La danse à même la rue

04.12.2018

Leurs visages et leurs raids artistiques sont désormais bien identifiés des habitants du Neuhof. Les parcours dansés, la première récréation artistique dans les deux collèges du quartier et tant d’autres projets, le collectif Illusion Crew poursuit à nos côtés cette aventure au long cours, en mouvement, évidemment. Sope Lo nous en dit un peu plus...

Pouvez-vous nous présenter le collectif Illusion Crew ?

Illusion Crew est un groupe de breakdance, composé de danseurs originaires de Strasbourg. Très sensibles aux valeurs que véhicule la culture hip hop, nous participons à diverses compétitions de danse et avons aussi monté une association pour organiser des évènements afin de promouvoir celle-ci (battle, jam, cours, etc.).

Lors de notre ouverture de saison en septembre dernier, vous avez d’ailleurs « affronté » le ballet de l’Opéra national du Rhin lors d’un battle baptisé pour l’occasion Hip Hop’éra : alors, qui a gagné ?

Évidemment, c’est nous (rires) ! Blague à part, le plus important, c’est surtout que tout le monde soit sorti gagnant de cet échange. De prime abord, on aurait pu penser que le Ballet et le Breaking formaient deux mondes à part, mais cet évènement est la preuve que le langage corporel est universel.

Vous êtes donc avant tout des spécialistes des battles, assez éloignés au départ de nos parcours dansés. Comment est venue l’envie de sortir des sentiers battus ?

Sortir de notre zone de confort peut faire peur d’un côté, mais partager et faire découvrir notre passion d’une manière différente, en allant à la rencontre des habitants du Neuhof, est une expérience enrichissante qui nous est très bénéfique, comme personnes et comme danseurs.

Ces chorégraphies urbaines sont très appréciées dans le quartier : comment les vivez-vous de votre côté ?

Pour nous, la danse est avant tout un moyen d’expression permettant d’être libre. Notre objectif est de montrer qui nous sommes mais aussi de partager de bonnes vibes pour aller au-delà des clichés sur « l’art urbain ». Il s’agit de montrer que cette passion est avant tout un mode de vie, mettant l’accent sur certaines valeurs (le respect, le dépassement de soi, le partage), sans aucune discrimination.

Vous avez aussi expérimenté nos récréations artistiques dans les deux collèges du Neuhof, Solignac et Stockfeld. Avez-vous fait des émules auprès des jeunes ?

Au vu du nombre de téléphones sortis pendant la récréation, je pense qu’on peut dire que ces évènements ont été accueillis positivement par les collégiens. Le breakdance est issu de la rue et notre public habituel a souvent cet âge. C’était donc surtout un exercice nouveau de par le contexte. Une vraie réussite !

Si vous deviez retenir un fait marquant de ces impromptus hors les murs, quel serait-il ?

Le sourire décroché sur le visage d’un enfant ou de tout autre habitant du quartier. L’énergie positive que cet art peut apporter à leur quotidien.