Tout d’abord, qu’est ce qui a provoqué votre rencontre, humainement et artistiquement ?
Léopard DaVinci : Pendant le covid, je suis parti 2 mois en Guadeloupe pour fuir la déprime et l’arrêt des concerts. Avec des amis nous sommes allés voir Jean-Marc en concert, nous connaissions ses morceaux festifs, mais ce soir-là il nous a fait découvrir un répertoire de musiques antillaises d’une richesse incroyable. Je me suis rendu compte que nous connaissons finalement très peu cette culture en métropole, je lui ai donc proposé de créer un projet musical dans le but de mélanger nos univers et nos savoirs faire pour faire connaitre et exporter sa musique.
Jean-Marc Ferdinand : Alors que j'étais en concert après un sacré bout de temps, dans un lieu exotique de la côte sous le vent chez moi en Guadeloupe, je fis la rencontre d'une bande joyeuse qui apparemment était là pour décompresser et se changer les idées au pays. Chose que je n'allais pas tarder à savoir, c'est qu'ils étaient venus ce soir-là uniquement parce qu'ils avaient entendu dire que j'y étais. Dites-vous bien à quel point j'étais flatté par cette démarche en l'apprenant, d'autant plus qu'au fil de la soirée, je me suis rendu compte qu'ils connaissaient bon nombre de mes titres phares. À l'issue du concert, nous avons partagé plus intimement autour d'un verre, et c'est là que je fis la connaissance de Cyprien, ainsi que toute son équipe de copains. Au fil de la conversation nous avons fait le constat qu'une collaboration musicale pourrait être possible, vu que nous avions chacun un univers musical qui ne demande qu'à se côtoyer plus étroitement.
Guadeloupe, métropole, les territoires nourrissent certainement le projet, quels sont les apports de chacun dans le processus de création ?
LDV : En arrivant en Guadeloupe pour la première fois, je n’avais pas d’autres attentes que de fuir mon quotidien. J’y ai découvert une culture à la fois fascinante et étonnamment méconnue, même pour les musiciens de métropoles. Même moi qui défend et m’inspire dans mon travail des musiques africaines et afro-américianes, je n’avais jamais entendu parlé du Gwo Ka, alors qu’ils se sont battu pour le faire reconnaitre par l’UNESCO en 2014.
Je suis parti 6 semaines vivre à Saint-Claude, au pied de la Soufrière, pour apprendre sur place à connaitre la musique antillaise. Il était très important pour moi de composer sur place, de sentir l’atmosphère et de découvrir la culture en immersion avec Jean-Marc, chez lui.
JMF : J'ai eu l'impression que ma rencontre avec Cyprien n'était pas fortuite, tant les choses se sont emboîtées facilement. En effet, sa soif de vouloir connaître plus profondément notre culture qu'il venait de découvrir, a selon moi accéléré les choses. De mon côté, je vivais ces échanges avec un tel enthousiasme et prenais énormément de plaisir à transmettre à mon nouvel acolyte mes connaissances en matière de culture guadeloupéenne. Le simple fait d'associer notre musique traditionnelle à un autre genre musical me procurait une joie intense car j'étais sûr que ça donnerait quelque chose de fabuleux, d'autant plus que j'avais bien remarqué que Cyprien maîtrisait parfaitement son sujet et qu'à nous deux on faisait la paire. Nul n'est besoin de vous dire que lorsque nous avons commencé à travailler ensemble lors de son troisième voyage, nous étions dans l'obligation de nous rendre à l'évidence, nous tenions là quelque chose qui valait le coup.