UN CERTAIN REGARD

17.12.2019

Alors que s’achève en douceur la 4e édition de l’opération Iceberg, nous vous proposons d’entendre un autre point de vue, non pas celui des salles, non pas celui des artistes accompagnés mais le regard d’une personne qui occupe une place à part dans ce dispositif, celui de Côme Aguiar. Côme est un musicien d’expérience et de talent, qui collabore depuis plusieurs années avec de nombreux artistes (Oxmo Puccino, Aaron, Alain Chamfort, Silmarils ou encore Faraj Suleiman, à retrouver en concert à Django le 05/02, page 10 de la Prog). Au sein d’Iceberg, il est à la fois coordinateur artistique pour la partie suisse de l’opération et conseiller/intervenant auprès de certains groupes retenus. Nous l’avons ainsi accueilli à Django avec le groupe suisse Chien Bleu, et il est parti à la Case à Chocs de Neuchâtel avec l’artiste strasbourgeois que nous parrainons, T/O. Retour avec lui sur cette aventure tout sauf givrée...

Alors cette 4e édition Côme, une vraie réussite ? Le talent est-il toujours au rendez-vous ?
Oui, définitivement ! Je suis très impressionné par la grande qualité des projets proposés d’année en année. Chien Bleu et T/O en sont de véritables exemples.

Tu tiens plusieurs rôles au sein d’Iceberg. Peux-tu nous les décrire ?
J’ai commencé (dès le début) de l’opération comme intervenant, en accompagnant les artistes sélectionnés pendant leur résidence. Puis, après avoir officié ainsi à plusieurs reprises, parce que cela se passait extrêmement bien, les Eurocks et la FCMA m’ont proposé de devenir coordinateur artistique.
Il s’agit d’intervenir sur le choix des artistes, de me mettre en relation avec eux afin de déterminer leurs besoins et de choisir au mieux les intervenants pour les résidences et les formations au sein d’Iceberg. Cette évolution faisait aussi suite à la disparition de feu notre ami Eric Bichon qui avait ce rôle dans l’opération.

Toi qui côtoies de près les pratiques suisses et françaises en matière d’accompagnement, quelles sont les différences ? Ont-elles une influence sur le développement des groupes ?
La vraie différence ? Il n’y a pas d’accompagnement dans les salles en Suisse ! En tout cas, pas comme cela est pratiqué en France. Les salles suisses commencent à prendre exemple, à développer ce type de pratiques, je pense aux Docks à Lausanne.
Et puis, il y a chez eux la FCMA, qui a un rôle très important dans la structuration et l’export des groupes en Suisse.
Les artistes peuvent enregistrer, faire des résidences, des concerts... Ce qui leur est très utile.

Comment te positionnes-tu par rapport aux groupes lorsque tu travailles à leurs côtés ? Comme un artiste, comme un coach, comme un grand frère ?
Comme un artiste, d’une part parce que c’est vrai et d’autre part parce que je suis (ou j’ai été, vu mon grand âge !) au même niveau qu’eux. Avec les mêmes interrogations sur le plan musical, de l’intention, de la performance live, voire sur le plan organisationnel...

Les groupes et toi, vous en sortez tous grandis ?
Oui, un GRAND OUI ! Tout le temps, quel que soit le style, l’âge, l’histoire du projet... Chaque groupe a son identité et les psychologies sont différentes d’une formation à l’autre. Il y a évidemment des troncs communs, mais ce que tu appliques pour l’un ne va pas forcément marcher pour l’autre. Donc, moi aussi j’apprends, à chaque fois.

Au final, c’est quoi pour toi Iceberg ? Un terrain d’expérimentation, un partage d’expériences, un accélérateur de développement ?
Les trois !!

Tu aurais aimé pouvoir en bénéficier plus jeune ?
C’est difficile à dire. Avec mon groupe (Silmarils), nous étions avec les bonnes personnes au bon moment, avec le talent et l’implication qu’il fallait. Je ne sais pas si une opération comme Iceberg aurait changé la donne. En revanche, je sais qu’à l’heure actuelle, c’est un dispositif important et ultra bénéfique pour celles et ceux qui en bénéficient.
Il y a un avant et un après Iceberg, je pense que la plupart des artistes le confirmeront.