
Peut-être l’avez-vous déjà vu ? Les abords de l’Espace Django ont été remodelés pendant l’été. Des travaux d’embellissement ont en effet été confiés au collectif Akpé, pour relier toujours davantage le bâtiment sorti de terre en 2010 au territoire qui l’entoure. Une idée simple en soi : et si Django sortait de lui-même, s’ouvrait pleinement à l’espace urbain et aux habitants auxquels il appartient ? Rencontre avec Akpé, le collectif d’architectes-constructeurs en charge du chantier.
L’appel à projets a été lancé en septembre dernier : pourquoi y avoir répondu ?
L’association Akpé agit principalement dans l’espace public, auprès d’habitants ou de mairies, pour les pousser à s’approprier le « lieu commun ». Comment réenchanter notre quotidien, parfois en questionnant nos droits, anime nos travaux. Après la transformation de la rue du Jeu des Enfants l’an passé, nous sentions un potentiel dans cet appel à projets pour contribuer à l’amélioration du quotidien du Neuhof. Alors certes, on ne modifie pas les problèmes sociaux, économiques… mais on participe à valoriser son lieu de vie, à créer des rencontres et des évènements inattendus. De quoi être fier de son quartier !
Votre proposition initiale est celle qui a été retenue : pouvez-vous nous la décrire ?
La fin de l’allée Reuss, aux abords du terminus de tram C, n’est pas vraiment une place mais plus une zone mixte entre arrêt de tram, square et l’Espace Culturel Django Reinhardt. Aussi, rien n’est fait pour s’y arrêter un instant, tout est très rectiligne (le tramway, les rangées d’arbres, la façade de l’Espace Culturel, etc.). Notre intention initiale était d’aménager une pergola conviviale devant Django, rajouter des bancs et de peindre au sol des motifs pour unifier la place. La peinture est facile à mettre en oeuvre et permet à chacun de participer, de personnaliser, de s’identifier. C’est un outil peu onéreux et efficace pour entamer une réflexion de fond sur le vivre-ensemble.
A-t-elle beaucoup évolué dans l’intervalle ?
Dès janvier se sont enchaînés un certain nombre d’aller-retours entre tous les acteurs concernés : l’association BeCoze, la médiathèque du Neuhof, l’école de musique du CSC Neuhof, les services de la mairie, quelques associations de quartier. Les contraintes de pérennité ont remis à plus tard toute construction physique pour se concentrer sur la coloration et surtout avec qui. L’esquisse s’est épanouie sur la coloration pour aller chercher plusieurs points d’accroche et être plus dynamique. Donc oui, notre intention de départ a beaucoup évolué et s’est enrichie de la diversité des acteurs.
Quelles ont été pour vous les différentes étapes de travail une fois le projet validé ?
Dès le début de la concertation nous avons cherché à rencontrer les usagers : des habitants grâce à l’association AGATE, des jeunes par l’intermédiaire de la JEEP, Becoze, la médiathèque, l’école de musique… Ces rencontres ont enrichi l’esquisse, l’ont faite évoluée. Puis évidemment, il a fallu régler tous les points techniques (la sécurité avec la CTS, la réglementation avec de nombreux services de la mairie, etc.). La mise en oeuvre aussi a été participative. Cinq jeunes du Neuhof ont été employés lors d’un chantier éducatif d’insertion. Les collégiens du Stockfeld ont bûché sur des œuvres et sont venus les peindre. Les usagers de l’Espace Culturel enfin mais aussi des passants ont pu également peindre lors de séances ouvertes.
Au final, êtes-vous contents du résultat ?
Énormément ! La semaine a été riche de rencontres et d’imprévus qui ancrent cette intervention dans le quartier. Le résultat est joyeux, il égaie la place. Les assises rajoutées font vivre le parvis. Malgré quelques craintes au départ, tout le monde est conquis. Ce qui ouvre peut-être la voie à d’autres interventions dans le quartier. A suivre.