Du bruit, ça pousse

Rencontre avec la promo 2022 > 2024 de la pépinière Django !
16.02.2023

La pépinière est un des outils que l’Espace Django déploie pour participer au travail de repérage et de professionnalisation des musicien·nes strasbourgeois·es. Trois projets sont accompagnés pour une durée de deux ans afin de les aider autant sur le volet artistique que structurant. C’est ainsi qu’au cours de cet accompagnement, nous leur proposons des résidences, des formations, des échanges collectifs et des conseils individuels. Septembre 2022 a marqué le lancement d’une nouvelle promo avec la traditionnelle semaine de colo, au cours de laquelle nous leur proposons un approfondissement de l’environnement du musicien et de la filière des musiques actuelles, ainsi qu'une approche live pour un enrichissement mutuel des approches de chacun·e.
Il est l’heure maintenant de vous laisser en compagnie de nos trois pépiniéristes : Beatrice Melissa, Las Baklavas et Pales !

Bonjour Beatrice Melissa, Las Baklavas et Pales ! Pour commencer, pouvez-vous décrire vos projets respectifs en quelques mots ?

Beatrice Melissa : Beatrice est DJ et productrice, Melissa est vocaliste et instrumentaliste. Nous fusionnons nos univers à travers une pop « leftfield » électronique pleine de dualités : chaud/ froid, rapide/lent, intense/doux, anglais/ français, « dance »/ambiente, musiques actuelles/club. Nous sommes signées sur le label parisien Midnight Special Records qui nous accompagne dans notre projet et nous n’allons pas tarder à sortir notre première EP chez eux !
Las Baklavas : Las Baklavas est un projet éclectique ayant comme base la diffusion et le partage des musiques du monde avec une forte influence balkanique et latino-américaine, alliés à nos inspirations contemporaines. Tout ça se mélange pour créer une recette où coexistent musiques traditionnelles, actuelles, et l’univers de chacun·es. Tous·tes uni·es dans une énergie vivante et festive, nous invitons le public à se submerger dans une ambiance chaleureuse de collectif et de « l’empowerement ».
Pales : Notre projet existe depuis mars 2021. On est orientés dans l’esthétique post-punk même si on essaye de laisser notre créativité être la plus spontanée possible. Notre démarche actuelle est de garder une organisation indépendante et autonome et de se professionnaliser afin de vivre de notre passion.

La pépinière a débuté en septembre, déjà du concret ?

Beatrice Melissa : Oui ! Nous avons déjà pu faire une rencontre avec Chapelier Fou à l’Espace Django pour travailler notre set-up et nos productions. On a également prévu une résidence début janvier avec notre future ingénieure son, et nous avons aussi prévu une autre résidence plus tard, pour travailler la scénographie et notre présence sur scène. Sans oublier notre rencontre avec le groupe Pales qui nous a programmé pour leur release party en janvier !
Las Baklavas : La pépinière nous a aidé à avoir une meilleure structure interne pour mieux évoluer musicalement et nous a permis de mieux comprendre certains enjeux du monde musical. Cela nous a également permis de nous poser les bonnes questions et de prendre de la distance sur nos priorités à court et long terme.
Pales : On a pu tracer les grands objectifs de l’année à venir : trouver un entourage professionnel, travailler en résidence les aspects scéniques (set, lumière, son, etc.). La rentrée de la pépinière nous a permis de remettre à jour nos connaissances du secteur des musiques actuelles, et de savoir exactement où nous en sommes afin de prévoir au mieux les prochaines grandes étapes. On a été soutenu de près pour la préparation du MaMA Festival en octobre, et nous avons eu un soutien financier pour travailler avec une attachée de presse, Lucie de See You In L.A, pour la promotion de notre premier single « Trippy Season » ainsi que de l’EP « In Our Hands ? » sorti le 18 novembre 2022.

Quelles sont vos attentes sur le long terme ?

Beatrice Melissa : Nous espérons faire des rencontres à travers l’Espace Django mais aussi profiter de la salle afin de faire des résidences. C’est une chance pour nous d’avoir accès à une grande scène sur laquelle on peut tester notre musique dans un contexte live. Les rendez-vous réguliers prévus par la pépinière nous permettent aussi d’avoir des retours et d’être guidées dans notre projet.
Las Baklavas : Consolider notre projet, techniquement, scéniquement, et professionnellement, afin de proposer un spectacle qui puisse transmettre nos musiques, cultures et valeurs. Nous voulons apprendre à avoir un projet qui puisse être pérenne : comment se développer dans le monde musical à l’échelle nationale et internationale et vivre de notre musique.
Pales : Un entourage professionnel à l’image de nos valeurs qui nous permettra d’assurer des tournées. L’objectif ultime étant d’être intermittent·es et de pouvoir vivre de notre activité. On souhaite également élargir notre réseau et nos prestations scéniques : avoir un rayonnement national mais aussi se confronter aux scènes étrangères pour ne pas se brider à un fonctionnement à la française du secteur des musiques actuelles.

En tant qu’acteur·ices de la scène locale, quel regard portez-vous sur le vivier du milieu artistique strasbourgeois ?

Beatrice Melissa : Beatrice fait partie de la communauté des DJs, c’est vrai qu’à ce niveau là il y a de quoi faire à Strasbourg : de nombreuses personnes mixent et sont partantes pour collaborer, même si la ville manque de clubs « alternatifs ». On a aussi été invitées pour faire des concerts avec October Tone, on s’est senties très accueillies par ce label strasbourgeois qui organise plein de soirées. Au niveau de son projet solo, Melissa collabore avec la Sturm Production, qui soutient les artistes dans la scène jazz régionale et leur donne de belles opportunités pour avancer leurs projets. Sinon, globalement on pense qu’on est tous·tes d’accord pour dire que la scène est prédominée par des hommes, c’est une constante qui nous attriste, même si cela change progressivement avec de nombreuses initiatives prometteuses !
Las Baklavas : De notre point de vue, la scène strasbourgeoise est une source d’inspiration, elle est diverse et variée musicalement, constamment en foisonnement, et il y’a toujours de nouvelles collaboration émergentes de qualité, mais elle est encore trop peu développée du côté de la femme artiste. Un des enjeux de notre projet est aussi d’être acteur·rice dans le travail de cette problématique et d’agir, voir d’être une source d’inspiration pour les générations futures.
Pales : On a la chance d’avoir un vivier musical dans tous les styles ! Et il y a suffisamment de ressources pour que tout le monde s’y retrouve. Toutes les personnes du secteur sont attentives aux projets et disponibles pour apporter leur expertise et leur soutien, c’est une chance.

Pour finir, si votre groupe était un plat, ça serait lequel – miam miam ?

Beatrice Melissa : Une question très difficile (hehe). Pourquoi pas un plat savoureux avec de la crème fraîche, du citron, et de la coriandre ! Nous aimons beaucoup toutes les deux cuisiner des recettes Ottolenghi qui ont souvent ce contraste entre quelque chose de tendre et de plus piquant.
Las Baklavas : Un baklava of course mais c’est pour le dessert, avant ça il ne faut pas oublier les empanadas !
Pales : Une formule tarte flambée à volonté avec le litron de bière compris, avec une option végétarienne (Chmouz à Jeremy, notre ingé son). C’est gras, c’est lourd mais un réel plaisir. Tout s’enchaîne rapidement. Tu te fais surprendre avec des saveurs inédites, tu passes d’une flamme classique, à une forestière, à une munster sans prévenir, et le tout tapissé par les bulles d’une bière réchauffée par la convivialité du moment. C’est inattendu, c’est beau, t’en ressors secoué, changé, t’as vécu quelque chose ! Il y a un avant et un après… Bref à tester impérativement !