Les tournées des crèches, ce sont des formats chéris, qui illustrent à merveille les moments de magie qui peuvent surgir de rencontres tout en dentelles entre des artistes et des tout-petits, leurs parents, les équipes éducatives des lieux de la petite enfance que nous arpentons. 8 ans de tournées, mais à chaque fois, le plaisir retrouvé d’associer joyeusement les énergies pour renouveler les approches créatives, s’ouvrir à l’appétence hors normes des plus petit·es à communiquer, comprendre le monde, l’interpréter et à se nourrir de ce qu’on lui apporte. Des performances pensées pour les lieux de la petite enfance neuhofois, aux tailles et aux réalités diverses, mais avec un objectif commun : un parcours in situ pour l’éveil artistique et culturel du tout-petit. La compagnie Médiane nous a accompagné avec talent sur les dernières tournées, avec « Haut comme 3 livres », une forme existante puis « Point à la ligne », un second volet créé uniquement pour l’occasion, et qui on l’espère rencontrera le plus de public possible hors du Neuhof. Rencontre avec Catherine Sombsthay, cheffe d’orchestre de la compagnie.
« Haut comme 3 livres » avec Catherine Sombsthay (manipulation d’objet et voix) et Mélanie Rougeux (harpe et voix)
« Point à la ligne » avec Catherine Sombsthay (conception et jeu) et Emma Chapoulie (jeu)
Peux-tu nous dire ce qui se cache derrière la compagnie Médiane ? Et toi, ton rôle/ta place ?
La Compagnie Médiane est une compagnie de théâtre d’objet et mix-média installée en Alsace depuis longtemps. Elle a la particularité de produire des spectacles de manipulation d’objets. À la recherche d’un équilibre, elle chemine entre théâtre, musique, arts plastiques et arts numériques. Mon rôle y est d’orchestrer les envies, de constituer les équipes, de mener à bien les projet, et de manipuler les objets.
« Haut comme 3 livres », « Point à la ligne », pourquoi ces créations autour de l’objet livre à l’attention des plus petits ?
Depuis 2021 la compagnie est en résidence de territoire, invitée par La Nef à Wissembourg. Pour cette ville de tradition imagière, nous avons choisi de réfléchir à la place du livre pour chaque habitant·e sans aucune exception, en commençant par le début de la vie : les bébés. Or de Wissembourg au Neuhof il n’y a qu’un pas, nous l’avons franchi et complété la proposition initiale « Haut comme 3 livres » par « Point à la ligne » pour l’occasion.
Tu as mené deux tournées des crèches à nos côtés cette saison, que penses-tu de ce format ? De l’accueil reçu, de ces lieux si divers écumés ?
Pouvoir partager et développer l’expérience de la découverte des livres avec les petit·es dans de si nombreux lieux est d’une grande richesse. Il suffit de traverser la route pour que l’espace change totalement, que l’ambiance soit toute autre, comme un voyage en accéléré. C’est une expérience inédite pour les enfants, toujours curieux, et une bouffée d’extérieur pour celles et ceux qui prennent soin d’eux au quotidien. C’est une jolie place dans la vie du quartier offerte aux artistes, toujours accueillies avec de grands sourires, un pont nécessaire entre les habitant·es et un lieu de culture comme l’Espace Django.
En quoi des performances artistiques dans les lieux de la petite enfance participent à l’éveil culturel et artistique du jeune enfant, un enjeu qui a enfin pris de l’importance ces dernières années ? Et les parents dans tout ça ?
Les lieux de la petite enfance sont les premiers endroits où les petits sont confiés à d’autres bras que ceux de leurs parents. Ils y font « société », or ce qui fait le ciment d’une société est la culture développée ensemble, autant y associer les petits dès leurs premiers pas ! Les parents ont besoin de les accompagner dans cette passation. Sentir l’attention que leur portent les professionnel·les est important, la venue d’un spectacle et une occasion particulière pour discuter. Quand les parents peuvent être présents, ils découvrent leurs petits dans un autre environnement que celui du cercle familial. Ils sont fiers de ses progrès, apprécient sa curiosité et sa concentration : cela fait si peu de temps qu’il a bouleversé leur vie en venant au monde.
Pour finir, une anecdote ou un souvenir marquant sur ces tournées à nous partager ?
Je me souviens de mes doutes lors de la première présentation de « Point à la ligne » : comment cette proposition construite en deux temps, à cheval entre performance et atelier allait-elle être reçue ? Au moment de commencer, les doutes sont devenus énormes devant la panique d’un petit garçon : le moindre bruit inhabituel, le moindre geste, même anodin, lui fait très peur. Pourtant au fur de la présentation, le livre s’ouvre et le calme, les couleurs l’attirent, la musique le rassure, les gestes l’amuse. Finalement il prend naturellement les choses en main et plonge dans le plaisir du moment pour donner le rythme à tout le monde. Ce petit blondinet apeuré nous a donné sa force pour tous les autres enfants que nous avons rencontré cette semaine-là.
Compagnie Médiane :
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Mélanie Rougeux :
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