PRENDRE LA CLÉ DES CHAMPS...

03.09.2019

Cette rentrée a vu la réalisation d’une nouvelle fresque participative sur les murs de La Clé des champs, cette structure du quartier dédiée à la petite enfance et partenaire de longue date, sous le pinceau de Sherley Freudenreich, artiste travaillant elle aussi à nos côtés depuis 3 saisons. L’occasion était trop belle de découvrir les coulisses de ce projet et de ce partenariat, au travers d’une interview croisée avec Sherley, Christine Birckel, directrice de la Clé des champs et sa collègue Marie Godfroy.

En quelques mots, qui êtes-vous ? Quelles sont vos missions, votre activité respective ?

Sherley Freudenreich : Je suis Sherley Freudenreich, artiste peintre. Je réalise des images sur scène en temps réel, notamment pour les projets de ma compagnie Directo Cinéma. Je peins également des fresques. Ça fait maintenant trois saisons que je peins avec Django et le public du quartier du Neuhof.

Christine Birckel et Marie Godfroy : Nous sommes Marie et Christine, et nous travaillons à la Garderie
Restaurant « La Clé des champs ». Nous accueillons des enfants de 2 à 12 ans scolarisés sur des temps
d’accueil périscolaires et de loisirs. Marie est en charge du projet Espace de Vie Sociale autour des volets
culturels et parentalité. Et moi Christine, je suis la responsable de la structure. Je gère une équipe de 10
salariés qui accueillent et accompagnent 40 enfants

Comment vous êtes-vous rencontrées ?

S.F. : Pour la première fois, lors d’un concert dessiné à l’Espace Django évidemment !

C.B et M.G. : En chair et en os à l’occasion du concert dessiné « L’explorateur du cosmos » le 8 mars 2019, vers 18h45 près du bar dans l’Espace Django. Au préalable, nous avions pu admirer le travail de Sherley dans le quartier et ailleurs dans Strasbourg !

Pouvez-vous nous parler de cette fresque collective et participative ? Quel en est le principe ? Comment le projet s’est-il mis en place ? 

S.F. : L’idée est de réaliser une fresque où le public sera amené à participer à sa réalisation. Un moment convivial où l’on apprendra à peindre avec les artistes. L’artiste peintre Camille Brès m’accompagnera pour cette création partagée. Nous avons rencontré les participants pour la première fois début juillet lors d’un apéro/atelier. Ce fut le moment pour nous de leur présenter le projet, de présenter notre travail et de réaliser les pochoirs qui ont servi à la réalisation de la fresque, en septembre donc.

C.B et M.G. : L’idée de cette fresque a fait suite à une rencontre avec les parents en juillet 2018 autour de notre projet Espace de Vie Sociale. A cette occasion, ils nous ont fait part de leur souhait de rendre plus visible notre structure qui est située en rez-de-chaussée d’immeuble et enclavée au milieu d’autres bâtiments. Nous avons évoqué l’idée d’une fresque avec notre partenaire culturel de proximité (pour ne pas dire préféré !), qui avait déjà l’expérience et des contacts avec un certain nombre d’artistes fresquistes. Un choix cornélien a dû s’opérer et nous avons proposé différents styles et artistes aux parents, aux enfants et aux membres de notre Conseil d’Administration. Les fresques existantes de Sherley ont été plébiscitées par la majorité des votants. Le projet a débuté le 2 juillet à 17h par un apéro-présentation et partage d’idées avec l’artiste. Les parents, les enfants, les passants et nos voisins y ont été conviés et ainsi, tous ensemble, nous avons pu commencer à créer ce « nouveau mur coloré ». Puis, le plus concret du projet s’est déroulé les 17/18/19 septembre avec la réalisation de la fresque sur nos murs. L’artiste a travaillé notamment le mercredi 18 septembre avec les parents et les enfants de notre structure. Un projet participatif qui a réjoui petits et grands !

Sherley, c’est déjà ta 3e fresque dans le quartier. Tu as également mené une série d’ateliers et joué un spectacle à Django. Un vrai parcours à nos côtés ! Comment le vis-tu ?

S.F. : Merveilleusement bien ! J’apprends à connaître le quartier et ses habitants par la peinture. Notre travail et notre expérience grandit au fur et à mesure des années. Chaque réalisation est à chaque fois plus enrichissante et plus belle.

Plus largement, quel regard portes-tu sur notre action et sur ce quartier qu’est le Neuhof ?

S.F. : Chaque année, nous semons des graines essentielles à l’épanouissement. Je suis fière de participer à cette démarche.

La Clé des champs est très impliquée dans plusieurs de nos projets (impromptus artistiques, Face A/Face B, sorties de résidences, spectacles jeune public, concerts aux fenêtres...). Des projets qui ont même donné naissance à d’autres envies comme cette initiative avec l’ensemble Hanatsu Miroir. Comment s’imbriquent toutes ces histoires de votre point de vue Christine et Marie ? Comment s’inscrivent-elles dans le quotidien des enfants et de La Clé des champs ?

C.B et M.G. : Le partenariat est inscrit dans la majorité des projets de la Clé des champs, avec en point d’attention la possibilité de créer du lien, de permettre l’ouverture pour la structure mais surtout pour le public (enfants et parents) avec lequel nous travaillons. Et puis la qualité et le professionnalisme des artistes intervenants est là et c’est important ! Pour le public, cela implique bien sûr aussi un engagement, notamment pour les parents pour lesquels à la base, la Clé des champs est d’abord un moyen de garde pour leur(s) enfant(s). Des parents qui travaillent pour la plupart, qui n’ont parfois pas le temps de partager des moments ludiques et culturels avec leur(s) enfant(s). Nous veillons à impliquer les parents en leur proposant de devenir aussi « acteurs » de la structure, des projets, du quartier. Avec les enfants, les projets s’offrent à eux et s’imbriquent dans notre projet associatif, l’idée étant toujours de leur permettre de passer des moments de plaisir autour de jeux, de découvertes et d’apprentissages (sans en avoir l’air !). Dans ces temps de loisirs, nous pouvons créer et faire ensemble, se découvrir, découvrir l’Autre, de nouvelles pratiques et de nouveaux lieux. C’est le cas avec le projet Hanatsu Miroir : ensemble, ils créent le jeu, le son, la voix dans un espace inconnu avec de nouvelles personnes et de nouvelles pratiques.

Vous intervenez toutes les trois, chacune à votre endroit, hors de vos murs, dans l’espace public qui vous entoure. Aller au-devant des habitants, investir l’extérieur, se le réapproprier par l’art et toutes sortes d’actions, éducatives, sportives, citoyennes... est-ce déterminant aujourd’hui ?

S.F. : J’aime être surprise par une œuvre que je croise dans la rue. Je me dis que dans un monde où la globalisation tend à lisser les formes et les couleurs, nous avons justement besoin de retrouver des expressions artistiques particulières et singulières. La diversité des créations artistiques urbaines que nous pouvons rencontrer peut rappeler aux passants qu’il n’y a pas qu’un seul canal possible.

C.B et M.G. : Bien sûr que cela est déterminant, il nous paraît important de travailler un maximum en partenariat, toujours dans le souci d’ouverture, d’investir l’extérieur proche pour montrer au public que l’on peut ouvrir des possibles, qu’ensemble on peut investir autrement le Neuhof. Et puis s’ouvrir pour nous, c’est aussi sortir du quartier, se déplacer un maximum vers la ville, ou plus loin, prouver que c’est possible, que ce n’est pas « réservé » qu’aux autres !