Patate ! Non, ce n’est pas un juron, encore moins une insulte mais un cri de joie poussé par une poignée de réalisateur·ices au moment où enfin leurs films courts sont présentés en vraie grandeur dans les salles obscures. Ils ont été faits pour ça. Une sorte d’Alléluia ! Quatre courts et un moyen métrages. Cinq esthétiques personnelles. Cinq façons de s’emparer de l’animation pour raconter une histoire. Cinq univers singuliers. Et pourtant un seul coup de patte, celui de Folimage, reconnaissable entre mille. Depuis vingt-deux ans, Folimage met un point d’honneur à produire ces petits espaces de liberté animée. Ces cinq films sont représentatifs du bouillonnement graphique et narratif que les murs trop étroits du studio ont de la peine à contenir. La tête dans les étoiles (Sylvain Vincendeau), Le génie de la boîte de raviolis (Claude Barras), Circuit Marine (Isabelle Favez), Le château des autres (Pierre-Luc Granjon), et pour couronner le tout, Patate et le jardin potager (Damien Louche-Pélissier et Benoît Chieux), titre éponyme de ce programme qui forme un ensemble cohérent destiné autant aux petits qu’aux grands enfants, nom d’une patate !

On surprend l’instant où une jeune vagabonde affamée trouve une vieille patate au milieu des déchets. Mais le tubercule s’avère vouloir s’accrocher à la vie plutôt que de terminer en frugal repas. Les deux laissées pour compte se rencontrent dans un doux mélange de tendresse et de cruauté. Jeanne Guillou arrive avec sa hotte sur le dos pour nous ouvrir un voyage tendre et malicieux qui risque de vous faire détester la purée.