Une année sur la Lune avec Exotica Lunatica

08.10.2025

À l’Espace Django, nous croyons à l’éclosion des talents de proximité, au soutien de la création locale, et à l’importance de construire des ponts durables entre les artistes et leur territoire. Exotica Lunatica fait pleinement partie de cette démarche. Depuis leurs premiers concerts dans des contextes atypiques jusqu’à leur envol national avec les iNOUïS du Printemps de Bourges, Daphné et Eleanna tracent un chemin singulier, libre et profondément habité. Leur musique, aussi attachante que leurs personnalités, bouscule les genres et touche à l’intime. Nous sommes fiers d’avoir pu accompagner cette aventure artistique hors-norme, et de continuer à les suivre, notamment le 16 octobre prochain à Paris... Rencontre avec un duo solaire et lunaire à la fois.

Salut Exotica Lunatica, comment ça va ? Vous nous dites qui vous êtes en quelques mots ?

Hello ! Ça va super bien, merci ! On sort tout juste d’une belle série de concerts, le corps est un peu fatigué mais le coeur est grand ouvert. Exotica Lunatica, c’est nous deux, Daphné et Eleanna, c’est notre rencontre, c’est le mélange des univers assez différents qui nous habitent, c’est le soleil et la lune en même temps. Eleanna est une chanteuse d’opéra grecque et guitariste classique, et Daphné est une compositrice de musique classique contemporaine et multi-instrumentiste. Nos deux âmes se sont donc liées dans un amour commun pour les musiques classiques, traditionnelles et mystiques. On fait une musique qu’on a baptisé OTTP – Opéra Tribal Transes Polyphoniques – une musique de voyage, de rituel, de sensations, où la voix, le corps, les langues et les instruments dialoguent et tissent des ponts entre les mondes.

Vous venez de passer une belle année 2025 avec notamment votre sélection pour les iNOUïS du Printemps de Bourges et une belle récompense à la clé ! Racontez-nous un peu l’expérience : ça fait quoi de se retrouver sur cette scène-là ? De gagner un prix ? Est-ce que vous vous attendiez à ça ?

On ne s’y attendait pas du tout, vraiment… c’est fou. On a créé Exotica Lunatica avec le besoin viscéral d’inventer un langage qui nous ressemble profondément, sans chercher à rentrer dans quelconque case. On avançait petit à petit, puis des portes se sont ouvertes sur notre chemin, et ce voyage toujours plus fluide nous a mené sur la scène du Printemps de Bourges… qui l’eût cru… pas nous en tout cas, ça c’est sûr !! Et pourtant… La semaine des iNOUïS a été d’une intensité rare. On s’est senties tellement chanceuses, entourées de talents uniques, de projets très variés, et surtout dans une belle énergie de solidarité. C’était aussi très formateur et précieux pour des artistes émergentes comme nous. L’équipe, l’accueil et l’organisation étaient juste incroyables, on s’est senties super bien accompagnées et ça reste encore le cas ! Et puis, le Prix Public RIFFX… que d’émotions ! Ça nous a donné un shoot d’espoir. Ça nous a prouvé que notre musique, aussi hybride soit-elle, peut rassembler, toucher, surprendre. C’était puissant. On est ressorties de là plus déterminées que jamais.

D’un concert aux fenêtres au milieu du Neuhof à la scène de l’Opéra de Strasbourg, vous avez été soutenues par l’Espace Django et d’autres acteurs du milieu, mais comment est-ce que vous avez vécu cette dynamique ? Est-ce que ça a changé votre façon de voir votre travail d’artiste ?

Carrément. Le soutien de l’Espace Django et de plusieurs autres structures locales, notamment celle du Gueulard Plus (à Nilvange), a été fondamental pour le développement de notre projet. Ces concerts « hors cadres », notamment au Neuhof, nous ont reconnectées à l’essence même de pourquoi on fait ça : créer du lien. Nous ne sommes pas dans la démarche de faire une musique intellectuelle ou inaccessible, bien au contraire, nous cherchons à créer des ponts, des ouvertures entre des univers artistiques très différents pour en dégager de nouveaux axes de lecture, qui parlent à l’âme directement ! Nous voulons toucher, rassembler et partager des vibrations communes en abattant les frontières. Chaque concert est une expérience unique faite d’énergie propre à ce qu’il se passe entre la musique, le lieu, le public et nous. L’Opéra de Strasbourg, c’était encore très différent et presque irréel… C’était très symbolique aussi pour nous dans la manière de pénétrer à nouveau cet univers et ses lieux codifiés, pour y amener notre proposition personnelle. Cela nous intéresse énormément de jouer sur les codes et la déconstruction de ceux-ci, de proposer un décalage, un éclairage différent. Cette dynamique nous a fait prendre conscience que notre rôle en tant qu’artistes était aussi d’ouvrir des portes, et non pas seulement d’en franchir.

L’industrie musicale, c’est un peu un grand océan, avec ses vagues calmes et ses tempêtes… Comment vous naviguez là-dedans ? Quels sont les plus grands défis que vous rencontrez au quotidien ?

Ah oui l’océan… Disons que nous ramons dans une barque artisanale, mais que nous avons des pagaies solides et un cap clair haha !? Un de nos défis est de rester fidèles à notre univers tout en naviguant avec les codes parfois rigides de l’industrie, et que l’on découvre petit à petit ! Un autre est de savoir gérer des périodes d’une extrême intensité tout en sachant ensuite se ressourcer, changer de rythme assez fréquemment sans s’épuiser. On compose, on produit, on réalise nos clips, on tourne, on gère la communication, c’est énormément de travail. Le secret pour bien naviguer, en réalité, c’est de bien s’entourer ! On a la chance d’être accompagnées par notre productrice formidable qui fait beaucoup pour nous, Séverine Cappiello de la Sturm Production, et par David Rappetti des Tontons Tourneurs pour le booking. Cela fait une réelle différence. Nous avons aussi une équipe technique qui nous suit dès qu’il est possible. Nous sommes dans une période charnière pour notre projet, en préparation du MaMA Festival (où l’on jouera le 16 octobre À LA CIGALE !!!) et qui marquerait l’entrée dans une nouvelle phase de développement. Le plus grand défi à travers tout ça est de savoir faire les bons choix pour pouvoir travailler le plus sereinement possible et avancer dans la direction vers laquelle on aimerait avancer.

« Notre rôle en tant qu’artistes est aussi d’ouvrir des portes, et non pas seulement d’en franchir. »

Un souvenir ou anecdote particulière à nous raconter sur ce qu’il s’est passé cette année ?

Durant notre tournée des festivals de l’été, nous avons découvert le monde des « villages/ backstage » immense des grands festivals auxquels on a eu la chance de participer. On hallucinait de voir tout ce à quoi on avait droit en tant qu’artistes du festival et une chose qui nous a fait beaucoup rire était qu’il y avait un coiffeur… Il n’y en a pas eu une pour arrêter l’autre, bien sûr, on a foncé pour en profiter et avoir notre petite coupe de cheveux ! On se faisait donc coiffer tout en voyant passer tranquillement juste derrière nous Rebeka Warrior de Kompromat ou encore The Black Keys… C’était assez surréaliste ! Daphné est ressortie avec des boucles carrément, en donnant carte quasi-blanche au coiffeur ! On s’est bien marrées et ça a créé des souvenirs mémorables de tournée !

Une recommandation artistique à découvrir d’urgence ? Une collaboration de rêve ?

Tellement ! Il faut absolument écouter l’artiste franco-libanais Bachar Mar-Khalifé. C’est un génie absolu et une grande source d’inspiration et d’admiration pour nous. Ça serait également une collaboration de rêve bien entendu ! Côté images, on recommande les films documentaires de la réalisatrice grecque Evangelia Kranioti, une poésie visuelle et un onirisme d’une beauté à couper le souffle ! Ensuite franchement, rêvons peu rêvons grand… rencontrer la chanteuse et compositrice Lisa Gerrard de Dead Can Dance serait une forme d’alignement cosmique pour nous. Ou alors, créer une performance totale avec une compagnie de danse contemporaine et collaborer avec des chorégraphes tels que Damien Jalet. Et pourquoi pas une bande originale de film, le cinéma a une grande place dans nos intérêts et inspirations ! Bref, ce ne sont pas les envies ou les idées qui manquent comme vous pouvez le voir !

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