Atelier parents-enfants Action culturelle Espace Django Strasbourg Neuhof

Parents, enfants, artistes : faire ensemble !

28.04.2023

C’est peu de le dire, ils nous avaient manqués. Après quelques années d’absence (la faute à qui vous savez), février 2023 a vu revenir nos traditionnels ateliers parents-enfants, pour le plus grand plaisir des personnes concernées, des artistes, et le nôtre évidemment. Trois cartes blanches laissées à des artistes et compagnies complices, dans des champs de pratique dont nous étions convaincu·es de la valeur ajoutée. Trois jours d’expérimentations fécondes pour faire ensemble, parsemés de repas partagés épiques et d’une bienveillance rare. Ce fût surtout des temps précieux, propices à échanger sur la parentalité autrement, à se dévoiler différemment, à partager collectivement des enjeux propres aux réalités de chacun mais au fond si communs. Quoi de plus naturel donc qu’une interview « miroir », pour recueillir la parole des artistes et des parents présents.

Atelier 1 : Avec Delphine Mistler. Des ateliers spécialement conçus pour les 3-6 ans, travaillant la motricité fine, la composition et la gradation avec l’exploration des couleurs, des formes, de la lumière et des matières.

Atelier 2 : Avec l’association MIRA, Agata Bielecka et Charlotte Befort. Après avoir découvert des images inédites du Neuhof (début des années 80), parents et enfants étaient invités à raconter un souvenir sur leur quartier en manipulant une caméra et en se questionnant mutuellement ! Une découverte ludique de la prise d’images et de sons, et du bruitage.

Atelier 3 : Avec la compagnie Directo Cinéma. Le matin, deux ateliers distincts et tournants avaient lieu autour de la réalisation d’images à l’encre, l’autre autour du théâtre d’ombres et de la vidéo. L’après-midi, un troisième atelier d’initiation à la musique électronique a eu lieu avant une petite restitution collective du travail de la journée devant le public invité, famille et amis.

Vous venez d’animer un atelier parents-enfants à Django, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Delphine Mistler : Je suis designer graphique de formation, et j’ai développé une passion pour la transmission et la médiation. J’ai l’habitude de travailler avec des musées sur des parcours jeunesse ou des ateliers en fin d’exposition. Ce sont des actions culturelles qui me sont chères pour le développement des outils, de la transmission, du partage, et de l’utilisation de différentes textures, couleurs et/ou compositions.
L’association Mira : L’association Mira travaille pour la valorisation des images (animées) régionales. Ce type d’association, il y en a beaucoup à travers le monde. Ce sont des personnes qui se sont rendues compte qu’elles avaient énormément d’archives, mais qu’il n’existait pas encore d’association dédiée capable d’archiver les vidéos faites depuis le début du cinéma. On vient de fêter les 100 ans de la pellicule de 9,5 millimètres, ça fait donc plus de 100 ans qu’il y a des archives qui sont constituées dans les familles. Mira récolte toutes ces archives, les numérise, et les valorise, en fait des films montés avec des portraits croisés par exemple, ou alors des ateliers comme celui que nous venons de réaliser.
Sherley Freudenreich : Je suis artiste visuelle et directrice artistique de la compagnie Directo Cinéma. Notre compagnie est à Strasbourg, et existe depuis 2015. Ce que j’adore c’est raconter des histoires en dessinant, toujours accompagné par de la musique. J’aime la poésie et la poésie visuelle.

En tant qu’artiste, que cherchez-vous à produire en proposant ce type d’atelier ?

Delphine Mistler : Je cherche à créer un lien et rendre accessible des choses pas forcément accessibles pour tout le monde. Je cherche également à montrer des métiers qu’on ne connaît pas ou très peu. L’art et le graphisme sont encore des choses abstraites et je cherche à les rendre concrètes avec des ateliers où on manipule des choses. J’essaie toujours que l’enfant lui-même, à son niveau, apprenne quelque chose autour de la motricité, et tout simplement autour du mélange des couleurs. Je propose plusieurs îlots de création, et chacun d’entre eux a sa spécificité, et propose une nouvelle chose à apprendre. Et ce qui est également intéressant c’est qu’on peut aussi y glisser des petites subtilités en plus dedans.
L’association Mira : On le souhaitait mais on n’imaginait pas que ça allait se passer aussi bien : montrer à des gens qui habitent depuis longtemps, parfois depuis toujours dans un quartier, les images de l’époque où ils étaient enfants, et leur provoquer une émotion forte. Parce que même s’ils n’apparaissaient pas dans ces images, ils ont revu tous ces lieux connus, des enfants habillé·es comme elleux à l’époque, avec les mêmes habitudes de jeux. En leur montrant ces images, on a recréé une émotion, et cette émotion a fait naître des échanges très riches sur le passé et sur la mémoire, le tout en présence de leurs enfants. Depuis le mois d’octobre, un projet de film sur le Neuhof est mené grâce à la découverte de vieilles images, cet atelier-là est venu nourrir tout ça aussi. Nous avions aussi une activité avec du fond vert où enfants et parents pouvaient s’incruster sur les images du passé, une autre où on a réalisé un film d’animation où parents et enfants ont écrit et animé des mots qui leur font penser à leur quartier. Enfin il y avait un volet sur le son, qui allait de la récolte de témoignages au bruitage.
Sherley Freudenreich : L’idée c’est de faire comprendre comment fonctionne la poésie, c’est-à-dire comment associer des images ensemble et d’aller vers d’autres types de représentations qu’on connaît habituellement. Comment des personnes, ensemble, peuvent créer un univers, le chorégraphier et le mettre en
valeur avec les capacités de chacun et de chacune. Par exemple avec cet atelier, c’était plus les parents qui construisaient les marionnettes et les enfants qui les manipulaient, c’est finalement la mise en valeur de ce que chacun et chacune sait faire.

Bonjour ! Vous venez de participer à un atelier artistique avec votre/vos enfant(s), en tant que parent, qu’est-ce qui vous donne envie de prendre part à ce type d’activité ?

Souad (atelier 1) : De base, je suis intéressée par les activités parents-enfants, c’est bien qu’ici vous le proposiez, car souvent, on nous propose des activités uniquement pour eux. Le fait de pouvoir passer des bons moments ensemble, de créer des liens, de sortir de la maison, de les faire sortir de leurs écrans, d’être en dehors de la sphère familiale, de côtoyer d’autres personnes, c’est pour tout ça que je suis là.
Karlijn (atelier 1) : Initialement j’aime faire découvrir à mon fils plusieurs activités, à la maison on fait régulièrement des collages ou du dessin par exemple, mais ici on a fait des activités que mon fils n’a jamais fait à l’école ou avec moi. J’aime beaucoup le fait qu’il puisse toucher à plein de choses pour découvrir son côté artistique et le développer.
Siddika (atelier 2) : Le partage avec ma fille, découvrir des choses, d’être enrichi et de partir avec de nouvelles connaissances.
Emmanuelle (ateliers 1, 2 & 3) : La convivialité, l’ambiance et les activités en elles-mêmes. Elles sont agréables, instructives et on apprend énormément de choses.

Si vous deviez garder un souvenir marquant de cet atelier, quel serait-il ?

Souad (atelier 1) : Discuter avec d’autres mamans et voir des personnes qui ne viennent pas forcément du même endroit que nous. Le fait qu’il y avait plusieurs activités était aussi intéressant, mes enfants sont super actifs et la motricité est un peu leur point faible, là, ils pouvaient tourner un peu partout, faire plusieurs choses en même temps : lecture, peinture, des jeux, des puzzles, et mettre en œuvre beaucoup de créativité en se servant de leurs mains.
Karlijn (atelier 1) : J’ai beaucoup apprécié le mélange des cultures et ce partage entre les parents et les enfants, et finalement qu’on puisse participer à l’atelier en tant que parent. C’est un moment de partage avec mon fils qui m’a aussi apporté du repos, de la sérénité.
Siddika (atelier 2) : En 2018, j’avais déjà fait un atelier avec ma fille autour des ombres et de l’exploration musicale. Ça m’avait marqué. Je me suis dit que c’étaient de beaux souvenirs qui vont rester gravés dans ma mémoire et celle de ma fille. Alors j’ai voulu remettre le couvert. Pour cette session d’ateliers, c’est tout ce dont on a parlé autour du quartier, les images qu’on a vues, qui m’ont replongé dans mon enfance et permis de partager ça avec ma fille.
Emmanuelle (ateliers 1, 2 & 3) : Les activités de manière générale, les connaissances qu’on acquiert, mais aussi les personnes qu’on apprend à connaître le jour de ces activités.

Remerciements pour la retranscription : Emmie Obergfell-Davin, Peline Cakici & Lydie Freyss