes, polyhandicapés et résidents de la MAS (Maison d’Accueil Spécialisée, handicap lourd).

Les personnes retenues pour ce projet l’ont été de par leur appétence pour la musique et la danse et leurs potentialités à la fois physiques, d’apprentissage et d’adaptation.

Autour des équipes thérapeutiques et pédagogiques, de la danseuse Noellie Poulain - Cie Graine de Moutarde - participant à de nombreux projets portés par l’Espace Django (récréations artistiques, impromptus auprès de la petite enfance) et de la musicienne Flora Duverger, ce projet se mène au long cours, avec un à deux ateliers par mois.

De beaux moments ont déjà été partagés, les artistes ayant privilégié un mode d’action qui fonctionne bien, une alternance de propositions et de pratiques, ainsi que des improvisations qui favorisent les expressions individuelles et les interactions du groupe. La prochaine séance aura lieu ce mois-ci, le projet se poursuivant jusqu’au mois de juin.

A chaque séance les objectifs retenus du projet d’accompagnement font l’objet d’une évaluation par les professionnels éducatifs et les artistes.

L'interview "ni relue ni corrigée" : Camille Raverdy

Voilà déjà le deuxième épisode de la série d'interviews "ni relues ni corrigées", avec cette semaine, deux de nos bénévoles. Les passages où les participants choisissent le numéro de la question est volontairement supprimé pour éviter les longueurs, et que les autres bénévoles ne les connaissent pas à l'avance.

 

L'interview ni relue ni corrigée de Camille Raverdy

Emma : Salut, je t’interromps deux minutes dans ta soirée (et dans la mienne) pour une petite interview. Je te présente le concept : j’ai une liste de questions numérotées de 1 à 10, tu en choisis 5 au hasard, et tu y réponds ! Rien de très compliqué, mais attention, rien ne sera corrigé. Ça te va ? 

C : Ah c’est bien ! Je dois choisir les numéros ?

E : Voilà, d’abord tu peux commencer par te présenter rapidement.

C : Ok alors moi je m’appelle Camille, je suis bénévole depuis un an et demi, et puis ce soir je suis responsable du bar… [voix hésitante]

E : Ahahah alors vas-y, première question. Depuis combien de temps es-tu bénévole à Django ?

C : Ah un an, mais non du coup, j’en fais une autre ?

E : Ouais, vas-y… Quelle est ta tâche principale ici ?

C : Euuuuh eh bien je me suis souvent retrouvé au bar depuis que je suis là, et là ce soir je suis responsable du bar donc je suis en charge de la bonne gestion du bar, je dois faire la comptabilité, changer les fûts, et engueuler les autres s’il le faut... Mais c’est pas le cas ! Et essayer de faire des cocktails Django même si j’ai foiré le premier... personne n'était au courant et personne l’a remarqué donc tout se passe bien, j’espère vraiment que… [rires]

E : On mettra pas le nom de la date !

C : Ouais faisons ça !

E : Deuxième question. Allez, avoue tout et mettons une bonne fois pour toute terme à ce débat, c’est qui ton ou ta préférée ici ?

C : Ah c’est dur ! [long silence] Bah Mourad !

E : Aaaaah naaaan !

C : Evidemment ! il est tellement chou ce gars, t'as juste envie de lui faire des câlins toute la journée !

E : Bon ! Un point pour lui okay. Troisième question ! Décris ta soirée typique ici.

C : Soirée typique… hum j’arrive toujours à l’heure, toujours… [rires] et ça commence un peu dans le rush mais bon, je commence à savoir comment ça se passe ! Après, bon, je m’empiffre... malheureusement je mange beaucoup trop et par moment j’ai vraiment mal au ventre, euh mais c’est très très bon hein ! C’est pas une question de goût c’est vraiment juste une question de quantité ! Après m’être empiffré je me coltine à la tâche et j’essaie quand même de profiter des concerts parce que c’est quand même une putain de programmation, et puis bon voilà, malheureusement je rentre pas toujours en dernier parce que bon je suis arrivé en tram, donc euh, après je rentre vers minuit quoi. A peu près ça.

E : Très bien, quatrième question. Alors si tu devais te réincarner en un chanteur ou une chanteuse pourri(e) ça serait qui ?

C : Pourri ? Ah… pourri... Euuuuh… [rires] quelqu’un de mort ou de vivant ?

E : Pas forcément mort, tu peux choisir quelqu’un de vivant.

C : ...Philippe Katerine !

E : Très bien ! et dernière question, attention choisis bien... Le plat que tu fais pour épater tout le monde ?

CLe rhum arrangé.

E : [rires] Ok on va considérer ça comme un plat du coup ?

C : C’est ça !

E : Très bien ! Du coup je t’enverrai l’interview et tu me certifieras qu’elle n’a été ni relue ni corrigée !

C : Ça roule !

Retrouvez Camille... En Géorgie, où il effectue son stage de fin d'année ! Et qui sait, peut-être à Django à la rentrée !

FEVRIER - Le Karaoké Live des Meteor'Hits - 28.02.19

THE Karaoké Live : point de convergence des spectateurs les plus divers et variés que l’on puisse avoir en Quartier Libre. Cette édition était un peu spéciale, puisqu’elle marquait les 10 ans des Meteor’Hits, le groupe qui anime le karaoké en question.

Je savais pas trop combien de personnes attendre puisqu'il n'y a pas de réservations à faire, et donc le nombre de bénévoles avait été jaugé un peu au pif. Le catering aussi était au pif, puisque Ben est venu me prévenir à 19h qu’on avait 6 personnes de plus que prévu, soit les 6 invités du groupe, les grands incontournables de leurs dix années de karaoké. ... Qui s’attendaient à un traitement de faveur et se sont retrouvés devant des pizzas du Terminus achetées au vol pour compléter le repas du traiteur.

 

En plus de ça, y’a beaucoup beaucoup de public qui a débarqué, j’ai voulu prendre le relais à la vaisselle et je me suis brûlé les doigts, ça courait un peu dans tous les sens pour faire ce qu'on pouvait avec ce qu'on avait, ça a commencé à m'angoisser et du coup je me suis mise dans un coin et j’ai rempli plein de cases sur ma super application "gestion du stress" qui m’a proposé de faire des petits exercices de « mindfulness »...  euuh, est-ce que j’ai l’air d’avoir le temps de faire ça sérieux ?

Cette idiote d’appli m’a fichu un 8/10 en anxiété et je l’ai refermé pour voir où on en était.

Bon, bah on était à peu près bien, en fait. Une fois tous mes petits chouchous à leurs place avec leur beau tshirt jaune siglé "Django", on avait l'air de gérer la situation.

Je me suis fait un verre et je suis montée un peu en régie. Parce qu'il faut savoir se chouchouter un peu. Et un verre de cocktail et du silence valent mieux qu'une application apple.

Et puis installée là, avec mon verre à la main, je me suis dit que tout de même, c’est incroyable les karaokés.

Une adorable mamie a chanté « Hymne à l’Amour » avec une voix approximative et tout le monde a repris le refrain en cœur avec elle.

Y’avait aussi le gars qui danse avec son pied de micro comme Johnny en marquant le rythme sur les cymbales du batteur.

Et la dame à la cinquantaine pimpante qui se déhanche sur scène en nous interprétant du Téléphone avec la fougue de ses 20 ans.

Au milieu de ça, un petit couple dans le public a dansé la valse sur absolument toutes les chansons, (oui, même sur Antisocial) et quelques coupures de courant ont fait courir les techniciens dans tous les sens pour pimenter un peu le tout.

 

On a même fini la soirée avec  un gâteau d’anniversaire ! Et avec tout le monde qui chantait tous les refrains et mangeait du gâteau au chocolat, franchement, ça faisait un peu repas de Tatie Brigitte le dimanche et c'était trop chou.

En fait, j'aime trop les karaokés.

Promis, on est de retour à temps pour tout vous dire des dates de mars, à commencer par Beat Assaillant !

 

FEVRIER - Parquet + Encore + Lemming Suicide Myth - 23.02.19

Ça, c’était la date de Parquet + Encore + Lemmings Suicide Myth. Des noms étranges pour des groupes étranges, genre de la techno joué par des jazzeux qui font du rock, un groupe de post-rock progressif qui joue dos à dos, et puis un groupe de jazz rock avec d’autres adjectifs derrière, qui joue face à face.

Du coup, parce que Ben aime faire des blagues, il a fait joué Encore sur le parquet, alors que Parquet qui aime jouer sur le parquet, bah, a encore joué sur la scène.

 

 

Attendez, je reprends.

Pour commencer, c’est « le genre de date qui fait l’identité d’une salle ». C’est le vocabulaire de Pierre pour dire qu’on a envie de la faire, cette date, mais que clairement, on sera pas nombreux dans le public.

Résultat : on avait à peu près… peu de préventes le jour-même.

Bon. Mais en même temps les Lemmings, ça fait deux ans qu’on a envie de les faire, depuis qu’on les a vus jouer au Tremplin Décibulles de 2017. Ils ne sont pas follement bavards mais mettez-les sur une scène et vous aurez deux musiciens-machines à la précision folle et aux compos vraiment cool et qui parlent d’elles mêmes.

Encore, le groupe hein, pas le mot, étaient eux dans notre pépinière ces deux dernières années, alors on les connait bien, et avec leur dispsition en milieu de salle, leur matériel câblé de partout sur leur petite estrade, ça en jetait.

Et Parquet (sur le label Carton, ou cartoncartoncarton sur Youtube – on invente rien), eh bien... ça fait partie de ce genre de date dont on regrettera toujours le manque de spectateurs.
Surtout pour nous entendre dire, dans 1 an et demi « Eh, j’ai découvert un groupe trop cool, vous voulez pas les faire venir ?! Hein ? Comment ça ils ont joué chez vous l’année dernière ??! Mais nan !!! ». Parce que dans ce genre de cas, je vous jure, je pourrais tuer des chatons.

 

 

Et comme prévu, on a eu moins d’une centaine de personnes, les groupes étaient trop bons, la salle un peu trop vide, et même avec un nombre bien trop élevé de bénévoles par rapport au public présent, on a réussi à finir à 1h30, comme pour les concerts où on accueille 400 personnes.

J'aimerais conclure cette micro-chronique avec un jeu de mots mêlant carton, parquet et encore mais les possibilités sont trop vastes. Et puis c'est Ben le spécialiste des jeux de mots pourris.

 

 

 

FEVRIER - THE HOT 8 BRASS BAND + NHF ORCHESTRA - 05.02.19

Hop hop hop, pas l'temp d'niaiser à Django, on enchaîne avec les dates de février.

Mardi dernier (yiiik, déjà une semaine !) on accueillait le Fabulous and Legendary Hot 8 Brass Band.

Ouais, okay, c’est moi qui ait rajouté les adjectifs.

On a reçu le Hot 8 Brass Band, ou Hot 8 BB comme j’aime à l’appeler (dans ma tête, de moi à moi, puisqu’objectivement, tout le monde s’en contrefiche de la manière dont j’appelle un groupe de musique, quel qu'il soit) ce groupe de fanfare de la Nouvelle-Orléans qui... PARDON ? De FANFARE ?

Oui, moi aussi j'ai visualisé les rougeauds alsaciens en costume traditionnel qui se vident les poumons dans des cor de chasse ou autre gros truc en cuivre plein de tuyaux (j'ai un doctorat en noms d'instruments, vous étonnez pas).

Mais non, là c'était une fanfare "à l'américaine". Comprenez : des gros bonhommes impressionnants en maillots de basket avec des vidéos youtube qui en jettent et des reprises de standards super funky.

 

 

On s’attendait à un beau show à l’américaine, à un beau complet, mais vu que maintenant on sait faire et que je sais qu’on sait faire, on y allait sereins.
De toute manière, faut que je me fasse à l’idée : stresser avant un complet, c’est comme Pierre qui essaie de calmer un bébé qui hurle : pas très efficace.

(Oui cette référence est directement tirée de la réalité vraie, ou lorsque Pierre a tenté de raisonner un bout d’chou de 1 an qui s’époumonait dans la couloir – et malgré les arguments absolument sensés d’El Director, le gosse n’en a que plus écarquillé les yeux avant de hurler de plus belle).

 

 

Enfin bon, maintenant que la plupart des anciens nouveaux bénévoles sont devenus de nouveaux anciens bénévoles, j’ai plus qu’à ouvrir les portes et les laisser s’affairer dans tous les sens et ça c’était plutôt pas mal, parce qu’on était nombreux ce soir-là.

Nombreux comme une dizaine de membres d’équipe, une dizaine de bébénévoles, une vingtaine d’ados du NHF Orchestra qui assuraient la première partie, ah, et une dizaine de gens pour un Face A Face B que Mourad devait accueillir, juste avant d’aller tomber en panne de l’autre côté du Neuhof, pour le sport.

Autant dire que si je pensais avoir loupé ma vocation de cantinière de colonie de vacances, j’ai pu tester le métier et bon bah, nan, c’était pas fait pour moi.

 

 

Sinon, le concert... Eh ben ça a pas loupé, le Hot 8 nous a gratifié de ce genre de show-sauna qui vide le hall parce que c’est trop bon, même si la température en interne frôle les 75 degrés et 80% d’humidité, un peu comme pour la date de Zapp Band, pour ne citer qu’eux !

Enfin bon, tout ça pour dire que c’était magistral et efficace sur tous les plans, que le Hot 8 a adoré notre cocktail maison et l’ambiance de notre salle, et qu’on a conclu cette soirée de bonnes vibes absolues sur une vaisselle au son de Tshegue, et merci. Merci merci.

C’était trop beau.

 

LA TOURNÉE DES RÉCRÉATIONS ARTISTIQUES DE L'ESPACE DJANGO

Une semaine par trimestre, nous organisons une "tournée des récrés surprise" dans les 7 écoles maternelles du quartier (Ariane Icare, Canonniers, Neuhof A, Neuhof B, Reuss, Stockfeld, Ziegelwasser) et les 3 établissements dédiés au handicap (Adèle de Glaubitz, ARAHM, Impro La Ganzau). Une façon pour nous de surprendre les enfants pendant le temps de pause et les rapprocher le plus tôt possible de la matière artistique, dans toute sa diversité !

 

Vidéo : Afterlife Production

JANVIER - ARAT KILO, MAMANI KEITA & MIKE LADD + WINSTON SMITH - 25.01.19

Eh c’est la rentrée. Aïe, ouille.

Oui bon, ça fait 3 semaines. Je suis un peu à l’arrache, oui bon, on l’aura compris.
Mais il fait beau et je suis en pleine phase de digestion alors j’ai mis de la musique relaxe et j’essaie de vous faire ça avant d’être 3 dates en retard.

Où sont mes notes… Ah oui. Alors.

Arat Kilot – 25.01

Même pas le temps de lever le nez de ma boîte mail et de faire les plannings que voilà la première date de l’année 19. Trois ans plus tard, et je suis toujours un peu rouillée après les vacances. Hein, qui, quoi ? Les courses de… Ah oui et bon. Ah, le planning de ? Et ça, zut ! Okay, ça devrait aller.

 

La veille, on avait fait la première session de la formation bar : j’avais préparé des tas de fiches de poste plastifiées, des fiches horaires, des étiquettes sur toutes les étagères… De l’avis général, on est au top pour accueillir tout type de bénévoles, aussi tête en l’air soient-ils (c’est ça, moquez-vous de mes tocs de classement et d’étiquetage…). C’est mon côté perfectionniste loosé du côté sud-américain : je suis capable de me lever à 3h du matin pour classer mes mugs par couleur, mais je peux reprendre douze fois le même dossier et oublier chaque fois de corriger la ligne qui pêche (à la ligne) (oups). Où en étais-je… Ah oui, le concert.

L’après-midi tout s’est bien passé, j’ai joué à la maman parce que ça m’avait un peu manqué – j’suis allée acheter du café parce qu’on en avait plus, j’ai donné de la glace au chocolat à Mimi, notre régisseuse en chef, et j’ai mis des gouttes dans l’œil d’Ophélie, l’une de nos services civiques. Ah, on s’moque de mes étiquettes et de mes protège-doigts en plastique, mais on est quand même bien contents de trouver ce genre de bêtises dans la boîte à pharmacie rangée dans le placard étiqueté « placard à pharmacie », hein ?!

Bon.

J’étais bien stressée mais bon, une fois que tous mes petits choux débarquent, je finis toujours par être toute enthousiaste et oublier tous les soucis.

Enfin, presque tout.

Tout sauf les repas qui manquent au catering pour genre MIKE LADD et MAMANI KEITA, par exemple les têtes d'affiches, comme la queue qui s’accumule aux jetons, et puis au vestiaire où c’est la cata parce qu’il fait froid dehors, et au bar parce qu’on se marche dessus puisque personne ne va dans la salle, parce que la première partie c’est un DJ et que les gens comprennent pas qu’ils peuvent rentrer, d’ailleurs ils comprennent pas pourquoi faut des jetons, et d’ailleurs, j’aimerai euh, une bière et un verre de vin, euh… Non, attendez, Christine, tu veux du vin ou du crémant ? Bon, alors très bien, alors des jetons pour un verre de vin et un crémant et… ah non, une bière… Mais… Ah, sinon peut-être un Picon… Du coup une 25 ou une 50cl ? Eh bien, mettez, euh, mettez... D'accord alors c'est combien déjà ? Euh, Christine, tu voudras des m&m’s ou non ?!

 

Ouf, faut que je me remette de la musique douce.

Bon, j’en étais où ? Ah oui.

Passé la galère des jetons, le bar roulait, du coup j’ai inauguré quelque chose d’assez exceptionnel pour que ce soit mentionné : je suis montée en régie et j’ai regardé DEUX MORCEAUX ET DEMI en buvant mon verre, et oui, c’était la première fois en trois ans. Je suis redescendue là les mains dans les poches, très satisfaite de ce concert super stylé, et là, la personne de la sécu me fait un petit signe : « Euh… y’a du vomi, là. ».

Ô joie. Ô félicitée.

 

Du bout de ma serpillière et avec force frissons de dégoût et cris d'orfraie adolescente, j’éponge la flaque en chouinant.
Entre temps, la moitié des portants s'étaient écroulés dans les vestiaires et les bénévoles s’étaient retrouvées à utiliser le reste des chaises pour suspendre des vestes, telles des MacGyver de la salle de concert. On a remis tout ça en place bien vite et personne n’a rien vu, ou presque.

Et puis après... Ah bah après on a eu le temps de voir venir, hein. Mimi la régisseuse a fini par dire "Bon. Je vais leur dire de s'arrêter quand même un jour, hein !".

Et puis elle est jamais revenue.

Et puis le concert a continué.

Et puis, il se faisait tard, mine de rien.

Et après ce long concert de folie, ils ont encore trouvé la motivation de venir dans le hall, rencontrer le public qui était plus qu’enthousiaste, a bu un verre avec eux, et tout ça même sans avoir encore mangé.

J’avoue, j’étais crevée, mais bon, okay... Quand Mamani a fini par aller manger son plat, au fond du catering-vestiaire, à minuit et demi, et qu'elle était tellement contente de sa date qu'elle a improvisé une petite danse avec Baya, j'ai rien eu à redire.

 

En conclusion, voilà la petite musique douce dont je vous parlais, si certains d'entre vous ont les nerfs en pelote.

 

Tram C comme CULTURE

Le 15 septembre 2018, dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, 5 structures culturelles strasbourgeoises riveraines de la ligne de tram C, se sont associées à la CTS pour proposer des impromptus artistiques tout au long du trajet :

 

Les structures associées :
- l'Espace Django avec The Cracked Cookies
- Le Shadok et la Longevity Music School avec GSTN, Difracto, iikyh, Wesh
- le TNS-Théâtre National de Strasbourg avec Alice Gozlan, Zacharie Lorent et Genséric Coléno-Demeulenaere
- l'Opéra national du Rhin avec Anaïs Yvoz et Jean-Christophe Fillol
- le Graffalgar

Captation live et montage par Les indépendants.

Deux mains sur scène, et bien plus !

L’accessibilité des concerts pour tous, quelle que soit sa situation, est l’un de nos nombreux engagements. Depuis la saison dernière, la plupart de nos concerts « à la bonne heure » sont ainsi traduits en langue des signes françaises. Née à la suite de discussions avec nos voisins de l’association Adèle de Glaubitz, en particulier les enfants du Centre Braille lors d’interventions artistiques menées sur place ou lors d’accueil de petits groupes pour nos découvertes de l’envers du décor, cette traduction chansignée est désormais récurrente. Elle est assurée avec brio par le collectif Deux mains sur scène. Rencontre avec Séverine et Rachel.

Comment est né le collectif Deux Mains Sur Scène ?

Par un heureux hasard, qui fait si bien les choses... Nous sommes toutes les deux interprètes en langue des signes, diplômées depuis plus de quinze ans. On avait chacune envie de voir notre métier sous un autre angle et un besoin de s’exprimer dans un autre contexte que notre travail quotidien. En 2010, Séverine a eu l’occasion d’adapter le spectacle pour enfants « à la Récré » du groupe Weepers Circus et de le traduire sur plusieurs dates. Cette initiative a séduit les publics et a été reconduite pour le spectacle suivant en 2013, dans différentes salles en France. Professionnellement et amicalement, ça matchait ! On a donc eu envie de tenter l’aventure ensemble, de la développer en rencontrant d’autres salles et d’autres artistes. Et nous avons eu la chance depuis 8 ans d’en rencontrer beaucoup et pas des moindres, de Cali à Yves Jamait en passant par Catherine Ringer et les Brigitte, Aldebert, Léopoldine HH, les Garçons Trottoirs, Thomas Schoeffler Jr ou HK et les Saltimbanks, Buridane, Aelle, Paul D’Amour, etc. Le chansigne nous a permis de vivre des moments très forts. Et nous sommes fières de vous annoncer que depuis cette année, nous avons officialisé notre collectif par la création d’une association !

Depuis quand « chansignez- vous » les concerts à l’Espace Django ?

Depuis novembre 2017, et on espère continuer encore longtemps ! C’est une salle particulière pour nous, de par ses valeurs d’ouverture aux publics, de développement de l’accès à la culture à tous et pour tous que nous partageons. De par sa programmation aussi, originale et atypique, qui nous pousse à relever de nouveaux défis. On passe quand même du blues rock à l’opéra en passant par le hip hop. Et pour son équipe enfin, qui nous accueille et nous soutient avec bienveillance et énergie.

« Rendre la musique “visible”, son rythme, l’émotion qui découle des textes »

Comment s’est passé cette rencontre ?

La réputation de cette salle concernant la programmation (artistes locaux, styles originaux et variés), sa politique et ses actions concrètes à l’égard des publics dits « éloignés » de la culture, avec une vision inclusive, a forcément titillé notre curiosité. Notre rencontre avec Mourad Mabrouki a confirmé que nous avions les mêmes objectifs : donner accès au spectacle vivant à un public qui n’en n’a pas la possibilité ou l’habitude, et mixer les différents publics. La collaboration s’est faite ensuite tout naturellement.

Gardez-vous un souvenir particulier de ces concerts ?

Plusieurs même ! Chansigner pour la première fois un concert en anglais (merci encore Thomas Schoeffler pour son accueil et sa gentillesse). Se retrouver à la fin de ce concert face à un petit garçon sourd qui me demande si je suis moi- même sourde, et me dit qu’il a adoré parce qu’il a tout compris. Traduire un opéra, Roméo et Juliette, ça aussi c’était une sacrée aventure !

Que peut-on souhaiter pour l’avenir du chansigne ?

Qu’il se développe et surtout que cela devienne « normal ». Les personnes sourdes ressentent les vibrations mais pour participer pleinement à un concert, comme tout un chacun, il faut qu’elles puissent comprendre le sens des paroles. Ce que nous voulons, c’est permettre à tous de partager cette expérience et ce ressenti du spectacle vivant. Rendre la musique « visible », son rythme, l’émotion qui découle des textes : ça c’est notre travail d’adaptation. Si nous pouvons promouvoir la langue des signes et rendre concret le beau concept d’inclusion, alors le pari est gagné pour tous !

AGATE the power !

Le Neuhof regorge de forces vives, d’une dynamique partenariale réelle et d’associations emblématiques, à l’image de l’AGATE, au service des habitants depuis 30 années. Un travail de co-construction plein de patience, d’engagement, de remise en question, qui a déjà abouti à la production commune de concerts aux fenêtres mémorables dans l’espace Brantôme-Thiviers, une exposition de portraits d’habitants du quartier sur notre parvis, et beaucoup de petits riens qui font un grand tout. Echange avec Sylvain Girolt et Lucette Tisserand de l’association AGATE.

Vous représentez une association emblématique du Neuhof, investie depuis de nombreuses années. Pouvez-vous nous décrire vos missions principales ?

La mission principale de l’AGATE n’a pas changé depuis nos débuts. Elle consiste à encourager la participation des habitants au développement du Neuhof. Pour nous, AGATE, c’est être porte-voix de la parole des habitants. Qu’ils expriment leurs besoins, leurs revendications, leurs propositions. Que nous agissions ensemble pour faire aboutir leurs attentes. Que les Neuhofois se sentent citoyens de la ville de Strasbourg, et surtout qu’on leur reconnaisse ce statut. Qu’ils pratiquent leur « pouvoir d’agir ». Car inciter un habitant à être acteur dans la vie de son quartier, c’est aussi lui faire trouver ou retrouver sa place de locataire, de parent d’élèves, sa place de citoyen à part entière. Nous travaillons donc avec les usagers de notre association au sein de nos ateliers logement, environnement, cadre de vie, école, aménagement urbain, mémoires... Nous animons deux concours, le Neuhof Fleuri et le Pleins Feux au Sud pour l’embellissement du Neuhof et la valorisation des savoir-faire des habitants. Plus largement, nous essayons de nous rendre le plus disponible possible. Il s’agit d’être au plus proche de ceux qui s’adressent à nous et de participer à la vie de quartier avec tous les autres partenaires.

La dynamique associative est très forte au sein du quartier. Une vraie chance pour les habitants non ?

Il y effectivement une forte présence d’associations aux Neuhof. C’est une chance pour les habitants qui peuvent s’adresser à plusieurs structures selon leurs préoccupations. Si le Neuhof a quelque chose de particulier, c’est bien la richesse de ses associations, tant par leur nombre que par leurs domaines d’activités. Et cette caractéristique est ancienne. La plupart des associations ont d’ailleurs été créées par des habitants. Ce qui montre leur motivation et leur capacité à agir ensemble.

« L’occasion de passer un bon moment ensemble, de rencontrer d’autres musiques, de découvrir de nouveaux artistes. Bref, la Culture avec un grand “C” ! »

Plusieurs partenariats sont conduits tout au long de l’année avec l’Espace Django : s’il fallait ne retenir qu’une action, laquelle choisiriez-vous ?

Nous retenons les concerts aux fenêtres. Ils permettent d’investir des lieux du quartier qui le sont peu ou pas pendant l’année et d’égayer ainsi le quotidien des habitants. Ces concerts aux pieds des immeubles, c’est une chance pour nous tous. L’occasion de passer un bon moment ensemble, de rencontrer d’autres musiques, de découvrir de nouveaux artistes. Bref, la Culture avec un grand « C » !

Plus largement, que pensez-vous de ces projets co-construits ensemble, et avec d’autres ?

Ce concept de co-construction est très positif pour le Neuhof. Par exemple, le travail mené actuellement autour de ces espaces, de ces périodes quelque peu délaissé·es dans le quartier et qu’il convient aujourd’hui de réinvestir, habitants et structures. Nous en sommes encore au stade de l’analyse partagée. Mais ces échanges entre nous, le croisement de nos points de vue, est un vrai plus qui permet de faire avancer la réflexion. Nous sommes persuadés qu’ensemble, nous pourrons développer des actions hors les murs tout au long de l’année, en différents points du quartier, avec des formes diverses – artistiques, éducatives, citoyennes, sportives... selon les besoins identifiés et nos propres complémentarités. Voilà un exemple de projet qui ne pourrait être conduit seul, ou qui, s’il l’était, n’aurait sans doute pas la même portée. Autre exemple, les concerts aux fenêtres une nouvelle fois. C’est Django qui a essaimé l’idée auprès des partenaires associatifs, en les associant de près, à la conception, à l’organisation. Résultat : huit concerts ont été organisés en 2018 dans tous les coins du Neuhof, sous la houlette de plusieurs structures. Preuve s’il en est que le travail partenarial paie !

Que pourrions-nous encore apporter à ce mouvement pour toucher toujours plus d’habitants et améliorer leur quotidien ?

Il faut maintenir ce qui se fait actuellement et le renforcer. Inventer par exemple une Fête de la musique au Neuhof ? En permettant aux musiciens du quartier de se produire dans les rues, en attirant aussi d’autres musiciens venus d’ailleurs. Laisser à chacun le choix de ses envies. Ce serait un beau moment de rencontre en musique non ?

Crédit photo : Bartosch Salmanski

Miroir, mon beau miroir...

Voir Ayako Okubo et sa flûte dans les travées de la grande surface voisine de l’Espace Django, accompagnées de la danseuse Noëllie Poulain voguer dans les rayons, avait ravi autant que surpris. Une restitution de résidence qui s’est poursuivie devant la boulangerie, sur le parking et à même le parvis de la salle. Une rencontre qui a accouché d’une folle semaine de récréations artistiques dédiées à la musique contemporaine. Plusieurs happenings « surprise » menés depuis novembre dans les lieux d’accueil parents-enfants. Bref, un drôle de parcours dont nous parle la flûtiste d’HANATSU miroir.

HANATSU miroir est un ensemble de musique contemporaine qui agit à plusieurs endroits - la création, la diffusion, la médiation, ceci au travers de plusieurs médiums : pouvez-vous nous présenter votre compagnie ?

Nous avons créé HANATSU miroir avec Olivier Maurel qui est percussionniste, en 2010. Après nos premiers concerts en duo, nous avons rapidement eu l’envie d’étendre l’effectif à d’autres instruments mais aussi à d’autres arts comme la performance, la danse, la peinture, certaines formes théâtrales ou poétiques, la vidéo... Nous avons eu envie « d’augmenter » les œuvres que nous jouions en proposant à l’auditeur de nouvelles situations d’écoute ou des portes d’entrées qui emmènent l’ouïe via d’autres sens : dégager ou mettre en avant la forme et le sens de l’œuvre par la scène. Le projet que j’ai développé l’année dernière avec l’Espace Django est un duo flûte-danse, « de l’air et de la gravité ». Noëllie Poulain danse et je joue des pièces du répertoire contemporain pour flûte.

« Ces situations au cœur du public permettent de démystifier la musicienne ou danseuse, et permettent également différents “états” d’écoute »

Vous êtes intervenus à plusieurs reprises lors de nos récrés musicales. Sans doute une nouveauté pour votre duo ? Quels souvenirs en gardez-vous ?

L’un des moments marquants de ces interventions a été l’écoute totale et surprenante de l’ensemble d’une cour de récréation lors de l’une de nos interventions. Nous sommes arrivées par « surprise » au milieu des enfants et toutes leurs oreilles se sont focalisées sur le son de ma flûte et leurs yeux sur les mouvements de Noëllie. Le contraste avec la densité de l’activité de la récréation était fascinant. C’est une situation tellement inattendue ! Bien sûr, assurer une continuité entre la cour d’école et l’extérieur est tellement logique. Observer les différentes qualités d’écoute et de concentration, situer la musique dans l’environnement direct de son public, sont des actions qui sont très importantes pour renouveler notre rapport à celui-ci. Ces situations au cœur du public permettent de démystifier la musicienne et/ou la danseuse, et permettent également différents « états » d’écoute : une fois que nous sommes intégrés  comme éléments de la vie courante, le public n’est pas captif mais peut choisir de se laisser capter ou au contraire de vaquer à ses priorités. C’est une nouvelle façon de rendre actif un public, il faut travailler dans la régularité.

La musique contemporaine est souvent méconnue des plus jeunes : qu’avez-vous pensé de leur qualité d’écoule dans les cours de récré ?

Ce jeune public n’est pas encore formaté par les codes d’écoutes. Dans les cours de récréation dans lesquelles nous sommes allés jouer, les enfants ont étés captivés par le son et le mouvement. Leur curiosité attire leurs oreilles vers tous les sons, surtout ceux qu’ils n’ont jamais entendus ; ils sont prêts à découvrir et apprécier des structures qui sortent des modèles connus. Le jeune public est souvent plus réceptif à la musique contemporaine que le public plus âgé. Depuis le mois de novembre, vous menez aussi avec l’Espace Django des performances dans les lieux de la petite enfance et autres lieux d’accueil parents-enfants. Une sorte de mix entre happening et atelier.

Pouvez-vous nous en dire plus ? Pourquoi avoir développé ce format ?

Depuis quelques années, je développe avec l’ensemble les ateliers HANATSUmini : des moments pour offrir aux tout-petits des expériences musicales sur scène dans des conditions de spectacle. Nous les organisions jusque-là conjointement à nos créations dans les murs de l’Espace K. Ce que je propose avec l’Espace Django est légèrement différent : il s’agit d’amener nos musiciens dans la crèche pour un moment d’écoute. Avec Noëllie, je mets en place un atelier corps-musique. Avec le contrebassiste Stéphane Clor, nous travaillons sur la notion d’objet sonore et de créativité musicale. Le projet est d’intervenir plusieurs fois dans différents établissements pour sensibiliser largement les tout-petits aux musiques de création.

« Les règles d’écoute et de création sont toutes à inventer et nous pensons que c’est une très belle façon de construire les individus de demain »

Quels sont vos projets à venir ? D’autres envies à Django ?

Nous avons des créations ponctuelles en projet avec l’ensemble mais c’est important pour nous de poursuivre notre travail de médiation auprès de tous les publics, et ce au cours de l’année. La musique contemporaine est pour l’auditeur et le compositeur un espace de liberté. Pour les enfants, c’est une ouverture de l’oreille où ils peuvent choisir des bruits et les transformer en son, puis les agencer afin qu’ils deviennent musique. Les règles d’écoute et de création sont toutes à inventer et nous pensons que c’est une très belle façon de construire les individus de demain. Par ailleurs les actions entamées avec l’Espace Django concernent jusqu’ici le très jeune public et nous avons le souhait de les étendre aux collèges et lycées. L’espace public reste également un terrain d’inspiration formidable. Si par la suite nous pouvons amener nos créations sur le plateau de l’Espace Django et les partager avec ce public ainsi sensibilisé, nous en serons très heureux.

Focus : 

Prochaine tournée des récréations artistiques du 25 février au 1er mars 2019 avec un « Bal folk » pour enfants et familles. Des mélodies ressorties de la mémoire collective d’ici et d’ailleurs adaptées aux possibilités des plus petits pour les mettre en danse avec Ana Dajas (violon, chant), Hervé Berger (percussions) et Sébastien Jeser (accordéon diatonique, contrebasse). Un moment festif où chacun est invité à danser, pour vivre une expérience pleine de surprises, d’étonnements, d’émotions et bien sûr de musique !

Voyage avec Emanuelle Zanfonato

Cette artiste multifacette nous accompagne avec bonheur depuis presque 3 saisons, autant sur des interventions régulières avec des ateliers parents-enfants (en compagnie de Fabienne Delude) que sur des impromptus artistiques auprès de la petite enfance. L’occasion de retracer avec elle quelques lignes de ce parcours en commun.

Scénographe, costumière, comédienne, chanteuse, musicienne intervenante, vous êtes tout ça à la fois ?

Scénographe-costumière est ma formation initiale, elle s’est développée de façon prioritaire à ma sortie de la Villa Arson de Nice. J’ai toujours travaillé pour des compagnies de théâtre, danse, marionnette et théâtre d’objets comme scénographe-costumière. En parallèle, j’étais chef décoratrice pour France 3 Alsace puis Arte à son commencement et ce pendant 10 ans pour les soirées Théma. Attirée par le chant depuis l’adolescence, par le jeu en direction de la manipulation d’objets et par le corps en mouvement, je me suis formée de façon personnelle et continue. Actuellement, mon activité est plus tournée vers le jeu, le chant et le mouvement sans pour autant délaisser la scénographie et le costume au service de projets plus personnels. J’aime m’adresser à des publics très différents. Aux tout-petits en famille avec « Pluie » (co-réalisation Cie Médiane/Teater Blick) et « Plein de (petits) rien » (Cie Lili Désastres), encore programmés et ce depuis 10 ans ! Aux plus grands dans la rue avec Les Clandestines, au théâtre avec Actémothéâtre, en concert avec Jour de Blanc et Kalevi Uibo. Mon activité de transmission au CFMI (Centre de Formation de Musiciens Intervenants en milieu scolaire) de Sélestat contribue également à nourrir mes expériences, à affiner le langage artistique où se côtoient enfants et adultes dans des spectacles musicaux pour les enfants et leurs accompagnants.

« C’est un compagnonnage (...), cheminer ensemble dans le temps, affiner, prendre des distances, se retrouver, grandir, se tromper, trouver des résolutions et avoir de la joie à faire ce que l’on s’autorise à faire »

Votre collaboration avec l’Espace Django se poursuit depuis plusieurs saisons déjà : comment a-t-elle démarré ?

Elle a commencé lorsque nous sommes venues Fabienne Delude et moi-même proposer à l’Espace Django notre projet de Ciné-théâtre d’Ombres Sonores et Musicales en direction des enfants. Ce projet était tout nouveau pour nous et nous avons rencontré une équipe également naissante, très enthousiaste, prête à nous accompagner dans cette expérience. Nous avons continué et continuons encore avec l’équipe de Django à chercher ensemble sa juste place dans leur projet et dans notre parcours personnel. C’est un compagnonnage et c’est ce que j’affectionne le plus dans la façon de travailler : cheminer ensemble dans le temps, affiner, prendre des distances, se retrouver, grandir, se tromper, trouver des résolutions et avoir de la joie à faire ce que l’on s’autorise à faire.

Pour la 3e année consécutive, vous allez proposer ce trimestre avec Fabienne Delude des ateliers parents-enfants aux familles du Neuhof. Quelles seront les spécificités de cette intervention ?

Le principe est le même au départ que les années précédentes : un grand écran, un rétroprojecteur, des dessins, des ombres de silhouettes humaines et de carton, des matériaux sonores, des micros... Ce qui est nouveau : ce trimestre nous avons proposé de mutualiser les potentiels du site Django. Il y a sur place également la médiathèque du Neuhof et l’école de musique du CSC Neuhof. Nous avons proposé de travailler ensemble en se rassemblant autour de la mise en Théâtre d’Ombres Sonores et Musicales d’un ou de plusieurs albums jeunesses pour réaliser un spectacle en famille. Les bibliothécaires de la médiathèque ont fouillé dans leurs bacs et nous ont proposé des ouvrages desquels s’est alors dégagé un thème ayant un fort potentiel visuel et sonore. L’école de musique proposera à ses élèves volontaires d’imaginer le musical du visuel.

Nous vous retrouverons aussi pour un nouveau semestre d’impromptus artistiques auprès des tout-petits, dans les structures de la petite enfance du quartier. Que nous préparez-vous ?

J’ai très envie de continuer mon exploration de la relation interactive avec le public des tout-petits. L’an passé elle était naissante, il me fallait prendre confiance dans le fait que l’écoute fine, dans une proposition pour les petits, peut passer par une action intuitive de leur part. Mais la question centrale qui se pose pour moi est celle de la qualité de la relation au public des tout-petits. Cela passe par plusieurs choix. Le premier, qui faisait partie du cahier des charges, était de ne pas déplacer les enfants, le voyage étant à lui seul déjà « un spectacle », d’aller dans leur espace, d’être une invitée modeste en étant au plus près d’eux, des personnes qui les entourent et de leur rythme. Puis il a fallu adapter une forme à des espaces différents, faire entrevoir l’idée de l’impermanence d’un lieu que les enfants connaissent, et enfin proposer au public d’être en partie actif et non plus seulement passif, lui donner la possibilité de participer à la construction sonore du spectacle. Cette fois, je propose de m’appuyer sur l’expérience vécue à l’école maternelle Reuss (j’en parle plus bas*) et d’embarquer les enfants dans une migration de volatiles humains... On suit le sens du vent, il nous happe, nous enveloppe, nous entraîne dans une forêt d’arbres sonores aux allures de mâts de bateaux. Une trame narrative chantée accompagne les enfants qui vont être mobiles, ressentir et vivre pleinement le voyage, en fabriquer en direct le paysage sonore.

« Une expérience corporelle, musicale et sonore à vivre, à construire ensemble »

Grâce cette belle relation avec l’Espace Django, d’autres projets sont nés dans le quartier avec différents partenaires. Comme un effet boule de neige. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Oui bien sûr, il y a eu cette demande de collaboration avec l’école maternelle Reuss : « Jardin sonore », relayée par l’Espace Django. Il s’agissait au départ d’une demande d’intervention musicale dans deux classes de maternelle. Mon projet était d’investir le jardin avec des actions et dispositifs sonores manipulés par les enfants pour faire un spectacle en déambulation autour d’un propos (voir plus haut*). Cette expérience toute nouvelle a été pleine de découvertes quant aux capacités des enfants petits (c’était ma première expérience avec des enfants de cet âge) à entrer dans une proposition d’écoutes et d’explorations en salle puis de reproduction en extérieur. Les enseignants, le directeur de l’école ont été parties prenantes du projet, l’ont accompagné très concrètement et avec enthousiasme. Un dossier est déposé pour l’an prochain dans cette même école avec d’autres classes, nous attendons de savoir s’il va être validé. Les enfants seront un peu plus grands, ils vont pouvoir fabriquer des objets sonores qui seront intégrés au nouveau « Jardin sonore ». En germe... Un souhait de création qui découlera directement de toutes ces expériences « Chacun cherche son nid », spectacle chanté et participatif pour les tout-petits et leurs accompagnants. A la manière d’une comédie musicale, la voix guidera, accompagnera le public, jeunes oiseaux tout juste nés et prêts pour l’envol. Mais où aller ? Où se poser ? Le monde est tellement vaste ! On atterrit ici, mais l’orage nous chasse... Et puis... Il faut reprendre l’envol, allez voir plus loin, toujours plus loin... Du théâtre sans en être, une expérience corporelle, musicale et sonore à vivre, à construire ensemble.

La danse à même la rue

Leurs visages et leurs raids artistiques sont désormais bien identifiés des habitants du Neuhof. Les parcours dansés, la première récréation artistique dans les deux collèges du quartier et tant d’autres projets, le collectif Illusion Crew poursuit à nos côtés cette aventure au long cours, en mouvement, évidemment. Sope Lo nous en dit un peu plus...

Pouvez-vous nous présenter le collectif Illusion Crew ?

Illusion Crew est un groupe de breakdance, composé de danseurs originaires de Strasbourg. Très sensibles aux valeurs que véhicule la culture hip hop, nous participons à diverses compétitions de danse et avons aussi monté une association pour organiser des évènements afin de promouvoir celle-ci (battle, jam, cours, etc.).

Lors de notre ouverture de saison en septembre dernier, vous avez d’ailleurs « affronté » le ballet de l’Opéra national du Rhin lors d’un battle baptisé pour l’occasion Hip Hop’éra : alors, qui a gagné ?

Évidemment, c’est nous (rires) ! Blague à part, le plus important, c’est surtout que tout le monde soit sorti gagnant de cet échange. De prime abord, on aurait pu penser que le Ballet et le Breaking formaient deux mondes à part, mais cet évènement est la preuve que le langage corporel est universel.

Vous êtes donc avant tout des spécialistes des battles, assez éloignés au départ de nos parcours dansés. Comment est venue l’envie de sortir des sentiers battus ?

Sortir de notre zone de confort peut faire peur d’un côté, mais partager et faire découvrir notre passion d’une manière différente, en allant à la rencontre des habitants du Neuhof, est une expérience enrichissante qui nous est très bénéfique, comme personnes et comme danseurs.

Ces chorégraphies urbaines sont très appréciées dans le quartier : comment les vivez-vous de votre côté ?

Pour nous, la danse est avant tout un moyen d’expression permettant d’être libre. Notre objectif est de montrer qui nous sommes mais aussi de partager de bonnes vibes pour aller au-delà des clichés sur « l’art urbain ». Il s’agit de montrer que cette passion est avant tout un mode de vie, mettant l’accent sur certaines valeurs (le respect, le dépassement de soi, le partage), sans aucune discrimination.

Vous avez aussi expérimenté nos récréations artistiques dans les deux collèges du Neuhof, Solignac et Stockfeld. Avez-vous fait des émules auprès des jeunes ?

Au vu du nombre de téléphones sortis pendant la récréation, je pense qu’on peut dire que ces évènements ont été accueillis positivement par les collégiens. Le breakdance est issu de la rue et notre public habituel a souvent cet âge. C’était donc surtout un exercice nouveau de par le contexte. Une vraie réussite !

Si vous deviez retenir un fait marquant de ces impromptus hors les murs, quel serait-il ?

Le sourire décroché sur le visage d’un enfant ou de tout autre habitant du quartier. L’énergie positive que cet art peut apporter à leur quotidien.

NOVEMBRE - Sammy Decoster & Palatine - 30.11.18

Vendredi 30, pendant Decoster et Palatine, j'ai mis au défi Andrea, l'un de nos bénévoles, de raconter une soirée aussi bien que moi. 

Pour ceux qui le connaissent ne serait-ce qu'une miette, vous vous doutez bien qu'il a daigné relever le défi, puisque pour lui, la question ne se posait pas. Evidemment qu'il le ferait mieux que moi.

(Pour les curieux, retrouvez son interview ici, histoire de cerner un peu mieux le personnage.)

Au lieu de se clasher ad vitam eternam sur la pertinence des pantalons velours ou de gif de bébés chèvres, je lui ai simplement réclamé sa version des choses.

Elle vous intéresse ? (vous avez le droit de dire non). Trop tard, la voilà.

 

Je sais plus trop quand, des types sont venus jouer de la musique à Django, et je suis censé vous parler de ça. C'est Emma qui l'a dit, sans doute en interrompant sa phrase de quelques « mooooh » en voyant des chatons remuer des fesses sur Instagram, et, bon, sans vouloir atteindre un point Godwin dès la seconde phrase, après on va encore dire que patati patata, mais toujours est-il que – si je puis me permettre –, je pense, ou du moins j'ai la présomption de penser que notre responsable adorée porterait bien la moustache.

 

 

Moustache, hop, transition toute trouvée pour parler d'un des types venus jouer de la musique, puisqu'il en portait une qui n'a laissé personne de glace. Là, c'est rigolo, parce que sa chanson phare (west) (c'est de la folk americana) s'appelle « De glace », et c'est l'histoire d'un type qui se prend pour un apache alors qu'il vient du Nord de la France, c'est Wikikiledi, et la ville n'est même pas indiquée alors ça doit être Dunkerque.

Sammy en concert, j'en retiens donc deux things (je parle un peu angliche) : d'un, kerque, et de deux, c'était pas si mal même s'il avait le fâcheux habitus (je parle un peu socio) de faire tout le temps des blagues, et moi, les blagueurs, ça m'irrite.

 

 

L'autre groupe s'appelait pas Latine, apparemment, mais on ne m'a jamais dit leur vrai nom, donc je peux pas trop vous aider.

Ils s'appelaient p't'êt pas Latine mais ils avaient tout de même un peu de Shakira en eux, surtout le bassiste qui semblait croire qu'il avait un cerceau autour de la taille et m'a donné très envie de lancer un tournoi de air hula hoop à Django, et quelque chose me dit que le titre se jouerait entre Pierre et Baya. Puis Ben est arrivé tout sourire au bar, en disant qu'il s'était pris une gifle (mais sa joue n'était pas si rouge) et Baya... Bah y'a pas grand chose à dire de plus que d'habitude, il est arrivé pile à l'heure pour le catering, a fait le spectacle toute la soirée (il se dit que Sammy et Palatine ont voulu annuler leurs concerts pour voir ça) et son manque de réussite au babyfoot a servi de rampe de lancement à Mourad aka « chanson douce », qui nous a offert un mezzé de ses plus grands tubes.

 

 

Il y avait aussi deux petits nouveaux, Antoine et Léo, qui ont eu le droit à un baptême du feu auprès de Mimi, la régisseuse générale, et doivent encore se demander d'où elle tient ce petit nom – même qu'Antoine avait déjà eu un baptême de l'eau auprès de notre cheftaine bien-aimée, qui lui a fait nettoyer sa plante encore plus bien-aimée. De son côté, Léo a fait preuve de telles capacités en calcul mental à la caisse qu'il a eu le droit de rentrer en tête-à-tête avec Ben pour une lune de miel dans le quartier gare.

 

Bon, j'aurais encore des choses à dire mais je garde mes révélations fracassantes sur les sombres secrets de Django pour une autre fois, et je vais écrire une lettre d'amour anonyme à Mourad.

 

Bien à vous, Andrea.

Atelier d'écriture avec le Weepers Circus

Le CSC Lupovino, le Weepers Circus et l’Espace Django continuent à travailler de concert, notamment avec ce projet auprès d'apprenants du français. Une intervention sur temps long auprès de ce groupe pour des ateliers d’écriture de chansons, qui permettent aux participants de mettre en valeur des compétences ou connaissances transférables dans le cadre de leur recherche d’emploi (prise de parole, parler de soi, se valoriser, se placer dans l’espace, utilisation d’une compétence « artistique »).

Une mise en valeur de leur savoir-faire, finalement.

Le Débrief avec Adam Naas - Episode 10

"Très content d'être dans une brasserie parce que c'est super classe quand même !"
Débrief du concert caché du vendredi 16 novembre 2018 avec Adam Naas dans les "backstages" de la brasserie 3 Mâts du Neuhof.

Les récréations artistiques de Django

Ce format atypique ravit, trimestre après trimestre, ceux qu’il touche. Le principe est simple, intervenir sur les temps de transition à l’école pour surprendre les enfants avec des impromptus artistiques, et compléter le tout avec d’autres propositions - assister à un spectacle en salle ou dans l’école, bénéficier d’une intervention artistique ponctuelle ou au long cours. Une semaine par trimestre, l’Espace Django avec plusieurs artistes fait donc la tournée de toutes les écoles maternelles du Neuhof, et de trois établissements du handicap en déboulant par surprise dans les cours de récréation, et en laissant la magie du moment opérer. Environ 1 000 enfants et adultes sont touchés. Avertis à l’avance, les enseignants peuvent capitaliser “l’air de rien” en amont et en aval de l’impromptu. Aussi, pour prolonger l’aventure, quelques semaines après le passage de l’artiste, celui-ci revient dans une classe par école pour y mener un atelier de pratique.

Après le bulliste Sébastien Kaufmann, l’homme orchestre Gyraf, Julien M’a Dit, Les Garçons Trottoirs, le Weepers Circus, Thomas Schoeffler Jr., Vladimir Spoutnik, le Flying Orkestar, Hanatsu Miroir, de nouveaux moments de vie et de rires partagés se préparent avec Rat Dit Noir, circassien sarcastique, qui avait déjà fait fureur lors de notre ouverture de saison !

NOVEMBRE - Quartier Libre Blindtest - 22.11.18

Salut !! (Petit coucou stressé de la main)

Cette semaine ce n’est pas Emma qui écrit mais Zoé, parce que notre responsable bénévoles adorée s’est exilée à Paris faire une formation administrative (on applaudit son courage et sa ténacité), et que juste avant de partir, elle m’a confié la tâche importante d’écrire le récap de la soirée.

Alors déjà, grosse responsabilité.

 

Mais en plus il ne s’agissait pas de n’importe quelle soirée, ce jeudi nous avions.... (tadadadaaaaaaaa) le Blindtest. Le Blindtest dont tout le monde parle depuis que j’ai commencé comme service civique à Django, celui qui a été complet en 2 minutes 46, celui pour qui on refuse des équipes depuis deux semaines au téléphone alors que finalement trois se sont défilées l’après-midi même (grrrrrrrrr), celui qui demande deux jours de taff à notre programmateur pour trois heures de show.

C’était un peu le baptême du feu de l’organisation quoi.

 

 

Et pas notre seul défi du moment en plus. Je vous mets dans le contexte.

Normalement ma mission porte surtout sur l’action culturelle de la salle. Parce que c’est plus marrant comme ça, nous avions commencé cette semaine avec des récréations artistiques dans les cours de toutes les écoles maternelles du quartier. Donc une belle dizaine de récrés d’une quinzaine de minutes chacune en compagnie de Rat Dit Noir, qu’on a vu lors de l’ouverture de saison, et qui a la particularité d’être un jongleur muni d’un fouet et de torches enflammées, même devant les enfants d’à peine 3 ans, même devant les maître(sse)s, même devant les directeurs/trices, même devant les fenêtres des barres du Neuhof cité. Mais ça s’est incroyablement bien passé, comme quoi l’humour caustique fonctionne déjà en petite section. Par contre, il a fait maximum 2 degrés toute la semaine et ce n’était pas le meilleur moment pour rester dehors sans bouger. Du coup avec Ophélie, la seconde service civique, on a commencé la déco de la salle un peu refroidies (au sens propre, le chauffage de la salle est défaillant depuis dix jours).

 

 

Bon grès mal grès on a monté un bar tout lumineux, des belles tables pleines de goodies et un frigo au stock un peu près bien sérieusement noté. Les bénévoles sont arrivés au compte-goutte mais ont été irréprochables, une vraie équipe de winners. D’ailleurs quand la première est arrivée à l’heure convenue, la salle était déjà quasiment faite parce qu’on avait eu trop peur d’être en retard.

Finalement l’ambiance a été aussi électrique que promis. En salle les équipes étaient plus que chaudes, Jacques, le présentateur, avait sorti son plus beau (minuscule) short en jean (de sa copine parce que son pantalon s’était déchiré dans le train), le bar a tourné tout facilement, les chips et les wraps ont été dévalisés, la tireuse a décidé de fonctionner sans aucun souci (comme quoi quand elle veut), le baby-foot a chauffé sévère parce que l’équipe était surmotivée et sous-occupée, et l’équipe Django a fini 5ème du Blindtest, un score plus qu’honorable.

Côté public, certaines des équipes ont été capables de trouver un morceau en un dixième de secondes, d’autres ont cru entendre Chuck Norris et Green Purple, le tout a fini à 23h54 parce que le dernier tram partait à minuit pile et qu’on aurait pas pu payer le Uber à tout le monde, les vainqueurs de la dernière fois ont regagné et on a jamais rangé la salle aussi rapidement : plié en une demi-heure, je crois qu’on avait envie une petite envie de rentrer dormir. 

Au final, c’était fou. Un peu long, mais fou. On a profité d'une dernière bière de congratulation et d'une ultime partie de Baby Foot. Exactement 16 heures après être arrivés.

 

 

Au final, on a réussi à rendre un bar un peu près similaire à celui qu’Emma nous avait laissé. On a juste réussi à allumer l’alarme incendie au début du concert parce que les portes étaient ouvertes sur la salle et que la fumée n’a pas plu aux capteurs du hall.

 

 

La semaine suivante, c'était déjà le retour aux sources avec un concert et une dream team normale ! Du coup il est déjà temps pour moi de rendre sa rubrique à Emma et de vous dire au-revoir...

Et peut-être, qui sait, au grès des formations administratives d'Emma, à bientôt ?

Le Débrief avec Prokop - Episode 08

"Quand on a appris qu'on allait jouer pour Otis, je pense que pendant 2 mois on a sorti le champagne tous les dimanche."
Rencontre avec Prokop et sa violoncelliste Lucile en loge juste après leur concert en première partie d' Otis Taylor.

NOVEMBRE - Le Concert Caché - 16.11.18

Le Concert Caché, qui a eu lieu vendredi 16 (donc le lendemain d’Otis pour ceux qui suivent), c'est un concept qu'on a lancé l'année dernière. Une première édition toute mimi, réservée aux abonnés, avec un groupe local, 1984, qui jouait dans la piscine (vidée) d'une école maternelle du quartier.

Cette année, on a remis le couvert en voyant les choses un peu plus en grand. On a tout bien gardé le secret, même notre Pôle Com' n'était pas au courant du programme de la soirée, artiste et lieu compris !

 

 

Du coup on a donné rendez-vous à tout le monde dans le hall de Django pour 20h, et les 80 heureux élus se sont retrouvés parqués là pendant une vingtaine de minutes, à croiser leurs théories et essayer de nous soutirer des infos de dernière minute. Ils nous guettaient tous du coin de l'oeil, et quand on a commencé à faire des messes basses et attraper nos vestes, y'a eu un espèce de suspens incroyable qui s'est installé et tout le monde s'est figé, comme des gamins le soir de Noël qui croient avoir entendu un bruit de clochette dans le salon.
J'avais un peu l'impression d'être l'une des seules à détenir la Vérité Vraie et qu'on attendait notre bonne parole, et ça a un côté grisant, je comprends un peu Jésus et ses copains.

 

 

Bon on les a pas fait marcher sur l'eau, on s'est contentés de les amener derrière la salle, où nous attendait un bus, et on a embarqué tout le monde en mode sortie scolaire, c'est limite si c'est pas parti en chants de colo CHAUFFEUR CHAUFFEUR SI T'ES CHAMPION ... (okay, peut être que Mourad ou Ben a essayé d'en lancer un, après réflexion...).

 

 

On a fait cinq petites minutes de route, parsemés de "et si c'était là ? Ou là-bas ? Et ça alors ?", pour finalement arriver dans une zone industrielle.

 

Et là, bah.

 

 

Je dois dire que j'avais vu l'espace pré-install' (basiquement, un hangar plein de bidons, fûts, et cartons en tout genre), et la différence était juste incroyable. Les techs nous ont fait une vraie petite merveille. Le logo projeté en grand sur l'entrée, les deux spots de chaque côté de la porte, l'intérieur tout bleuté sur les parois métalliques... Ouais, ça en jettait. J'étais pas peu fière de faire partie de l'équipe (peut-être même j'avais envie de me la péter un peu).

Ben a fait une petite annonce pour expliquer qu'on était à la Brasserie Trois Mâts et que notre artiste du soir était... Adam Naaaaaaas !

Ouais, vous savez pas qui c'est. Moi je n'en connaissais qu'une seul de lui (Fading Away). Mais ça va bien vite changer. Le soir de notre Concert Caché, il passait aussi sur Taratata, donc la prochaine fois que vous découvrez un artiste trop cool à la télé, sachez qu'il est ou a probablement été chez nous (hihi).

 

 

Bon.

J'suis la première à trouver parfois qu'une heure et quart, une heure et demi, c'est un peu long pour un concert. Au bout d'un moment j'ai mal aux pieds ou je décroche sur une ou deux chansons. Mais lui. Lui. Dans cette ambiance... !

Le gars aurait pu jouer 2h que tout le monde aurait écouté aussi religieusement. Et je dois avouer, que, hm, son bien nommé "Love Album" est effectivement, clairement, absolument fait pour "sexer" comme il le dit si bien.

 

 

Entre ça et les litres de bière de la Brasserie et la lumière tamisée, on est pas passé loin de l'ambiance de la fin du Parfum.

 

 

C'était beau.

Et entre les retours enthousiastes et les remerciements, une question est revenue en boucle : "Mais comment vous allez faire, pour faire mieux l'année prochaine ?!!"

 

Ah, ça les gars... C'est secret de la maison !

 

En attendant, vous pouvez retrouver l'album d'Adam Naas sur Spotify (p'têtre autre part aussi mais moi j'ai que Spotify alors je dis ça comme ça, hein) ou le récap de cette soirée, en vidéo, ici. Mais un conseil ... tirez les rideaux avant.

 

 

NOVEMBRE : Otis Taylor - 15.11.18

On continue notre récap des concerts du mois de novembre avec le concert de l’impressionnant Otis Taylor, qui a eu lieu le 15 novembre. 

 

Vous savez ce que c’est un runner ?

Sinon, c’est le moment où je vous explique.

Je vous ai déjà parlé du rider, du catering, des balances… Voilà le runner ! C’est une personne (en général un chargé de prod’, mais dans notre genre de petite équipe, n’importe qui ayant le permis et pouvant s’absenter un petit peu) qui est en charge du transport des artistes. Eh oui, ils n’ont pas tous un tour-bus ! Certains viennent en train ou en avion, et croyez-le ou non, mais ça ne se fait pas de les laisser galérer en tram ou en navette avec leurs instruments.

On a donc commencé la journée par une mission spéciale, qui n'était ni plus ni moins que le run consistant à aller chercher Otis himself à l'aéroport de Bâle Mulhouse. Mission confiée à Laureen, une de nos bénévoles, pour sa grande première à Django, parce que ouais, booon, on aime bien confier un van 9 places et un artiste international avec toute son équipe à une bénévole pour sa toute première date, histoire de pas du tout lui mettre la pression.

La pauvre Laureen s'est donc tapée une journée de 15h, commençant par 2h de route, une réception d'artistes en retard d'une demie-heure, puis un déjeuner avec eux à la PATATERIE, et ça si c'est pas la classe, je sais pas ce qu'il vous faut.

A Django, pendant ce temps, tout se mettait sagement en place. Je préparais mon cocktail, pas vraiment aidée dans mon entreprise d’ouverture de bouteilles par mes bras en Yop, dieu merci j’ai été aidée… ah non, pas par une personnedeléquipedontjeneciteraispaslenom mais par le peintre en bâtiment, qui LUI a réussi à dévisser les bouchons de St Germain.

 

Mais enfin, à part ça, toute la soirée s'est déroulée comme sur des roulettes dans du beurre.

La première partie c'était Prokop, et c'était tout mim's, pas seulement parce qu'il était super intimidé de voir Taylor sur scène aux balances et de lui adresser la parole, mais aussi parce que, comme il l'a dit lui-même sur scène, la première chose qu'il a faite avec Lucille, sa violoncelliste-petite amie, c'était ... aller voir un concert d'Otis Taylor. Et ça, haaaaaaan, ça mérite une gommette "TROP CHOUUUUU" !

 

 

C'est pas la seule chose qui a été dite sur scène ce soir-là. Aaaah, ça nan.

Il a plutôt une bonne dégaine, Otis. On dirait clairement un papi qui ne se lève jamais de sa chaise à bascule autrement que pour aller chercher une nouvelle canette. Mais comme tous les papis silencieux, faut pas trop les énerver à cracher des noyaux de cerises sur leur terrain.

Et ce qui l’énerve sévère Otis, c'est les flashs de téléphone.

 

 

Ça lui fait mal aux yeux et après il voit plus rien, ce qui est quand même pas très pratique, vous en conviendrez, surtout quand on a une oreille interne (et le reste du corps) âgée d'environ 80 ans. Comme il n’aime pas s'énerver pour rien, il a prévenu dès le début du concert qu'il faudrait faire gaffe à ça.

Mais. Bon.

La gestion d'un smartphone, c’est pas inné pour tout le monde.

 

 

Du coup y'a eu un flash. Il a bougonné mais continué son morceau.

Deuxième flash.

 

 

Il s'est arrêté et a demandé de faire attention.

Mec, t'es en France, personne ne parle anglais, à part les allemands.

Troisième flash. Vénère le Otis.

 

 

Il a direct prévenu que si ça recommençait, il quitterait la scène ("What is your problem ??"). Tout le monde a regardé ses pieds.

Ca a un peu calmé les aventuriers de la salle, et les gens ont arrêté d'essayer de jouer les reporters de l'extrême (hint : de toute façon les photos de concert avec votre téléphone, c'est MOCHE, les gars).

 

 

Heureusement, rien de tout ça n’a fait flancher l’écoute dans la salle, pleine de super spectateurs ce soir-là encore. L'ambiance était vraiment intense et si Otis n'est pas resté bien longtemps aux dédicaces, il a encore remercié Ben le lendemain pour l'accueil, que ce soit le notre ou celui que nos spectateurs lui ont réservé.

Bah voilà.

C'était rien de bien grave.

Et tout le monde en gardera un beau souvenir, même ceux qui ont tenté la photo et ont dû se retrouver avec la pellicule pleine de leurs baskets plein flash.

 

Les prochains récaps ? Le Concert Caché, notre beau Blindtest, et Decoster & Palatine! Restez attentifs. 

 

 

NOVEMBRE – THE ZAPP BAND - 09.11.18

Voilà l’incroyable début du récap’ des concerts du mois de novembre ! 

On a été bien bieeen occupés. Mais ça va, hein. (Hyperventilation)

~

On a inauguré ce beau mois par le concert de The Zapp Band, le 09.11

Zapp, c’était LE groupe mythique de la saison. Une talk-box, des costards à paillettes, des chorés de groupe, un saxophone, et des histoires de famille problématiques.

Le groupe était prévu pour 13h30. Du coup, ils sont arrivés à 11h30. Du coup, ils avaient faim. Comme je n’suis pas née de la dernière pluie de Météor, je savais à quoi m'attendre pour ce catering d'américains : du jambon de dinde, du cheddar en tranchettes, et du café au goût de flotte avec de la crème.

Zoé, notre volontaire en service civique, a dit que c'était cliché, et puis on avait quand même installé la totale, bretzels de la boulangerie, charcuterie de quali et morbier AOP.

 

Bon.

Bah ils ont mangé le cheddar en tranchettes et mis trop de crème dans leur jus de chaussette.

 

Mais, mais mais... ils étaient sympas ! Des américains sympas ! Et motivés en plus !!! Ils ont déchargé leurs douze costards chacun et ont monté leur matériel tous seuls, puisque les techniciens n'avaient pas prévu leurs deux heures d’avance.

Ils ont fait leur installation et mangé dans la joie et la joie, ils ont DISCUTÉ avec nous (des américains ! Sympas !!) et ils ont même testé leur légendaire Talk-Box pour nous. Ça n’arrêtait pas de se vanner et de chanter et de gigoter dans tous les sens, j'ai eu un peu peur qu'ils se grillent avant le concert, j'avoue.

‘Sont quand même pas tous jeunes, les cocos !

 

Moi j'ai passé l'aprèm à préparer mon bar, parce que j'essaie de mieux organiser mon temps et surtout, de passer la soirée à superviser les bénévoles comme une bonne petite cheffe scout plutôt que de courir à droite à gauche en m'aspergeant de bière et en couinant que ça va pas ça va pas ça va pas. Enfin, j'étais prête et parée.

Fast forward jusque 19h.

 

On a réussi à faire un point d'équipe ET on a réussi à manger, ce qui n'était pas une mince affaire, parce que oui les américains (OUI, TOUS les américains), soit ils ne mangent rien soit ils mangent TOUT, et là, bah ils ont beaucoup aimé les Hirondelles. D'ailleurs est-ce que c'est vraiment humain de faire AUTANT de bruit de contentement en mangeant ???

"Hhhmm, oh yeah, that some mashed potatoes right here, you gotta taste that sh*t man, damn that good !!!"

 

Ceci dit, on préfère ça que ceux qui ne veulent pas manger, puis demandent à être accompagnés dans un kebab vers la gare à 2h du mat. #onciterapasdenom

Enfin, ça ne s’annonçait pas trop mal, et on était dans nos petits souliers parce qu'y avait tout un groupe d’élèves du collège Solignac avec mamans, papas, petites sœurs et petits frères compris, qui venaient assister au concert. Et DIEU SAIT que convaincre des collégiens que quelque chose n'est pas « trop nul » c'est… complexe.

 

Sinon, la soirée a été… sportive. Au bar comme ailleurs.

Y’avait un fût d’eau à la place de la bière. Y'avait plus de cintres au vestiaire. Y'avait plus de verres de 50cl disponibles. On se marchait dessus derrière le bar. Y'avait pas de loge pour Léopard Da Vinci, la première partie, parce que les Zapp avaient trop de costumes. Ah oui, et évidemment, on était complet.

 

Je sais pas moi.

Y'a des jours comme ça.

 

 

Après, dans la salle, c’était incroyable. Y'avait de ces vagues de chaleur qui vous coulait sur les chevilles quand on s'approchait des doubles portes, et sur scène c'était fou, c’est passé des chapeaux à paillettes aux vestes à LED clignotantes, chaque changement de costume étant accompagné de son entrée fracassante. Les gens qui avaient demandé des chaises pour s'asseoir étaient debout dessus à danser, les plus anciens retrouvaient leurs souvenirs de live sur VHS, on a eu des fans de funks, des inconditionnels de hip-hop, des friands de disco, des mamans survoltées, des collégiens un peu sidérés, c'était beau.

 

 

Que vous dire de plus ?

Les Zapp ont laissé leurs loges impeccables après avoir mis le feu à la salle (PAS littéralement, s'entend), le public était ravi, et on aurait presque fini tôt si on ne s'étaient pas lancés dans une ultime compétition de baby-foot, si on avait pas eu les desserts du catering du soir à finir, si on avait pas attendu les techs pour boire un dernier verre de la victoire, si on avait pas, si on avait pas, si on avait pas eu de concert !

Ouais, Zapp c'était bien cool. Et puis maintenant, je crois à nouveau en l'américain gentil. Parce que eux, ils étaient vraiment TROP cracklove.

 

Allez, c'est tout pour cette date, mais ne vous inquiétez-pas, les prochaines arrivent bientôt ! 

 

Le Débrief avec Malika de Bal Pygmée - Episode 05

"Ça faisait longtemps que Bal Pygmée n'avait pas été sur une scène à Strasbourg et là on a re-rencontré notre public dans de super conditions." - Malika de Bal Pygmée

Qui sont les Bal Pygmée, comment appréhendent-ils la scène? La réponse en vidéo...

OCTOBRE – Winston McAnuff & Fixi - 26.10.18

Le vendredi 26.10, c’était Winston McAnuff & Fixi

Bon, pour ceux qui ont suivi, ma soirée de la veille s'était terminée à Trop Tard et demi. Celle du lendemain (donc du jour d'aujourd'hui de ce jour qui est raconté ici) a commencé par :

1) une sieste ratée
2) des courses ratées (ah bah oui, la CB marche plus, tu t'souviens ?)
3) une préparation de soupe ratée (fallait paaas secouer la brique UNE FOIS OUVERTE)
4) une préparation de repas de midi pour artistes tatillons.

 

 

Okay, arrêtons-nous plus longuement sur le point numéro 4. Comme vous avez déjà pu le lire lors de la 2ème partie de cet article, il nous arrive de faire des courses pour nos artistes. Ils nous envoient ce qu’on appelle dans le jargon (= en anglais, hein, on s’refait pas) un « rider ».
Des fois, c’est juste une bouteille de jus de mangue. Des fois, c’est des cartes postales pré-timbrées, ou une spécialité locale. D’autres fois encore, c’est une bouteille en verre d’1 litre de tonic australien aromatisé à l’agave et à la lavande biologique.

Bon, c’est normal hein, quand on passe des heures dans un train ou dans un van inconfortable, qu’on débarque tous les deux jours dans une salle pleine d’inconnus, on a envie d’avoir ses petits repères, même si ce n’est qu’un paquet de cookies à la noisette. Nous on aime les chouchouter en plus, nos artistes chéris.

 

… Mais !

MAIS.

Mais quand tu te casses la tête à retourner le rayon des soupes (demandée sur le rider) pour en trouver une VEGAN parce qu'un des musiciens est vegan ET QUE MOI MONSIEUR JE RESPECTE LES REGIMES ALIMENTAIRES DE CHACUN, et que je ne me contente pas d’un « Oh allez, de la protéine de lait en poudre, il le saura pas, hihi », pour qu'en arrivant, la tour-manageuse (= la nounou des artistes pendant une tournée) se fende d’un "Haaa, mais ouii, mais j'aurai dû le préciser sur le rider parce que là c'est pas clair, c'est assiettes de fromage et charcuterie OU soupe, hein… » …
Et que finalement, deux minutes après, son musicien débarque en claironnant : "Euuuh, y'a que de la salade pour les vegan ?" Bon.

Bon. Bon, bon bon.

Je lance la soupe (dans la casserole). Monsieur Vegan débarque : "Euuuh, vous auriez un économeee pour ma carooootte ?". Mec. Sérieusement ? T’es vegan mais ta carotte elle est pas bio ? Mange la peau, nan ? C’est pas le moment de réclamer un économe, là, tu vois bien !
Ah oui parce que nan oui, j'ai pas précisé, mais y'avait à ce moment-là un type de la ville qui débouchait  l'évier de la cuisine et que nos couverts étaient donc littéralement répandus dans toute la pièce.
Je propose à M.Vegan une mandoline (pour râper, pas pour jouer) et monsieur fait la moue.

 

 

BOn. BOn bOn bON.

Je retourne la cuisine et lui dégote un économe. ET un couteau qui coupe, et qui n'ait PAS touché le fromage... tout en faisant la conversation au type de l'évier pour savoir ce qui avait causé le bouchon, en dénichant le poivre pour Machin, noter les instructions pour la pâte-déboucheuse-de-la-mort pour l’évier, et réchauffer la soupe de la copine du fond.

BON.

Je remets la soupe sur le feu. Je la raaaaaamène dans le hall. LE gars. LE GARS. LE GARS VEGAN. MANGE. DU JAMBON.

Là-dessus, Ben débarque : "Ouais, bon, en fait, tu te souviens de la gousse d'ail qu'il demandait en loge ? Bah c'est VRAIMENT important, il la lui faut, il en fait une décoction avec du miel visiblement."

Parfi parfait parfo, de l’ail et du miel, oui oui, bien, je reprends ma CB (bah oui celle de Django marche TOUJOURS PAS, je vous le rappelle) et m'apprête à repartir au Leclerc.

Là, le gars de l'évier intervient : "Euh, excusez-moi... Je veux pas paraître indiscret, mais, c'est quoi votre rôle ici exactement ?". Gars, I DON'T KNOW.

Enfin, je retourne au Leclerc, prends une gousse d'ail à 30 CENTIMES et fait 18mn de queue, pour qu'au moment de la scanner, le type me fasse : "Euh, mais mademoiselle, la CB c'est pas en-dessous d'un euro".

AHAHAHA.

Bref, tout ça pour vous dire que Winston a reçu la gousse d'ail la plus chère de l'humanité, parce que je l'ai faite scanner 4 fois, histoire de pouvoir régler.

Nan mais sinon, ça va hein.

Enfin voilà, maintenant vous en savez un peu plus sur l'envers du décor. Les artistes, ça mange.

En parlant d'envers du décor, on avait aussi ce soir-là, non pas un, mais DEUX Face A Face B ! L'un avec l'association Lupovino, l'autre avec pas moins de 45 étudiants, avec le CROUS de Strasbourg.
Vous pouvez évidemment suivre les liens que je vous mets dans l'article pour vous renseigner sur le principe de nos Face A Face B !

Bon, ensuite vous connaissez l'histoire, on a installé le bar, le concert a commencé, y’avait pleeeeeein de monde (ah oui, j'ai même pas précisé : on était encore complet) mais j'ai tout de même réussi à caser une deuxième interview avec un bénévole que vous aurez l'honneur de lire d'ici quelques jours.

Pour ce qui est des artistes, le groupe a dû sentir à quel point le public était chaud, parce qu’ils ont fait près de 2h de set,  et on a dû mettre à peu près autant de temps à guider le public vers la sortie à la fin. Eh oui. Convivial, ce nouvel espace d’accueil. Winston a même dit que cette date "était la plus belle chose qui lui soit arrivé ces six derniers mois". Mais ils ont pourri mon bar avec du marqueur indélébile en dédicaçant des affiches.

Euuuuuh voilààà, je crois qu'on a fait le tour. Rien d’autre, on est bons ?

Ah, si.

Devinez quoi.

Il l’a pas mangée, sa gousse d’ail.

 

Et voilà, c’est déjà tout pour les concerts du mois d’octobre ! Rendez-vous fin novembre pour un nouveau récap’, et dès la semaine prochaine pour de nouveaux articles et interviews !

 

 

OCTOBRE - Le Karaoké Live - 25.10.18

Parce qu’à Django, on ne fait pas que des concerts, je vous présente un autre de nos formats : le QuartierLibre - tu viens, tu donnes ce que tu veux/peux (le principe du prix libre) et en plus de ça, tu participes. On a déjà eu des Jam Session mémorables, des Soultrain d’anthologie, et et et, les Karaoké Live.

 

Comme un karaoké, mais tu chantes sur scène. Easy peasy.

 

 

La difficulté avec ce genre de soirées, c’est qu’on ne sait jamais à l’avance si il va y avoir du monde ou non.

Verdict : c'était super cool. Mais attendez que je reprenne mes notes, parce que ça commence déjà à dater un peu.

Ah oui !

On a commencé par aller faire les courses à Metro ! De grosses grosses courses comme on les aime, avec un bar et des loges à remplir pour lepluslongtempspossiblesipossible.
Secondée de mes deux colosses-porteurs (j'ai nommé, Zoé et Ophélie, nos volontaires en service civique, 90kgs et 3m à elles deux), on est allées jusqu'aux HALLES pour récupérer le Citiz (ouais nan, la voiture de fonction c’est pas pour tout de suite), avant de REVENIR à Django pour charger les bouteilles consignées à rendre.

 

 

Ensuite on a trimballé 12 tonnes de bouffe et de boisson, on a chargé le Kangoo de manière magistrale (ouuuh, ce paquet de cookies emboîté à la perfection dans une caisse de Meteor... Hmmm, ce bocal d'huile de coco glissé entre le siège et les packs de Coca... une vraie session d’ASMR en live). On est ensuite allées acheter 2/3 bricoles supplémentaires et... Ah.

On est restées bloquées en caisse parce que la CB marchait plus.

Merveilleux.

Meeeeerveilleux

 

J'ai eu l'impression d'avoir 16 ans et de gérer une asso étudiante - hyper crédible, la meuf en sweat-baskets dont la carte ne passe pas. Meeeeeeeerveilleux. Allez, on a tellement fait pitié à la caissière qu'elle a fini par accepter le règlement par virement différé. Bon.

On continue ?

Je vous le fais en accéléré : j'ai fait une petite interview de Baya, que vous pouvez dès à présent retrouver dans mes chroniques, le lave-vaisselle et l'évier bouché ont inondé la cuisine, de très jolies prestas sur scène, de « Zombie » des Cranberries à « Mon amant de St Jean »  ou l’incontournable « Il jouait du piano debout »  et je peux vous dire que c’était le feu à l’intérieur. Ouais, y’a de l’ambiance au Soultrain, mais venez un peu voir le parquet de danse qu'on aligne sur nos soirées Karaoké !

On a fini la soirée comme il se devait, vaisselle à la main comme au bon vieux temps et du Diane Tell (aaahhh, je viiiiiibre) à donf.

Ouais, c'est décidément vraiment wild les musiques actuelles.

 

Allez, encore un dernier article et on aura fait le tour des concerts d'octobre ! Je vous poste ça très vite ! 

 

OCTOBRE – Tim Dup - 20.10.18

Le samedi 20.10, c'était Tim Dup.

Trop chou.

J'peux pas dire que ça ait débuté dans la joie et la joie, d'autant que pour moi ça a commencé à 10h, avec l'accueil d'un p'tit dèj' de LAMA Architectes, les mecs plutôt doués derrière la construction de notre nouvel espace d'accueil. Bon, ça, passe encore, à part découper un bout de kouglof et filer des gobelets, c'était pas trop fatiguant. Mais après, bon. Je me suis éclatée une canette de Sprite sur les pieds, manqué de me faire tomber un rouleau à pâtisserie sur la tête, et on m'a ouvert une porte dessus. Bon. Hein.

Les artistes ont fini par arriver et Tim a dit bonjour à tout le monde (trop chou) et après il a commencé ses balances en chantant des chansons Disney (trop chou) (sa prèf c'est le Livre de la Jungle).

 

Ah oui, les balances. C'est ce moment teeeeeeeeeellement agréable où les techniciens son font le réglage des niveaux sonores de chaque instruments, micro par micro. Mon moment prèf ? J'hésite entre le réglage de la batterie. (POUM   POUM   POUM   POUM   POUM   POUM   POUM   POUM) ou le moment où l'ingé' son met une chanson pour avoir une idée du réglage générale. Et non, ce n'est pas leur playlist préférée du moment. C'est un son qui tape là où ils ont besoin d'entendre. Résultat, nous, ça fait quatre mois qu'on écoute "Get Over" six fois par jour de concert. On a eu une bonne grosse période de celle-là aussi. Ouais. On choisit pas.

On avait de nouveaux bénévoles (des p'tits nouveaux, encore des p'tits nouveaux) qui sont arrivés au compte-goutte pendant l'aprèm, du coup j'ai fait environ 5 demi-visites de la salle, mais tout le monde a eu l'air d'avoir à peu près compris. Ou ils ont bien fait semblant. Ou j'ai pas fait gaffe.

L'install' s'est faite vite et bien, vu que tout le monde est arrivé dans l'aprèm, et quand j'ai demandé à Tim, à la sortie de ses balances, si il voulait boire un coup, il a dit "oh, c'est gentil, mais je prendrai juste un verre de vin en mangeant, merci". Trop chou.

 

 

A l'ouverture des portes, on est direct tombés dans le syndrome de la groupie ("j'attends devant la porte depuis 16h hihihi j'ai fait que coller mon nez contre la vitre pour voir si je le voyais passer hihihihi en vrai je crois que c'est lui qui est allé aux toilettes vers 19h04 mais ouhloulou on ouvre la porte viiiiite faut trop que je me précipite dans la salle alors que son concert commence que dans 1h30 hiiiiiiiiiiii"), du coup, on s'est sentis un peu seuls au bar.

Genre... seuls.

Y'avait près de 200 personnes mais... Voilà quoi. Du coup je suis allée voir le concert. Puisque, évidemment, comme je vous l'avais dit dans le précédent récap’ (CEUX QUI ME LISENT SAURONT), c'est toujours les dates qu'on attend le moins qu'on aime finalement le plus.
Le public appréciait visiblement, même si tout le monde était un peu statique. Enfin, tout le monde sauf l'ingé lumière, qui se croyait à Tomorrowland (ou qui était en train de se prendre 10000 volts et qui était scotché à sa console par les doigts....?) vu ses gesticulations interdites pour un vrai professionnel depuis 1987.

Surtout que bon.

Tim Dup quoi.

Soleeeil soleeeil.... Bam le gars se dés-omoplate en ondulant telle la cobra. Allez savoir.

 

 

Après le concert, Tim est venu faire des dédicaces, il a discuté avec touuuuuuuuuuus ses fans - oui, même les fans qui lui avaient apporté des ballons de baudruche, même ceux qui lui avait fabriqué une fausse pizza (???), et mêêême le gars qui parlait pas français et qui était venu depuis BRUXELLES pour le voir pour la DEUXIÈME FOIS de la SEMAINE (????!!!) - enfin, il a fait des photos et tout, il y a passé des plombes, trop trop chou !

Nous, au bar, on s'ambiançait comme on pouvait vu que personne n'en avait rien à faire de nous, et on a fait notre miniteuf tranquilou entre deux sessions de vaisselle.

Puis le public est parti, on a bu un coup avec toute l'équipe et les artistes, et Tim est arrivé, tout sautillant avec son sac sur le dos : "Bon les gaaars, on fait quoi, on sooooort ?!!!! J'veux faire la TEUF !!!!!"

Ah.

Tim Dup c'était comme ça :

 

 

Presque chou. (saisira la rèf qui peut)