Concerts aux fenêtres, saison 6

17.06.2022

Le dernier trimestre de la saison rime avec des actions hors les murs décuplées, celles qui nous donnent du baume au coeur au quotidien, et aussi nourrissent notre vision des moments partagés. Et parmi elles, l’une de nos marques de fabrique, les concerts aux fenêtres, menées depuis bientôt 6 ans. Nous remettons le couvert en juillet, avec toujours le même principe : 8 concerts gratuits au pied des immeubles deux soirs par semaine, invitant les habitant.es à profiter d’un moment musical depuis leurs fenêtres. Une occasion parfaite pour rencontrer ses voisin.es, revisiter le quotidien, son quartier et découvrir des artistes talentueux.ses. Churchman et Kamisa Negra, deux artistes présents sur la dernière édition nous partagent leurs souvenirs pour amorcer cette nouvelle saison des concerts aux fenêtres.

Bonjour Churchman et Kamisa Negra ! Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Churchman : Bonjour ! Je suis un musicien auteur compositeur Strasbourgeois issu du blues et du folk États-Unien où j’ai en partie grandi étant enfant. Outre le trio Churchman, je collabore avec différents groupes et artistes de Strasbourg et des environs. Je m’implique également dans la scène locale Alsacienne et Strasbourgeoise via « Le Local » à la Krutenau, un café-concert que nous avons ouvert avec mon associé William Beyou il y a maintenant 6 ans. Dieu que le temps passe vite..

Kamisa Negra : Alors moi, je m’appelle Kamisa Negra, je suis une artiste strasbourgeoise. Qui aime chanter, tout simplement !

Vous avez chacun donné deux concerts aux fenêtres au Neuhof l’année dernière. Qu’avez- vous ressenti ? N’y a-t-il pas eu d’appréhension par rapport à ce format particulier ?

Churchman : Ces deux concerts étaient particuliers pour nous et l’appréhension était double : après la résidence de création dans vos murs quelques mois plus tôt, il ne s’agissait pas moins de nos premiers concerts pour ce projet, et ce après une longue période d’enfermement dûe à la pandémie. Rajoutez à cela un type de concert particulier, au pied des immeubles, en extérieur, avec un public inconnu et des besoins techniques qui même en salle étaient encore plutôt incertains vu la fraîcheur du projet et vous aurez une idée de notre ressenti avant le premier concert. Et ce fut jubilatoire. Tester, pour la première fois, nos chansons devant ce public, fasciné par cette belle initiative, on ne pouvait rêver mieux et les réactions nous ont aidé à souder le projet ainsi que la suite de notre travail.

Kamisa Negra : J’avais hâte de faire ces concerts, parce que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas pu faire de la scène, ou même échanger avec un public, musicalement parlant. Et ça m’a fait du bien. Je pense que ça a fait du bien au public aussi, justement. J’ai trouvé le cadre génial. Et puis c’était dans mon quartier, aussi. Des personnes que je connaissais étaient au rendez-vous… Alors chanter pour eux, et pour les personnes qui étaient aux fenêtres… ça m’a fait chaud au cœur !

Quelles différences voyez-vous par rapport à un concert “classique” ? Comment étaient les interactions avec le public ?

Churchman : Ce fut à la fois déconcertant et très agréable. Le public ne s’est pas forcément déplacé pour venir voir un concert, c’est le concert qui est allé à lui. Quel que soit l’âge, ils venaient, parfois pendant le concert, voir même pendant qu’on jouait, regarder les instruments, observer les équipements, posaient des questions, voulaient tâter la mandole,les harmonicas ou la shruti box en main pour l’observer. C’était des moments touchants, ils étaient très intéressés par l’évènement et par notre musique. Pour notre part nous avons pu observer des réactions à chaud, sans préparation, du public face à nos morceaux et nous avons été ravis du résultat.

Kamisa Negra : Les concerts aux fenêtres, c’était réel. Tu n’es pas sur une scène, où les projecteurs sont braqués sur toi… C’est pas du tout le même ressenti ! En fait, quand tu chantes aux fenêtres, dans un quartier, c’est beaucoup plus street et intimiste. C’est réel, c’est direct. Et dans un concert, c’est pareil, mais bon ! Tu t’es préparé, tu as répété, tu sais ce que tu vas faire. Alors que là, tu ne sais pas du tout à quoi t’attendre ! Et puis ce n’est pas la même acoustique aussi. Ma voix résonnait à travers les immeubles ! Je voyais les sourires sur les visages des gens… C’était incroyable !

Un souvenir marquant de vos concerts aux fenêtres à partager ?

Churchman : Cette rangée de personnes âgées et d’enfants qui s’est formée dans le gazon au fil du concert avec le même regard dans les yeux, et leur réaction face à notre petit ballet d’instruments étranges. C’était une très belle vision depuis la scène. On voyait la rupture avec le quotidien du lieu et nous étions contents d’y participer.

Kamisa Negra : Oui, j’en ai un ! C’était assez marrant, d’ailleurs. Quand je suis arrivée le jour du premier concert, j’ai senti que j’étais vraiment attendue.
Et c’est là que j’ai vu à quel point la com’ de Django était dingue ! Parce que je n’avais même pas encore commencé à chanter que les enfants venaient déjà avec leur affiche du concert, et ils me demandaient de leur signer ! Je leur ai demandé : « Mais où est-ce que vous avez eu tout ça ? et pourquoi vous voulez que je signe, vous me connaissez pas… si ça se trouve, je chante mal! » [Rires.] Et les enfants m’ont dit « Non, non, on t’a déjà vue sur YouTube, et on a pris toutes les affiches qu’on a trouvé sur les portes de l’allée Reuss ! » [Rires.] Alors merci Django pour la com’ !

Quelles sont vos actualités musicales, sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Churchman : Un clip est en cours de préparation, qui fera voyager à travers des endroits pittoresques de la région. Il sortira au printemps en même temps qu’un EP 3 titres. Nous avons une série de concerts prévu dans les environs, de Metz à Saint-Louis
en passant par l’Allemagne afin de continuer à constituer notre public. Le 28 avril nous revenons jouer à Strasbourg à la Péniche Mécanique !

Kamisa Negra : Le concert aux fenêtres m’a vraiment fait du bien dans le contexte du covid, c’était une année compliquée artistiquement parlant. Alors cette forme de retour sur scène, avec les échanges que ça implique, c’était idéal ! Et depuis, je travaille sur de nouveaux projets… Le temps est passé alors on a d’autres choses à raconter, forcément. J’ai vraiment hâte de pouvoir présenter ce qu’on est en train de concocter de nouveau !

Pour finir… y a t-il un-e artiste que vous aimeriez voir en concert aux fenêtres ?

Churchman : Bien sûr, mes collègues en ville comme Prokop, Marie Cheyenne, les amis du Trio Barouf ou de FEU seraient tout à fait de circonstance ! Si vous arriviez à faire venir Tom Waits ce serait pas mal non plus.

Kamisa Negra : Dans mes rêves… Je dirais Erykah Badu, ma chanteuse préférée ! Et sinon, un petit groupe de jazz manouche, pour quelque chose de plus réaliste !