Chaque saison, stagiaires et volontaires en service civique viennent étrenner chez nous leur fougue, leur soif de découverte, leurs questionnements. Ils·elles viennent surtout nous donner un (gros) bout d'elles·eux-mêmes, et se faire bousculer autant qu’ils·elles nous bousculent d’ailleurs. Nous avons beau avoir l’habitude, nous sommes toujours surpris de l’univers des possibles que créent ces nouvelles énergies dans l’équipe. Cécile et Idil n’ont donc pas dérogé à la règle, bien au contraire. Déterminées et malicieuses, elles nous ont régalé avec une éclosion maîtrisée, parsemée d’erreurs constructives et de belles réussites. Forcément, vous imaginez bien que nous voulions vous les faire découvrir.
Comment s’est passé ce volontariat à Django, au Neuhof ? Quels étaient vos missions dans les grandes lignes ?
Cécile : Ces 8 mois sont passés bien trop vite ! Nos missions étaient avant tout d’aider Baya (chargé de médiation) et Mourad (co-directeur en charge de l’action culturelle) sur les différents projets d’actions culturelles. On avait de quoi faire ! Django est implanté partout sur le territoire du Neuhof, des crèches aux centres médico-sociaux, le plus gros du service civique s’est fait à vélo pour des actions hors les murs. L’idée c’était de créer du lien entre les habitant·es, la salle, les artistes et les différents projets. Si besoin on était aussi là pour aider l’équipe, notamment Élisa (chargée de production) et Marilyne (chargée de communication) sur des missions de production ou de diffusion. Et il y avait aussi les concerts et CinéDjango, donc on enfile la casquette « bénévole » et on servait au bar, accueillait le public et préparait la salle. L’important c’était d’être comme un couteau suisse, parées à toute épreuve !
Idil : C’était une expérience vraiment pleine de découvertes, très humaine en plus d’être artistique, c’était génial ! Le volontariat m’a permis de faire de multiples rencontres, que ce soit au sein même de l’équipe, ou dans le quartier où se situe Django. Le Neuhof que je ne connaissais pas du tout d’ailleurs. Si c’était à refaire, je dis 1000 fois oui. Nous faisions aussi en sorte d’aider au maximum pour la préparation des spectacles ou encore l’installation du public, nous faisions en sorte que personne ne manque de rien pour que tout le monde passe un bon moment. Il nous arrivait également d’apporter une touche d’animation afin de chauffer la salle ! Notre présence était parfois nécessaire à certaines réunions ou événements du quartier afin de représenter Django et de faire la diffusion des outils de communication. Enfin, nous étions là quasiment à chaque événement pour accueillir les artistes, le public ainsi que les bénévoles avec qui avons travaillé tout au long de l’année ! Pour finir, nous avions quelques projets à travailler de notre côté pour apporter du nouveau à Django.
Pourquoi avoir demandé un volontariat en service civique ? Pourquoi ici ?
Cécile : Après une recherche d’apprentissage qui n’a pas été concluante je voulais principalement m’engager quelque part pour rentabiliser cette année de creux qui allait s’annoncer, et de fil en aiguille je suis tombée sur l’annonce de Django. La culture a toujours pris une part importante dans mon parcours et ma vie personnelle, ça me semblait évident d’être, à mon échelle, actrice dans ce milieu. Après un entretien sur place, j’ai croisé les doigts pour être rappelée, j’ai tout de suite eu envie de faire partie de l’aventure et de voir de près tout ce qui avait été évoqué pendant notre échange. Aucun regret pour cette année parenthèse !
Idil : J’avais commencé un master en approche politique et culturelle des arts du spectacle et il s’avérait qu’il ne me correspondait finalement pas. Surtout, après une année de stages, j’avais envie de rentrer dans le monde du travail. Faire un volontariat en service civique me semblait le plus optimal pour moi. Après avoir glané quelques renseignements, j’ai vite apprécié le projet et je n’avais plus qu’une envie : rejoindre la fine équipe de Django !
« J’ai vraiment l’impression d’avoir trouvé ma place dans cette énergie bienveillante qui est transmise par tout ce qui gravite autour de Django. »
Que vous a apporté cette expérience ?
Cécile : Sur bien des choses ce volontariat m’a apporté, autant humainement que d’un point de vue professionnel, je repars avec un bagage bien plus lourd qu’à mon arrivée ! Et une vision bien plus précise du fonctionnement d’une salle de concert, le temps passé sur place nous a vraiment permis d’échanger avec les salarié·es et de découvrir les responsabilités de chacun·e. Puis être avec une équipe au quotidien, des bénévoles pendant les événements et sur le terrain avec les gens du quartier ça nous pousse forcément dans nos retranchements, ça m’a permis de passer outre ma timidité, et de développer davantage mes compétences sociales.
Idil : Cette expérience m’a apporté beaucoup. De multiples rencontres pour commencer, et rien que ça, c’est déjà énorme. Que ce soit les habitant·es du quartier, les artistes, les enfants des écoles, l’équipe… Ils·elles apportent tous·tes de l’amour à Django et ça fait tout simplement chaud au coeur. J’ai beaucoup appris des formations ou encore des entretiens avec les un·es et les autres. Nous avions une certaine autonomie que l’on ne trouve pas forcément partout et ça m’a appris à prendre certaines décisions que je n’aurais jamais osé prendre toute seule avant. Cette expérience m’a apporté découvertes, rencontres, travail et une autre vision du monde artistique encore plus belle.
Avez-vous l’impression d’en ressortir grandies ?
Cécile : De ce fait, oui, j’ai le sentiment de repartir grandie ! Et un peu plus armé pour la suite de ma vie, en étant encore plus assurée dans qui je suis. J’ai vraiment l’impression d’avoir trouvé ma place dans cette énergie bienveillante qui est transmise par tout ce qui gravite autour de Django. Découvrir les nombreux projets que Django met en place, ça m’ouvre un champ des possibles pour créer à mon tour, peut-être, des projets fous ! Je pense qu’une année aussi riche sur le plan culturel et social ne peut que nous faire avancer en tant que personne.
Idil : Oui, absolument. Django est un endroit humain et chaleureux, j’ai su rester moi-même malgré une timidité qui peut être parfois contraignante dans la vie de tous les jours, et rien que ça, j’en ressors grandie. Voir tous ces concerts, spectacles et rencontrer tous·tes ces artistes, ça m’a aussi beaucoup motivé à reprendre la musique, chose que j’avais un peu délaissé cette année. J’ai même commencé à écrire mes propres chansons, poussée par cette motivation. L’aventure Django m’a aussi montré une chose très importante : je veux travailler coûte que coûte dans le secteur culturel. Alors oui, j’en ressors grandie, et encore plus heureuse.
Un projet, une action en particulier vous a marqué plus que les autres ?
Cécile : Difficile de s’arrêter sur un seul projet ! Un de mes moments préféré a été avec la compagnie Méli Mélodie, lors de leur intervention dans des écoles du quartier, on a abordé le sujet des fratries. Les enfants ont été super réceptifs et pour ma part c’est un des moments où j’ai créé beaucoup de lien avec les classes, c’était magique, je pense que je ne les oublierai pas de sitôt ! Il y a aussi un événement qui m’a touché en plein coeur : « Être ou ne pas être, clin d’oeil à Shakespeare ». C’était un moment riche en émotion, voir le résultat de ce projet théâtral réalisé par les résident·es de l’ARAHM c’était bluffant. J’ai suivi à plusieurs reprises leurs répétitions et jusqu’à quelques heures avant c’était difficile de savoir comment cela se passerait. La salle était remplie de joie et de fierté, à la fois sur scène et dans les gradins. C’est aussi pour ce genre de moment un peu à part que je compte bien revenir à Django ! Et mention spéciale pour la soirée Nathalie Froehlich/Akira & Le Sabbat et pour le concert caché à la Kibitzenau.
Idil : J’ai adoré tous les concerts. J’ai aussi beaucoup aimé les restitutions du spectacle « Little Lou » des élèves de CM2 de l’école Reuss, c’était impressionnant de voir le spectacle évoluer. Le concert de la Pépinière Utopique était aussi fabuleux ! Beaucoup trop d’événements fabuleux, je ne pourrais jamais tous les lister ! L’action culturelle est géniale et les gens sont magnifiques !
Et le Neuhof, ses habitant·es, son tissu associatif, qu’en avez-vous pensé ?
Cécile : Le Neuhof était un territoire complétement inconnu pour moi, arrivée à Strasbourg depuis tout juste quelques mois au début du volontariat, j’avoue ne pas avoir pris le temps d’y faire un tour avant. Il faut dire que ce quartier n’a pas forcément bonne réputation ! Et c’est bien dommage ! J’ai finalement découvert un quartier hyper dynamique sur le plan associatif, les différent·es acteur·ices ne cessent de mettre en place des projets pour faire vivre et animer le Neuhof. Les P’tits-déj des partenaires sont un des moments privilégiés où les discussions informelles fusent entre elles·eux et les projets en cours sont présentés. J’ai aussi découvert des habitant·es au grand coeur et toujours souriant·es ! Rencontrer les enfants du quartier et nouer des liens avec elles·eux c’est vraiment quelque chose d’unique. On peut vraiment sentir tout cet amour de la part du public, c’est extra. Ça donne de l’espoir, de voir que la culture c’est aussi ça, pas juste des programmations vides de sens qui ne prennent pas en compte le territoire. Ma culture en tout cas c’est celle qui se rend accessible, qui rassemble et fait sourire, et j’ai cru comprendre que c’était aussi celle de Django.
Idil : Avant Django, je ne pensais pas que le quartier du Neuhof serait aussi grand. C’est vraiment une ville dans une autre. Le tissu associatif est immense, nous avons rencontré tellement de partenaires, et tellement de gens tout simplement ! Et ses habitant·es sont très accueillant·es et donnent énormément d’amour à Django, ce qui fait super plaisir.
Qu’avez-vous en tête pour la suite ?
Cécile : La suite n’est pas complètement fixée pour le moment, j’espère trouver un artisan avec qui faire un apprentissage pour devenir ébéniste, je croise les doigts pour commencer en septembre. Sinon qui vivra verra ! Je reviendrais peut-être voir Raphaël (régisseur général) pour lui filer un coup de main en régie de temps à autre.
Idil : Pour la suite, j’aimerais intégrer le monde du travail pour de bon. Toujours dans le domaine culturel, j’aimerais travailler dans l’accueil, la billetterie ou continuer dans la voie de l’action culturelle. Qui sait, peut-être même qu’un jour, j’aurai ma propre salle.
Un message pour nos prochains volontaires ?
Cécile : Sentez-vous chanceux·ses, vous allez passer une année tellement riche. Profitez à fond de chaque moment, ça va passer très vite. Et puis en bonus, si tu aimes le babyfoot tu vas vite te sentir au bon endroit !
Idil : Soyez vous-même et on vous accueillera à bras ouvert ! Ce volontariat à Django est une expérience unique et fabuleuse, et surtout remplis de rencontres en tout genre. L’aventure est remplie d’amour, de découvertes, de projets, de musique, de spectacle et d’émotions ! Je ne peux que recommander. Vive Django !!